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Découvrez le Jury du Prix : Portrait d'Anne-Sophie Thuard, libraire

Découvrez le Jury du Prix : Portrait d'Anne-Sophie Thuard, libraire

Elle gagnerait le concours de la libraire la plus souriante de France. Anne-Sophie Thuard est libraire par vocation, mais plus que l’acte solitaire de la lecture c’est d’abord l’engagement social qui la motive : « Je ne suis pas libraire parce que j’aime lire mais parce qu’il est important pour moi que les gens lisent : l’égalité sociale passe par la lecture. Sans oublier que l’on confond trop souvent livre et littérature, et que cette réduction est dangereuse, elle effraie le lecteur qui parfois ne se sent pas à la hauteur. C’est aussi oublier qu’il y a des livres sur le vin, le sport, l’art de vivre : des livres pour chacun sans exception, petits et grands  ». Anne-Sophie Thuard est une femme pleine de vie et d’envies, qui évolue dans sa librairie comme dans son élément naturel. « Je n’imagine d’ailleurs pas prendre ma retraite, non ! Je prépare tout le monde à l’idée que je mourrai ici, au milieu de mes livres. Mais dans très longtemps ».

Les pieds bien posés sur terre, elle connaît son métier, et les rengaines, elles les balaie d’un revers de main. Le prix du livre, trop élevé ? Avec un brin de malice, elle rappelle qu’un beau-livre à 40 euros est sensiblement au prix d’une belle boîte de chocolat, qu’on offre sans se poser de questions et qui sera grignotée en quelques jours. « Un livre ne se périme pas, lui. C’est un objet parfait, vecteur d’une foule de souvenirs et d’émotions. On peut voyager avec un livre et même se procurer des émotions plus fortes en restant dans son fauteuil que sur les manèges les plus redoutables des parcs d’attractions ». C’est dit !

Anne-Sophie Thuard et son mari tiennent la librairie Thuard depuis 25 ans au Mans. Une création, mieux encore : un projet d’amour entre cette Hollandaise, fille de libraire, qui a suivi son mari architecte, manceau d’origine. Aujourd’hui, ils sont les propriétaires d’une grande librairie qui offre aux livres mille mètres carrés sur  trois étages baignés de lumières.  « Le métier de mon mari nous a permis de la construire de sorte que le lecteur puisse se promener sans se perdre, explique Anne-Sophie Thuard. Et puis un bâtiment vit, nous faisons évoluer la librairie au fil du temps. À dire vrai, je me demande toujours quel mur mon mari aura envie de casser ! ».

Pas question pour elle de céder à la sinistrose qui sévit parmi les libraires, depuis que le livre numérique pointe son nez et que les loyers des centres-villes augmentent. « D’abord parce que, pragmatisme hollandais oblige, nous avons fait le choix d’acheter quand nous avons commencé et ne sommes donc pas tributaires d’un propriétaire. Ensuite parce que je pense que c’est une erreur de transmettre nos angoisses de libraires aux lecteurs. S’il est bon que les pouvoirs publics prennent conscience des difficultés de notre secteur, nous ne devrions pas communiquer autre chose que l’enthousiasme et la joie de faire partager un bon livre aux lecteurs ».

C’est la même énergie qui l’anime comme jurée pour la deuxième année consécutive au Prix Orange. « On y rencontre des lecteurs qui foncent ! Les écrivains ou libraires du jury sont plus sereins, car plus habitués à être entourés de livres, mais les lecteurs sélectionnés sont de vrais boulimiques. Et ça, ça fait réellement plaisir ».