
Oui, ce n’est pas une fiction classique, mais un projet délibérément orienté vers le Web. Les acteurs ne sont pas des pros, nous avons tourné en milieu naturel, avec de « vrais » gens dans la « vraie » vie. La première chose, c’était de concevoir une base d’histoire qui soit proche d’eux, sur laquelle on puisse s’appuyer pour naviguer et faire un maximum d’improvisation. Nous nous sommes servis de cela pour la narration propre au Web.
Ici, nous fonctionnons de manière « mosaïcale ». Les internautes rentrent sur le site par différentes portes. Il est possible de suivre l’histoire en mode linéaire, mais on peut aussi rentrer par les personnages, ou à partir d’un point de vue géographique. L’important, c’est que l’histoire soit facilement compréhensible sur quatre ou cinq modules.
Oui, ils possèdent des comptes Facebook et Twitter, ils achètent des choses sur eBay. On a crédibilisé la fiction en la rendant vraie virtuellement. Si on regarde l’enquête, où il y a une histoire de roquette, on constate par exemple qu’une roquette a été achetée sur eBay.
Aucune, puisqu’il n’y a pas vraiment de modèle comparable. Nous nous sommes rendus dans plusieurs festivals, il y avait très peu de fictions en ligne. Les gens qui sont confrontés à la narration dédiée au Web le font d’ordinaire plutôt sous forme de documentaires. Tout reste à faire. Nous n’avons fait que défricher des pistes.
On peut encore complexifier les liens. Le mode de consommation change. On passe facilement d’un support à l’autre pour une même histoire. Aujourd’hui, nous sommes au balbutiement de cette appréhension des images et des histoires.
J’ai conçu mon dernier roman, Cantique de la racaille Opus 2, pour qu’il soit lu sur un iPhone. Il a été écrit sous forme de paragraphes, avec un titre à chaque fois. Ce sont des mini-chapitres à l’intérieur des chapitres, de manière à ce que cela puisse être lu facilement sur une tablette ou un smartphone, dans les transports en commun. Le style doit s’intégrer à une lecture urbaine, quelque chose de rapide, qui bouge au même rythme que la ville. Addicts est aussi conçu ainsi.
Oui, évidemment, en tout cas, pour ma part. Si un écran de cinéma se révèle relativement neutre, la forme Web elle-même raconte quelque chose.