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Interview de Julia Deck à propos de son premier roman "Viviane Elisabeth Fauville"

Plébiscité par la critique

Interview de Julia Deck à propos de son premier roman "Viviane Elisabeth Fauville"

 

Plébiscité par la presse, ce premier roman émergeant du flot innombrable d'ouvrages qui paraissent en cette rentrée littéraire a visiblement  interpellé plus d'un critique souvent blasé. C'est dire l'intérêt de cet ouvrage choisi par Les Editions de Minuit, qui, de plus, publient peu de premiers romans. Il était donc incontournable de rencontrer cette auteure exigeante pour en savoir plus sur le personnage atypique qu'est "Viviane Elisabeth Fauville".

 
 
 
photo© Hélène Bamberger
 
 
 
 
C’est votre premier roman publié, comment l’avez-vous imaginé ?
C'est la conjonction de plusieurs idées à la fois. D'abord, j'avais envie depuis longtemps de travailler sur une histoire de crime impuni, où une femme assassinerait un homme sans trop savoir pourquoi et finirait par s'en tirer parce que, à son grand étonnement, elle n'a pas laissé suffisamment d'indices derrière elle pour que la police ait l'idée de l'arrêter. Ensuite, j'avais écrit un premier roman (qui n'a pas été publié), où le personnage principal – une jeune femme – se rendait chez un psychanalyste, avec succès semblait-il. Je n'avais pas envie d'abandonner complètement ce personnage, et je me suis demandé ce qu'elle avait pu devenir quelques années plus tard. C'est elle qui a servi de silhouette à Viviane Elisabeth Fauville, et celle-ci a ensuite évolué au fur et à mesure que je construisais le roman.
 
Empreint d’introspection, de drame et de suspense, comment le définissez-vous ?
J'aimerais bien dire que c'est un polar psychanalytique, mais je ne suis pas sûre que cette catégorie existe... En fait, je me suis retrouvée à construire une intrigue policière sans en avoir eu vraiment l'intention, parce qu'il m'a semblé que c'était la meilleure façon d'entraîner le lecteur d'un point à un autre. J'ai donc joué sur les codes du genre, avec la scène de l'assassinat, de la fuite, les interrogatoires, les histoires d'alibi, la liste des suspects... mais c'était plutôt un moyen qu'une fin en soi. D'autant que la résolution de l'intrigue n'est pas, à mon avis, la question centrale, qui tourne plutôt autour de la folie du personnage.
 
La psychanalyse tient un rôle bien présent. Préciser que le couteau était un cadeau de mariage est un trait d’humour noir ? Une symbolique ?
Là aussi, j'ai eu envie de jouer avec des codes que l'on voit se répandre un peu partout, parfois à tort et à travers, sur le complexe oedipien, le meurtre du père, de la mère... et je me suis dit bon, pourquoi ne pas tuer le psychanalyste, tant qu'à faire ? Ensuite, quitte à y aller franchement, j'ai choisi le couteau de cuisine, ce qui me semblait assez énorme. L'enjeu, après cela, était de rendre l'affaire crédible.
 
D’autre part, les détails des trajets représentent un véritable jeu de piste parisien. Servent-il à structurer le livre ou la psychologie du personnage ?
Les deux ! D'abord, j'attache un soin presque maniaque à la description des lieux. C'est à cette condition seulement que je m'autorise à inventer une histoire : il faut que le cadre existe, que le lecteur puisse, à la limite, vérifier tous les éléments concrets que je lui propose. Il se trouve que le roman se déroule à Paris parce que c'est ici que j'habite et que c'était plus simple pour effectuer les repérages, mais il aurait très bien pu se passer dans une autre ville. Par ailleurs, il m'a semblé intéressant de travailler les éléments de décor en contrepoint de la folie qui gagne peu à peu le personnage. Plus elle sent la réalité lui échapper, plus elle se rattache à des repères spatio-temporels objectifs, situables, chiffrables. En réalité, mon personnage et moi, nous présentons sans doute un peu les mêmes symptômes...
 
 
Propos reccueillis par Hassina MIMOUNE
 
 
Viviane Elisabeth Fauville, Julia Deck, Les Editions de Minuit, (2012)

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