
Katrin, maman de Léo et Tanja, mère de Ben se rencontrent, par hasard dans un parking et sympathisent. Entre elles, la complicité est immédiate et la confiance si grande que quand Katrin cherche à confier son fils le temps des obsèques de son père, c'est vers sa nouvelle amie qu'elle se tourne.
Mais alors qu'elle revient chercher son fils en fin de journée, le cauchemar commence. Une inconnue l'accueille. Elle ne connaît ni n'a vu Léo et explique que Tanja était la nounou de Ben, contre laquelle elle est furieuse, car elle a démissionné le matin même.
Elle n'est pas celle que l'on croyait
Katrin, s'en veut. Comment a-t-elle pu laisser son fils entre les mains d'une femme qu'elle connaissait depuis à peine une semaine ?
Elle venait tout juste d'emménager à Münster et se sentait délaissée par son mari très pris par son travail. Aussi, quand Tanja surgit dans sa vie, elle trouve d'emblée sympathique cette jolie brune au visage rond illuminé de "ses boucles d'oreilles en forme de fraises, d'un rouge flashy, assorti à son rouge à lèvres."
Elle l'invita chez elle, lui raconta les derniers drames familiaux, sa grossesse qu'elle venait de découvrir : "Katrin s'était tout de suite sentie en confiance avec Tanja et ça lui faisait un bien fou de pouvoir s'épancher et raconter ce qu'elle avait sur le cœur".
Cette amitié naissante ravissait Katrin, jusqu'au jour de la disparition de Léo.
Un thriller à trois voix
Un thriller porté par trois voix de femme, qui prennent la parole à tour de rôle : Katrin, dont le fils a disparu, Tanja la ravisseuse et Charlotte Schneidman, de la police criminelle de Münster qui mène l'enquête.
Au fil des jours, des interrogatoires et des rencontres, les passés des trois femmes se racontent, découvrant des failles, des drames, des souffrances et des blessures intimes anecdotiques ou fondatrices qui entrent en résonance les unes avec les autres et contribuent à créer un climat oppressant au centre duquel se joue la vie d'un enfant de trois ans.
Le passé qui se dévoile réécrit aussi la légende familiale et, de rebondissement en rebondissement réserve des surprises jusqu'aux dernières pages.
Si Ennemie intime n'entrera pas au Panthéon des polars, c'est toutefois un premier roman qui mérite d'être retenu et lu, car son intrigue, qui va crescendo, et ses personnages attachants tiennent le lecteur en haleine et c'est bien ce qu'on attend d'un thriller.
Soulignons la construction, bien ficelée dans laquelle le lecteur ne se perd jamais, malgré des allers-retours dans le temps, les prises de paroles alternées, les personnages dont les portraits se dessinent par petites touches et les pensées et réflexions de Tanja (en italique), qui ponctuent le récit sporadiquement.
Une structure narrative dynamique qui n'est pas sans rappeler certains effets cinématographiques, dont l'auteure, qui écrit des scénarios pour le cinéma et la télévision, est familière.
Christine Drews qui a poursuivi des études de littérature et de psychologie avant de commencer à écrire des scénarios pour la télévision et le cinéma, livre avec Ennemie intime son premier roman.
Agathe Bozon