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"Forêt obscure" de Nicole Krauss : stimulant ou frustrant ?

Le nouvel opus de la romancière américaine divise nos lecteurs

"Forêt obscure" de Nicole Krauss : stimulant ou frustrant ?

Forêt obscure est le troisième roman de Nicole Krauss (ed. de l’Olivier, traduction Paule Guivarch), en lice pour le Prix Femina étranger 2018. On se souvient de son sublime Histoire de l’amour (Gallimard), qui la faisait connaître en France en 2005, dans la traduction de l’excellent et regretté Bernard Hoepffner avec Catherine Goffaux, et qui a été adapté au cinéma en 2016 par Radu Mihaileanu.

Ce roman, lu par les explorateurs, est plus qu’une histoire, un essai sur la vie et le roman, un roman des métamorphoses dans lequel Kafka devient un personnage. Une lecture exigeante et particulière dans laquelle tous ne sont pas entrés. Marie-Laure Vanier et Francine Lair nous donnent leur analyse du livre.

 

Une réussite : Marie-Laure Vanier

C'est une œuvre exigeante que nous propose Nicole Krauss, un texte nourri de philosophie, de métaphysique, de théologie et qui s'intéresse aussi à la création littéraire.

En effet, dans son dernier roman, elle met en scène deux personnages que l'on va suivre et qui ont comme point commun d'arriver à un tournant de leur vie, à un moment où ils ressentent la nécessité de tout remettre en cause. Dévorés par le doute et le sentiment de ne pas avoir suivi le bon chemin sur la route de l'existence, ils vont vivre chacun à leur manière une espèce de basculement, un nouveau départ qui revêt la forme d'une quête : quitter une petite vie bien organisée pour se lancer ailleurs dans une espèce de chaos dont ils sortiront peut-être autres, en tout cas réinventés. C'est risqué, très risqué même, mais les personnages de Nicole Krauss osent. C'est leur caractéristique et c'est aussi ce qui permet… le roman !

Pour Jules Epstein, un richissime avocat juif new-yorkais qui a brillé toute sa vie durant, la « transformation » (transfiguration?) va tout d'abord consister à donner une grande partie des ses biens et de son argent, pour se tourner vers plus de spiritualité.

Pour ce retour en lui-même, il lui faut impérativement retourner vers les lieux qui l'ont vu naître, en Israël. Il va séjourner à l'hôtel Hilton de Tel-Aviv, où Nicole, une écrivaine juive américaine à succès, va également résider. Elle aussi est en pleine crise : son couple va mal et s'ajoute à cela le sentiment étrange d'être double, celui d’être une mère aimante mais engluée dans sa vie de famille, et une écrivaine à la recherche de l'inspiration. Souhaitant écrire sur cet hôtel de Tel-Aviv où elle passait ses vacances, enfant, elle part en Israël elle aussi.

Le voyage des deux protagonistes ainsi que les rencontres qu'ils feront les conduiront à se remettre en question : Epstein s'interrogera par exemple sur les liens qu'il a créés avec sa femme et ses enfants, sur le sens de sa vie et sur Dieu. Quant à Nicole, il lui faut accomplir une mission qu’un universitaire lui a confiée,  retravailler une biographie de Kafka. Tous deux, contrairement à Joseph K. dans Le Procès - qui demeure assis devant la porte de la Loi sans jamais oser pénétrer dans la pièce alors qu'il se devait de le faire - franchiront les limites, accompliront leur destin et pénétreront dans la forêt obscure de leur être et du monde afin d'y trouver une forme de liberté, de vérité et de repos (for rest...). Peut-être  qu'Epstein et Nicole avaient « une prédisposition à l'espoir et au désir ardent » dont Joseph K. (Kafka) était dépourvu.

Forêt obscure est un roman complexe dans lequel les références aux textes et aux rites juifs, les analyses et interprétations des livres sacrés, les réflexions sur le sens de la vie, la notion de destin à accomplir sont autant d'interrogations qui invitent à de multiples interprétations.

Une lecture passionnante et intellectuellement stimulante !

 

Rendez-vous manqué : Francine Lair

J’ai finalement été un peu déçue par la suite du roman, après avoir été très accrochée par les cent premières pages. Nous suivons en alternance les deux personnages principaux, l’avocat Jules Epstein et la romancière Nicole (qui n’a pas de nom de famille mais porte le même prénom que l’auteure!) et je pensais que les deux histoires allaient se rejoindre. Et bien que se trouvant dans la même ville, Tel-Aviv, à des moments semble-t-il similaires, les deux « héros » ne se rencontrent jamais. Certains peuvent penser qu’ils se croisent mais rien n’est sûr dans ce roman ...

Ils poursuivent chacun un « rêve » que je n’ai pas vraiment réussi à comprendre et qui m’a laissée sur ma faim. On parle beaucoup de Kafka et de culture juive dans ce roman très ancré sur le mode de vie en Israël de nos jours ainsi que sur la judaïté. Et je me suis un peu perdue dans les rues de Tel-Aviv et dans le désert où les héros de l’histoire cherchent des réponses au sens de leurs vies.

Ce qui m’a un peu gênée tout au long de ma lecture surtout dans la deuxième moitié du roman, c’est ce flou entre réalité et rêve que l’on perçoit sans toutefois en saisir la portée. Le roman se lit facilement, mais je n’ai pas réussi à comprendre où voulait m’emmener l’auteure ni son message s’il y en a un…

 

Une sélection de Karine Papillaud

 

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Commentaires (1)

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