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Interview de Vincent Hein, invité en 2010 au festival Etonnants voyageurs

Interview de Vincent Hein, invité en 2010 au festival Etonnants voyageurs

 

Vincent Hein vit à Pékin et fût invité l'an dernier au Festival Etonnants voyageurs lors de la parution de son premier ouvrage, A l'est des nuages : Carnets de Chine (Denoël), très bien accueilli par la critique lors de sa sortie.
Il nous parle de son livre.

 

 

 

 

 

(Photo©Raphael Fournier)

Extrait : "Oubliez brochures touristiques et propagande officielle - et c'est peut-être cela, justement, la littérature de voyage... Dans cet envers du décor, Vincent Hein sait restituer les vies minuscules de ce peuple toujours en mouvement - "sourire cheyenne" d'une aubergiste de Lhassa ou tricycle chargé d'une "montagne de linge, avec au sommet une vieille femme allongée sur le ventre, dont les bras et les jambes font office de tendeurs"..."(L'Express 17/12/2009)

 

A l'est des nuages : carnets de Chine est votre premier ouvrage. Vous étiez invité au Festival Etonnants voyageurs en 2010, quelle impression en avez-vous gardé ? 
J’étais très fier et impatient de participer au Festival des Etonnants , car j’avais lu, il y a longtemps, un texte de Nicolas Bouvier qui en disait le plus grand bien. Une fois sur place, j’ai trouvé que le festival avait perdu cet esprit « coureur de vent » qui faisait son charme et était devenu aujourd’hui, à mon goût, un peu trop « coude posé sur le marbre de la cheminée ».

Du coup, sinon le plaisir de bavarder avec les lecteurs et celui de rencontrer, puis de devenir ami avec Patrick Boman – qui est à mon sens l’un des plus grands écrivains voyageur de notre temps -, pour tout dire je m’y suis ennuyé. A tel point que je serai parti, si par hasard, le deuxième soir, au détour d’une ruelle de la ville fortifiée je n’avais croisé Sébastien Lapaque – un autre « essentiel » !

Il m’a embarqué à Cancale, en compagnie d’une bande de joyeux bringueurs, ou nous avons passé une partie de la nuit à boire des poirés merveilleux et des vins inoubliables en se racontant des bêtises sous la lune et face à la Manche, qui promettait des voyages à venir. J’en garde un souvenir impérissable et drôle…


Comment avez-vous construit ce carnet ? Et pourquoi ce titre, A l’est des nuages?
J’ai simplement écrit. Presque chaque jour en fonction de ce que je voyais, vivais et ressentais. 
Les nuages, c’est l’Europe, c’est la France. A Paris on sait en faire de si réussi, que même les toits zingués des immeubles cherchent à leurs ressembler. Mais ce titre c’est Philippe Garnier, mon éditeur, qui l’a trouvé.

Moi, en hommage au poète et peintre Wang Wei, et parce qu’en Asie du nord, les ciels sont lapis-lazuli, j’avais choisi Les Saisons bleues. Il m’a convaincu d’en changer. Il a eu raison. Le mien, il est vrai, faisait un brin « Quinzaine du blanc aux Galeries Lafayette ».


Sans connaître forcément la Chine, le lecteur ressent une véritable proximité grâce à votre approche très réaliste. Quelle nuance faites-vous entre la volonté de témoigner et la façon très personnelle d’appréhender les choses ? 
Je crois que si le lecteur ressent de la proximité, c’est parce que j’ai essayé de dire, que voyager, comme l’écrivait Huxley c’est d’abord s’apercevoir que tout le monde a tort. Voyager, vivre ailleurs, c’est découvrir que là-bas, très loin, vit un homme si pareillement imparfait qu’il pourrait être notre siamois.

Quelle nuance ? Je ne sais pas. Je ne cherche pas à expliquer, j’essaie de raconter ce que je vois et du mieux que je peux. C’est tout.


L’humour et la dérision semblent en tout cas constituer l’essence de votre style. Est-ce une volonté de ton pour cet ouvrage ? Est-ce l’attitude à adopter pour découvrir la Chine ?
Ce n’est pas moi qui ai de l’humour, c’est la vie - même si parfois elle est franchement garce… Et puis les Chinois, qui contrairement à ce que l’on pourrait penser, sont assez potache, aiment rire, se moquer des autres et d’eux même. 
Il n’y a pas de méthode, sinon peut être comme partout ailleurs, s’assoir sur un coin de trottoir et regarder comment fonctionne ce joyeux fatras. 


Votre prochain livre sera un carnet de voyage ou allez-vous vous essayer à un autre genre littéraire? 
Oui, c’est le récit d’une année de voyage en Asie. Pékin, Mutianyu, Pingyao, Canton, Hong-Kong, Séoul, Kyoto… Un autre genre littéraire ? Vous voulez parler du roman ? J’ai essayé, mais je ne suis pas bon… J’ai abandonné. L’imaginaire me plait, mais il m’embarrasse.


Propos reccueillis par Hassina MIMOUNE


A l'est de nuages : carnets de Chine, Vincent Hein, Denoël, 2009

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