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Famille modèle d’Eric Puchner

A rebours du Cosby show

Famille modèle d’Eric Puchner

Pour un coup d’essai, c’est une réussite. Avant d’écrire ce premier roman, Famille modèle (Albin Michel), Eric Puchner avait publié un recueil de nouvelles, La musique des autres, qui s’était plutôt joliment distingué aux Etats-Unis.

 

 

 

 

 

 

Dans son roman, il reprend les thèmes qui caractérisent déjà puissamment sa langue : le désenchantement de l’homme face au réel, la difficulté de vivre dans une société moderne, qu’il met en scène sans grandiloquence, mais en donnant à voir chacune des facettes de ses personnages, comme en les tournant légèrement sur leur axe. Pas d’optimisme ou de confiance souriante chez ce jeune auteur américain de 37 ans. Mais un regard qui raconte mieux que l’actualité les errances du rêve américain en ce début du XXIe siècle.

Tout commence en 1985. Warren est un agent immobilier qui s’est lancé dans une vaste opération de promotion immobilière dans les environs de Los Angeles. Un programme d’une vingtaine de maisons doit être construit qui assurera sa fortune. Le rêve s’écroule quand une déchetterie s’installe à quelques centaines de mètres. Le projet est ruiné, mais Warren ne parvient pas à parler à sa famille qui continue, elle de vivre et consommer comme si de rien n’était.

Sa femme tourne d’improbables vidéos pédagogiques sur la sexualité, son fils Dustin veut devenir rock star et sa fille Lyle, une ado tourmentée, ne s’habitue pas à la Californie et son soleil. Seul Jonas, le cadet de 12 ans, aux curieuses habitudes vestimentaires et aux idées morbides porte en lui la promesse de la catastrophe à venir. 

Famille modèle sonne comme une ironie ou une tragédie en cours de marche, au cœur des formidables et conquérantes années 80. Rien d’ironique dans ce tableau d’une Amérique qui rappelle étrangement celle de 2008 et la catastrophe sociale engendrée par la crise des subprimes. Eric Puchner ira jusqu’au bout dans cet itinéraire rythmé par le « c’est trop bête » de la vie ordinaire. Et dans les drames auxquels ils se résignent, il rend ses personnages plus que réels : vivants.

Famille modèle, Eric Puchner, Albin Michel, (2011)

Karine Papillaud

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