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"J’espère continuer cette lente, patiente et jalouse pratique des mots" Miguel Bonnefoy

Quand Miguel Bonnefoy répond aux questions des lecteurs pour "Sucre noir", paru chez Rivages

"J’espère continuer cette lente, patiente et jalouse pratique des mots" Miguel Bonnefoy

Son premier roman, Le voyage d'Octavio manquait de peu le Goncourt du Premier roman en 2015. Son troisième, Sucre noir (Rivages), fait beaucoup parler de lui en cette rentrée et prend largement le pas sur le charme et la gentillesse pour lesquels on connaît aussi l’écrivain franco-vénézuélien, Miguel Bonnefoy. Son talent, irréfragable, annonce déjà un parcours littéraire impressionnant. Les explorateurs de la rentrée littéraire 2017 ont aimé son roman et exprimé leur enthousiasme dans leurs chroniques. Miguel Bonnefoy répond à leurs questions.

 

D'où vous est venu cette histoire ? Êtes-vous, comme vos personnages, passionné par les pirates et leurs trésors perdus ? 

Je suis un lecteur de romans de piraterie, mais aussi d’essais sur les corsaires, les flibustiers, les « gueux de mer » et les frères de la côte. L’histoire de Sucre Noir est venue, en partie, des lectures de Gilles Lapouge, des frères Poivre D’Arvor, de Daniel Defoe et, sans doute aussi, de la fascination pour la figure de Henry Morgan, pirate britannique dont la vie est un roman. Cependant, on ne peut séparer l’imaginaire des pirates et celui des trésors perdus. Je me suis donc renseigné et j’ai lu, comme Severo Bracamonte, des livres sur la chasse au trésor, que ce soit l’or de Benito Bonito au large de Costa Rica, la rançon d’Atahualpa au Pérou, les coffres de Francis Drake dans l’anse de Maracaibo, me permettant ainsi de rassembler tous les éléments nécessaires à la constitution de ma structure narrative.

 

Qu'est-ce qui a déclenché l'écriture de "Sucre noir" ?

J’ai rencontré un spécialiste en spiritueux qui, lorsqu’il parlait de rhum, utilisait un langage plus proche de la poésie que de l’alcool. Un éventail de mots comme « part des anges », « mélasse », « vieux cuir », « ambre », « porosité du chêne », « miel », « cannelle et girofle », « ananas », « mangue sèche ». J’ai voulu alors qu’un de mes livres, un jour, ressemble à une bouteille de rhum, enfermant dans ses pages la même couleur et le même parfum. Je suis parti au Venezuela, à la Victoria, dans l’état Aragua, pour étudier la ferme-distillerie Santa Teresa avec le maître rhumier Nestor Ortega. Il m’a montré la fabrication du rhum depuis la canne coupée jusqu’au verre servi, avec un trait de citron de vert. J’ai pris des notes dans un moleskine et, à mon retour en France, je me suis enfermé pendant deux mois à la Villa Marguerite Yourcenar pour développer mes scènes et caractériser mes personnages.

 

En lisant "Sucre noir" je n'ai pu m'empêcher de penser à "Cent ans de solitude". Est-ce une référence, une parenté ou une source d'inspiration ?

Oui, Garcia Marquez est une source d’inspiration principale. Il y a d’ailleurs, dans le texte, des clins d’œil qui permettent de le souligner. Tout écrivain commence à écrire par mimétisme, après avoir été frappé par une lecture, après avoir découvert les ruses d’un autre écrivain et s’être surpris d’y voir les coutures, après avoir décidé de tenter soi-même l’aventure à l’aune d’un grand texte. « Cien años » est un chef-d’œuvre et je me place dans la lignée mondiale de générations entières, séduites par les Buendia, qui ont été contaminés par le virus de l’écriture à leur contact. Aujourd’hui, j’espère continuer cette lente, patiente et jalouse pratique des mots, jusqu’à me séparer peu à peu de l’ombre sublime du grand maître, et avancer à tâtons, à l’aveugle, dans un sentier que j’aurai moi-même tracé.

 

Avec les questions de Sophie Gauthier et Léane Belaqua

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