
Le Dr Hawa Abdi est née en 1947 à Mogadiscio en Somalie. Aînée de cinq filles, alors qu'elle est encore très jeune, Hawa Abdi, après le décès de sa mère, doit élever ses quatre sœurs, dans des conditions d'extrême pauvreté. Pourtant elle ne perd pas espoir et poursuit son rêve de devenir médecin. Récit autobiographique, Docteur de l'espoir raconte le parcours de cette femme d'exception, souvent comparée à Mère Térésa et nommée pour le prix Nobel de la Paix en 2012.
C'est à douze ans que le Dr Hawa Abdi décide de devenir médecin, après avoir vu sa mère mourir d'une complication gynécologique. À dix-sept ans, elle part étudier la médecine à Moscou. Quand elle revient, quelques années plus tard, elle observe la résignation des future mères qui mettent leur vie en danger en refusant une césarienne et s'en remettent à Dieu, car en Somalie "attendre qu'une vie commence, affirme un proverbe, implique aussi de s'attendre à ce qu'une autre se termine".
Dans un pays en guerre avec l'Éthiopie, puis en proie aux guerres civiles, le Dr Hawa Abdi décide de venir en aide aux plus vulnérables : les femmes et les enfants. Car comme elle se plait à le dire : "les femmes sont l'espoir des générations futures."
Le 15 août 1983, elle ouvre sa petite clinique dans le jardin de sa maison, pour aider les mères à mettre au monde leurs enfants dans de meilleures conditions.
Trente ans plus tard, la clinique est devenue un hôpital avec salles d'opération, école élémentaire où 850 enfants suivent la classe et maisons où vivent des familles, composées essentiellement de femmes et d'enfants. Un des plus vastes camps pour personnes déplacées, constitué à 75 % de femmes et d'enfants, car comme l'expliquait, lors d'une conférence, le Dr Hawa Abdi : "les hommes tuent en Somalie, il faut donner des opportunités aux femmes".
Une enclave de paix, véritable société civile avec ses règles, qui rassemble plus de 90 000 personnes et où cinq médecins, dont deux de ses filles, et quinze infirmières soignent quatre cents patients et pratiquent entre dix et vingt interventions par jour.
Véritable leçon de vie et de courage, le récit donne également une vision du conflit et de ses conséquences dramatiques sur les populations : viols, exactions, meurtres… Et montre comment par sa seule foi en la paix une femme sauve des milliers de vies et tient tête aux petits seigneurs de la guerre… "Les seigneurs de guerre ne se sont pas une seule fois aventurés dans mon camp et ne m'ont rien dit de mal. Je continuai d'imposer mes propres règles (…)".
Bouleversant.
Agathe Bozon