
C’est sûr, il va falloir désormais compter avec David Vann. Inconnu il y a encore quelques mois, cet auteur américain a surgi lors de la rentrée dernière avec un roman au nom imprononçable et à l’histoire inoubliable : Sukkwan Island racontait une épopée dans la nature entre un père et son fils, avec un rebondissement qui a marqué tous les lecteurs.
Décoré du Prix Médicis 2010, David Vann est resté loin de l’agitation germanopratine faite autour de son livre. Il revient impavide cette année avec Désolations, un roman qui a pour point commun avec le précédent de se dérouler dans les grandes zones froides du continent américain, où la nature est reine et les hommes ses vassaux.
L’histoire se passe en Alaska et met en scène une famille composé d’un homme et d’une femme dans la cinquantaine, et de leurs enfants, une fille et un garçon embarqués dans des vies à première vue stables.
L’héroïne principale, Irène, est une femme en plein carrefour : elle a élevé ses enfants et se retrouve face à son mariage et à ce qui ressemble à un mensonge qui fait long feu. Combien de temps son mari et elle vont-ils continuer encore à faire « comme si » ? Pour tromper l’ennui et fuir encore un peu plus loin en avant, son mari s’est mis en tête qu’ils allaient tous deux vivre enfin la vie naturelle des trappeurs.
A cet effet, il décide de construire une maison de rondins sur un lopin de terre acheté sur une île en face de leur confortable maison. Irene suit le mouvement, mais de violentes migraines la mettent face à sa lucidité. Se chevauchent alors de violents souvenirs et l’évident échec de sa vie. Annie Proulx, Faulkner et Flannery O’Connor ont influencé l’écrivain Vann dans le traitement de cette histoire.
L’écriture claire, froide mais incroyablement proche de ses personnages et tendue dans un suspens tout en justesse, reste sa signature.
Karine Papillaud
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Désolations, David Vann, Gallmeister, (2011)