Lise H, exploratrice, nous propose une critique enthousiaste d'Une constellation de phénomènes vitaux d'Anthony Marra.
Une constellation de phénomènes vitaux est le premier roman d'Anthony Marra, et autant le dire tout de suite, il s'agit d'un premier roman magistral.
En Tchétchénie au milieu des années 2000, les vies de Havaa, Akhmed et Sonja se croisent dans les turbulences du conflit ethnique qui marque l'histoire récente de cette région.
L'accès à la grande Histoire par le truchement des histoires individuelles n'est, somme toute, pas particulièrement original, mais les récits et les points de vue sont alternés avec maestria. Le roman joue en permanence sur la corde sensible en réussissant l'exploit de ne pas tomber dans le pathos. Tout en demi-teintes, en nuances de gris, il évite le manichéisme facile. La seule véritable victime y est l'enfant, symbole de l'avenir qui s'offre à qui se révèle à la fois intelligent et innocent, curieux et philosophe.
Les adultes, quant à eux, subissent, certes, le conflit armé, mais font aussi des choix qu'ils assument avec une bonne volonté variable. Sans être psychologisant, le récit intègre la complexité des êtres. Les personnages ont de l'épaisseur, et fondent la grande puissance émotionnelle du roman.
L'histoire dans l'Histoire, l'individu dans l'Homme, une recette bien connue, mais agrémentée ici d'une saveur particulière, celle que lui confère le brio avec lequel elle est réalisée.
