
Otto et Alexandre sont deux intellectuels idéalistes qui ont décidé d’œuvrer pour leurs contemporains en ouvrant une société de voyages culturels. Très hermétique, mal comprise, l’entreprise périclite.
Ce livre est éligible au Prix Orange du Livre 2013.
Leur comptable ne leur donne pas le choix : il faut laisser tomber des circuits comme « le Théâtre des bons engins » qui attire fatalement des agriculteurs en mal de salon parisien plutôt que les amateurs du poète La Perrière, et faire grand public pour renflouer des caisses exsangues. Et c’est sur le thème de l’amitié franco-allemande à travers l’histoire, dont le point d’orgue sera incongrûment la visite du village de Bergues sur les traces du film Bienvenue chez les Ch’tis, qu’ils embarquent une fournée de retraités de Saint-Jean de Luz.
Le car ne tarde pas à dévier de son programme pour une série de péripéties qui rappellent rapidement Et puis, Paulette... de Barbara Constantine pour l’ambiance et les livres de PG Wodehouse pour la causticité. Jean-Claude Lalumière réinvente un Bouvard et Pécuchet moderne, satire d’une jeunesse pédante face au bon sens patiné de la vieillesse. Quiproquos amoureux, grèves surprise, et fiascos en tous genres sont rattrapés par une fin inespérée. La langue est parfois un peu lâchée et la confrontation entre deux générations assez prévisible. Mais ce roman, l’un des rares un peu enlevés de cette rentrée d’hiver 2013, est drôle, bien troussé et le texte, généreux.
Qui est Jean-Claude Lalumière ?
Il a commencé par travailler dans le champignon pendant ses études en fac d’anglais, avant d’entrer en littérature par PG Wodehouse.
Après avoir écrit des fictions pour les Ateliers de création radiophonique de Radio France, il est aujourd’hui fonctionnaire au Musée d’Orsay où il est chargé du développement des publics.
La Campagne de France (ed Le Dilettante) est son deuxième roman et le deuxième pan du diptyque entamé en 2010 avec Le Front russe, qui prenait pour thème la désillusion au travail.
Karine Papillaud
La Campagne de France, de Jean-Claude Lalumière (ed. Le Dilettante)
Photo : © le dilettante