
Marie-Rose Guarniéri est la responsable de la librairie des Abbesses, dans le 18e arrondissement de Paris.
Elle nous présente ses coups de cœur de la rentrée de janvier.
D’abord, parlez-nous de votre librairie.
Je l’ai fondée il y a treize ans. C’est une librairie générale, qui essaye de défendre une certaine idée du livre et du métier. Nous faisons un travail de recherche et d’accueil, qui fait la part belle aux livres inclassables et inattendus. Nous voulons éveiller, donner envie de lire, pour sortir des 10 meilleures ventes qui sclérosent le lectorat.
C’est une librairie de quartier…
Oui, nous nous inscrivons dans l’histoire de la Butte de Montmartre, qui a vu passer Vian, Prévert ou Céline. Des gens à part vis-à-vis de l’establishment. Nous croyons, avec mes collègues, que l’indépendance et l’engagement sont des conditions pour défendre la délicatesse et la subtilité de la langue.
Quelle importance accordez-vous à la rentrée de janvier ?
Vous savez, nous sommes libraires 365 jours par an. En début d’année, je vais proposer des vitrines thématiques sur le street art, où je mettrai en avant les artistes Banksy et JR. Je vais aussi pousser l’Anthologie de la poésie amoureuse française, de Jean-Paul Goujon (Fayard). Nous invitons également des auteurs à venir dédicacer leurs livres, comme le psychanalyste Miguel de Azambuja, avec son essai Et puis, un jour, nous perdrons pied (Gallimard).
Quels sont les romans que vous allez conseiller à vos clients ?
Je recommande Tout bouge autour de moi, de Dany Laferrière (Grasset, lauréat du prix Médicis 2009), un livre autour du séisme de janvier dernier en Haïti. Dans sa langue spectaculaire, il témoigne sans pathos et sans lyrisme de ce qui s’est passé, de l’épreuve qu’a traversée ce pays. C’est fulgurant.
D’autres recommandations ?
J’aime beaucoup Bruno Bayen, qui est romancier, mais aussi auteur dramatique et metteur en scène de théâtre. Il publie Fugue et rendez-vous (Christian Bourgois), un roman initiatique sur l’enfance et adolescence, tout en sensibilité. Et j’attends vraiment avec impatience le livre de Mathieu Lindon sur Michel Foucault, Ce qu’aimer veut dire (P.O.L.).
Et en littérature étrangère ?
L’oubli que nous serons, du Colombien Hector Abad (Gallimard). (NDLR : Mario Vargas Llosa dit de ce livre qu’il est « l’un des plaidoyers les plus éloquents jamais écrits contre la terreur comme instrument d’action politique. ») C’est un auteur dont on ne parle pas beaucoup en France, mais qui gagne à être connu.
Librairie des Abbesses, 30, rue Yvonne-Le-Tac 75018 Paris