Le polar, on aime : De Crichton à Stieg Larsson en passant par Maxime Chattam ou Fred Vargas, près de 16 millions de polars et romans d’espionnage sont vendus en France chaque année (source Livres Hebdo), les 4/5 en version poche.
Mais si populaire soit-il, ses chiffres de vente n’atteignent pas ceux de la littérature dite blanche, c’est-à-dire les romans français et étrangers commercialisés sous la couverture classique des maisons d’édition.
« Le polar se vend bien parce que c’est du loisir, explique une libraire de la librairie Kleber, la plus grande librairie de l’Est de la France. Les gens qui achètent des polars n’ont pas l’impression d’acheter de la littérature mais un divertissement ». Le public du polar n’est pas identifié comme une tribu, selon des critères sociaux, économiques ou culturels, mais plutôt comme un genre qui rassemble différents publics, lecteurs ou non lecteurs, désireux de se détendre sans contrainte.
La mode du polar connaît son apogée en France depuis l’arrivée de la trilogie suédoise
Millenium en 2008. Plus de deux millions d’exemplaires ont été vendus sur le seul territoire français, le record est historique, surtout dans ce genre littéraire dont les meilleures ventes tournent habituellement autour de 200 000 exemplaires. «
Depuis Millenium, tous les éditeurs se sont mis au polar scandinave, à part peut-être Sonatine », continue la libraire amusée.
Fortement représenté par les Etats-Unis, le monde scandinave mais aussi la France sur les étals des libraires, le polar ne provient quasiment jamais des pays de l’ex-URSS, et assez peu d’Allemagne.
Que dire de l’Amérique du Sud ou de l’Afrique noire ! « Mais il suffirait qu’un roman soit traduit et connaisse un grand succès pour que l’édition s’intéresse à ces nouveaux territoires et que la tendance scandinave cède la place à une autre ».
Entre littératures de genre, on se tient les coudes : c’est ainsi que la bande dessinée et le polar entretiennent des liens toujours plus étroits. Et toutes les maisons s’y mettent :
Casterman, Kana, Delcourt, Les Humanoïdes associés, Mosquito ou encore
Le Lombard.
Jacques Tardi a d'ailleurs adapté
La position du tireur couché, de
Jean-Patrick Manchette (Futuropolis).
Autre album à découvrir, sorti en octobre 2010 chez KSTR,
De Brique et de sang (Régis Hautière, David François, Pierre-Henry Gomont). L’auteur du blog
bedepolar explique à son sujet que dans cette bédé pour le moins originale et « d
errière une intrigue policière habile, les auteurs font revivre le Familistère de Guise à une époque où il était encore en pleine activité».
Karine Papillaud