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La chronique #13 du Club des Explorateurs : "La Part des flammes" de Gaëlle Nohant

La chronique #13 du Club des Explorateurs : "La Part des flammes" de Gaëlle Nohant

Lancé en janvier 2015, le Club des Explorateurs permet chaque semaine à deux lecteurs de lire en avant-première un même titre que nous avons sélectionné pour eux et de confronter ainsi leur point de vue.

Cette semaine, Christelle a choisi Ludivine pour partager sa lecture et son avis sur le livre La Part des flammes de Gaëlle Nohant (Héloïse d'Ormesson).

 

L'avis de Christelle

La Part des flammes nous fait suivre le destin de trois femmes de l’aristocratie parisienne.

La Comtesse Violaine de Raezal, considérée comme « infréquentable » par le Tout-Paris bien-pensant. Elle a en effet un secret qu’elle pensait bien gardé mais les indiscrétions sont légion. Très belle et veuve depuis peu, méprisée par ses beaux-enfants, elle cherche, en devenant dame patronnesse, à être acceptée par ceux de son « milieu » et ainsi tenir une promesse faite sur son lit de mort à son mari qui redoutait de la savoir seule.

Constance d’Estingel, mise en pension chez les sœurs Dominicaines dès son plus jeune âge, est déchirée entre son amour pour Laszlo de Nerval, un jeune aristocrate français qui fustige les us et coutumes de la noblesse au profit des idées de la République dont il se revendique, et l’emprise de la Mère supérieure du couvent où elle a été élevée, qui voudrait qu’elle se consacre à Dieu.

La Duchesse d’Alençon, charismatique, princesse de Bavière et épouse d’un héritier de la famille d’Orléans, cache elle aussi un secret, et enfouit sa douleur dans la religion et le dévouement aux plus démunis.

En mai 1897 doit avoir lieu le « Bazar de la charité ». Il est tenue par les dames patronnesses de l’aristocratie, c’est un privilège que d’être vue derrière l’un de ses comptoirs. La duchesse d’Alençon, toujours prête à tendre la main, s’est accompagnée de la Comtesse de Raezal et de Melle d’Estingel pour tenir le comptoir N°4. Au deuxième jour de la fête, un gigantesque incendie se déclare. On compte par centaines les morts et les blessés. Pour les survivantes, il sera difficile de réapprendre à vivre.

Je n’aurais pas été de moi-même vers cette lecture. Bien qu’éclectiques, mes goûts vont plutôt vers le thriller et le fantastique. J’ai donc fait une très jolie découverte. L’histoire et l’écriture m’ont beaucoup plu. Le mélange histoire et fiction est très réussi (en effet l’incendie du bazar de la charité le 4 mai 1897 est un fait d’histoire, ainsi que la mort dans les flammes de la Duchesse d’Alençon, qui était la petite sœur de l’impératrice Sissi). C’est également une belle approche de cette période de transition, à l’aube du XXème siècle, où République (sous la présidence de Félix Faure) et anciens privilèges dus à la monarchie cohabitent encore. J’ai été touchée par la description de la condition féminine dans l’aristocratie, regardée, admirée, enviée mais pour certaines, tellement bête ou malheureuse, quand on pouvait se retrouver mariée comme d’autres concluent une vente, par intérêt… Le simple fait de chercher leur indépendance ou de vouloir quitter leur mari risquait de les faire interner et droguer au chloral. Bref, La Part des flammes est une très belle histoire, avec des personnages attachants, qui, entre manigances, duel, enlèvement, amour contrarié, nous mènent avec plaisir et sans ennui page après page.

Christelle Garnier

 

L'avis de Ludivine

Christelle, une amie lectrice, m’a choisi comme binôme pour « Le Club des Explorateurs », je ne savais donc pas ce que j’allais recevoir comme livre. Ma surprise fût totale quand j’ai ouvert le colis. En effet, ce n’est pas mon genre livresque de prédilection. Je me suis donc laissée embarquer par l’auteure dans cette aventure sans vraiment savoir ce qu’il allait en résulter. Et comment dire...

Je pense tout simplement que je ne pourrais jamais assez remercier tout ce beau monde pour ce joli cadeau. En effet, ce roman de Gaëlle Nohant est devenu un vrai coup de cœur au fil des pages. J’ai aimé me perdre dans les vies tortueuses des différents personnages, découvrir leurs petits secrets et leurs grandes vérités, voir que les femmes sont de redoutables garces parfois. Mais surtout, ce livre réussit à nous faire de nouveau croire en la nature humaine, tellement il s’y passe de merveilleuses choses.

Je ne connaissais pas l’auteure jusqu’à ce jour, mais je compte me procurer assez vite son premier roman tant sa plume m’a enchantée. J’ai retrouvé un peu cette plume et ce côté histoire dans l’Histoire que j’avais aimé dans « Rose » de Tatiana de Rosnay. Les références livresques y sont légion et je ne peux donc que féliciter l’auteure pour cet énorme travail de fourmi littéraire. J’ai aimé aussi les réflexions sur l’écrivain, l’écriture et la lecture distillées dans le roman. Tout cela rendant son roman encore plus percutant.

Pour revenir à l’histoire en elle-même, l’auteure nous embarque dans son récit via un narrateur omniscient qui suit au fil des chapitres différents personnages qui serviront l’intrigue. Allant de la Marquise de Fontenilles, grande bourgeoise qui tient la réputation du Tout-Paris entre ses griffes acérées à Constance d’Estingel, jeune bourgeoise un peu candide se laissant influencer à plusieurs reprises par sa famille ou sa religion dont on suivra l’évolution du début à la fin du roman.

Les personnages parfois attachants, parfois horripilants m’ont mené par le bout du nez sur un aspect du livre que j’aurais aimé différent. Je m’explique : lors de l’incendie du Bazar de la Charité, plusieurs personnages meurent ou disparaissent. On en vient à fantasmer sur ces personnages, car l’auteure a cette capacité à laisser planer le mystère concernant quelques-uns de ces personnages dont elle use et abuse. J’aime notamment la plume de Mr Lazlo de Nérac, grand bourgeois critique acerbe de la société et grand rêveur, sur ce point.
Il m’a fait rire, pleurer et rêver et à travers lui, c’est l’auteure de ce roman qu’il faut féliciter, car il est rare de tomber sur un livre qui nous percute autant alors que dans le commerce, je ne me serais même pas retournée dessus.

Je ne sais si cet aspect du livre est de mon fait ou si l’auteure a voulu volontairement nous perdre dans ces morts et disparitions. Est-ce ma vision de la vie et mon côté positif qui espère toujours que le monde sera un peu plus rose au final ? Est-ce le talent de l’auteure qui permet cela ? J’avoue que si je devais rencontrer Gaëlle Nohant un jour, c’est cela que je lui poserais comme question principale, car cet aspect du livre me perturbe depuis la fin de ma lecture. Face à cela, mon seul bémol est que, par la force des choses, j’aurais adoré un autre épilogue. Celui-ci est très bien, mais j’avais l’espoir d’un autre.

En conclusion, ne vous focalisez pas sur le résumé. Ce livre est tellement plus qu’un récit des faits survenus au Bazar de la Charité en 1897, c’est un hymne à l’humanité, à cette force qui nous permet de nous relever face aux pires atrocités. Et au-delà de cela, c’est une ode à la littérature, aux écrivains et à la force des mots.

Ludivine Wilcz

 

Merci à Christelle et Ludivine pour ces chroniques passionnantes !

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