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Des jours que je n’ai pas oubliés de Santiago H.Amigorena

Des jours que je n’ai pas oubliés de Santiago H.Amigorena

Le déchirement amoureux, l’indicible à l’œuvre dans le nouveau livre d’Amigorena.
Des jours que je n’ai pas oubliés (POL) est la huitième œuvre, mi romanesque, mi biographique que conduit Santiago H. Amigorena depuis seize ans. Un livre fort sur la rupture, ou plutôt sur l’abandon vécu par un homme dont la femme en aime un autre, mais aussi un texte sur l’étrange nécessité de l’écriture qui ne sauve ni ne perd.

 


 

 

 

Ils sont mariés, ils ont deux petits enfants, ils sont heureux, jusqu’au jour où elle en aime un autre. Commence alors une longue agonie pour celui qui ne vit désormais plus qu’avec une « boule de fer et de soufre » dans le ventre. Il décide de partir pour l’Italie, là où se cimentait l’histoire d’amour avec une femme qui le regarde plus qu’avec des yeux éteints et qui ne sait plus vraiment où elle en est. Le sujet n’est pas le dilemme monstrueux d’une femme tiraillée entre deux hommes. Il n’est pas non plus le pénible combat d’un couple pour résister à l’adultère comme le Moment d’un couple (Gallimard, prix Interallié 2013) de Nelly Alard, puisque de toute façon, le livre ne dira jamais le chemin choisi par les deux protagonistes.

Au cœur du livre
Santiago H. Amigorena saisit l’épreuve pour la hisser dans le projet littéraire qu’il conduit depuis huit textes. Des jours que je n’ai pas oubliés renvoie inévitablement à La Première Défaite, l’histoire d’un inconsolable chagrin d’amour à rebours des années 80. S’il entreprend ce voyage en train pour l’Italie, c’est pour « retrouver un moi ancien », une identité qui ne se situe pas dans la vie, l’atmosphère, la fusion délicieuse et nécessaire de son être dans la famille douce et aimante qu’ils formaient tous les quatre. Comment retrouver un soi quand on fait partie d’un tout, quand l’autre n’est pas une altérité mais une partie de son être ? L’écriture peut-elle sauver de l’anéantissement ? Pas si simple, pas si naïf non plus : l’écriture n’est pas un moyen de vivre, plus sûrement un moyen de convoquer le corps à défaut de donner du sens. L’auteur livre ici une réflexion sur l’écriture en marge de tous les clichés du genre. A travers la mélopée d’un homme éperdument malheureux, c’est la figure de l’écrivain, tragique mais sauve qui émerge. Perturbant et magnifique.

Du livre à l’actualité
Ecrivain, scénariste et cinéaste, Santiago H. Amigorena* a aussi été le compagnon de Julie Gayet. La sortie, ces jours-ci, de ce texte aux parfums autobiographiques, ne peut que rendre écho aux petits scandales actuels. Ce serait offenser une œuvre plus large et des faits explicitement situés au début des années 2000 que de tracer des traits à partir de l’actualité, dont, contrairement à l’œuvre, il ne restera pas grand-chose.

Karine Papillaud

*Santiago H. Amigorena est aussi le réalisateur des « Enfants rouges » qui est sorti au cinéma le 22 janvier, « L'amour, l'amitié et la politique, tels qu'ils sont possibles - ou impossibles - aujourd'hui, à travers l'éducation sentimentale de trois jeunes gens de vingt ans dans un quartier précis de Paris ».

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