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La chronique de Jean-François Simmarano, explorateur, pour Le Fils de Philipp Meyer

La chronique de Jean-François Simmarano, explorateur, pour Le Fils  de Philipp Meyer

En tête du palmarès des Explorateurs de la rentrée littéraire, le roman de Philipp Meyer, Le fils,  est un roman très remarqué. En lice pour le Prix Fémina, découvrez la chronique pertienente de Jean-François Simmarano, Explorateur de cette seconde édition.

 

L’année 2013 nous a offert le grand livre européen que nous n’attendions plus avec l’extraordinaire Confiteor de Jaume Cabre. Peu de lecteurs pensaient revivre une aventure littéraire de cette puissance dans cette même année, la foudre ne frappant jamais deux fois au même endroit. L’américain Philipp Meyer vient surprendre tous ceux qui se croyaient aux abris des grandes émotions littéraires avec son superbe roman « Le fils ». Sept cent pages d’Amérique à travers trois générations d’une famille texane de la fin du dix-neuvième à nos jours.

Prenant à contre pieds tous les amateurs de sagas conventionnelles, Philipp Meyer nous projette immédiatement dans ce qui l’intéresse au premier chef, c’est-à-dire sur quelles bases se sont construits les Etats unis d’Amérique. Obsession largement creusée et développée par le cinéma américain avec John Ford, Sam Peckinpah et Michael Cimino notamment, dont le roman appelle régulièrement les images de violence et de grands espaces.

L’Amérique  ne s’est pas construite uniquement sur des bons sentiments et des idéaux d’humanisme et de liberté. L’idée n’est pas nouvelle mais Philipp Meyer la développe avec une habileté tout à fait remarquable. Il nous projette à espaces réguliers dans le vécu de trois personnages, père, fils et arrière-petite-fille, dévoilant toutes leurs contradictions. Celles qui feront d’eux des Américains. Pour cela, il n’hésite pas dans un style de narration extrêmement brillant à aborder les thèmes qui sont les fondamentaux de la naissance de cette nation : La fin justifie les moyens, même s’il s’agit de violence, d’extermination, de cupidité…Mais comme s’il ne voulait pas se poser en censeur ou juge de son histoire, Philipp Meyer ne sombre à aucun moment dans un manichéisme angélique qui pourrait faire penser que les Indiens vaudraient mieux que les Mexicains et qu’eux même auraient plus de morale que les blancs. Personne n’est épargné dans ce roman. Chacun emporte sa part de responsabilité, de souffrance, de culpabilité et enfin sa part d’Amérique qu’il a contribué à bâtir.

Les portraits d’hommes et de femmes sont magnifiques, dignes de Jim Harrison et Thomas Mc Guane. Quant à la nature, elle est omniprésente, un peu comme si elle était à jamais le personnage principal de cette histoire passionnante, avec ses bisons, ses serpents, ses rivières et ses hommes qui composent avec elle sans malheureusement jamais douter de son éternité. De la vie quotidienne des Comanches aux derricks qui transformeront définitivement le Texas, le souffle et la puissance du récit ne faiblissent jamais, passant du drame le plus absolu à l’humour le plus inattendu. « Le fils » est un grand roman sur l’Amérique. Non pas un de plus mais un de ceux qui vont compter.

 

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