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Des écrivains interactifs

ou l'émergence d'un nouveau mode d'écriture

Des écrivains interactifs

Les nouvelles technologies bouleversent l’industrie de la culture. Mais aussi la création même. Le numérique représente-t-il le futur ou la fin de la littérature ? 
Internet a mis en péril l’industrie de la musique via les sites de partage. Il fait trembler celle du cinéma. L’édition, elle, prépare, tant bien que mal, sa mutation. Car l’arrivée du livre numérique et l’explosion des tablettes secouent ses habitudes. Si les modes de consommation sont appelés à changer via la technologie, qu’en est-il de la création littéraire ? 

 

 

 

En 2011, on ne compte plus les écrivains qui tiennent un blog (François Bon, Pierre Assouline, Eric Chevillard, Chloé Delaume, pour citer les plus connus), ni les blogs publiés sous forme papier. Ces rapprochements ne sont pas anodins. « Le Web a déjà modifié la littérature en influant sur la langue, comme l’ont fait la publicité ou les SMS. Internet est un accélérateur de langage », analyse Marion Mazauric, fondatrice du Diable Vauvert, maison d’édition résolument tournée vers l’avenir.

Signe des temps dématérialisés, les nouveaux écrans poussent les romanciers à adapter leur style à des contraintes différentes. Ainsi de Vincent Ravalec, aux manettes d’Addicts, la web-série d’Arte, qui écrit désormais ses romans en pensant à la lecture sur smartphones (voir interview), avec des séquences plus courtes, calées sur le rythme de la vie urbaine.
Alexandre Jardin va plus loin en écrivant quotidiennement un feuilleton interactif en temps réel. « Fanfan 2 », déclinaison de son best-seller, s’appuie sur une narration interactive (et produite par Orange). Une expérimentation accessible via Facebook, Twitter, les tablettes et les mobiles, avec application iPhone dédiée. Fait notable, ce travail n’est pas conçu pour être publié en version papier.
« Certains auteurs, surtout aux Etats-Unis, mettent en ligne leur livre en cours d’écriture pour obtenir l’avis de leurs lecteurs, ce qui influe sur le cours des histoires. Cela reste marginal, mais les frontières de la littérature vont être redéfinies », poursuit Marion Mazauric. Un phénomène étudié par l’Institute for the Future of the Book, un cercle de réflexion américain dirigé par l’éditeur Bob Stein, qui pointe, dans ce basculement de l’imprimé vers l’écran, une remise en question du statut de l’auteur.
 
Se dirige-t-on vers une collectivisation de la littérature ? 
On pourrait ironiser sur les « personnalités » qui n’ont pas besoin du numérique pour écrire leurs livres à plusieurs. On rappellera surtout que l’auteur multiple n’est pas né avec Internet. « Ce n’est pas nouveau. Dumas avait des ateliers d’écriture avec de nombreux “collaborateurs”. Et on n’a aucune preuve de l’unicité de Shakespeare ou d’Homère. Il est probable que l’Odyssée soit l’œuvre de plusieurs auteurs », conclut l’éditrice du Diable Vauvert. La littérature collective, finalement, c’est vieux comme le monde.
 
Crédit photo : Claudio Bravo

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