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Découvrez la critique de Michèle, lectrice du mois pour "Réparer les vivants" de Maylis de Kerangal

Découvrez la critique de Michèle, lectrice du mois pour "Réparer les vivants" de Maylis de Kerangal

Chaque mois, une lectrice ou un lecteur nous livre la chronique d'un livre.
Pour débuter ce nouveau rendez-vous, découvrez la critique de Michèle Finance, férue de lecture, qui, à ce propos, a été membre du jury du Prix Orange du livre en 2013. 
 

 

Un dimanche ordinaire, 24 heures dans la vie d’une famille qui jamais plus ne sera la même, car si les lésions de Simon, 19 ans, en état de mort encéphalique, sont irréversibles, la douleur de ses parents, de sa sœur, de son amante, le sera également.
« Naissance d’un pont », « Tangente vers l’Est » et « Réparer les vivants », les textes de Maylis de Kerangal sont beaux et prenants. Ce sont de longues phrases dans un souffle, un rythme haletant qui épuise mais palpite comme le cœur de Simon.

 

 

« Enterrer les morts, réparer les vivants », le titre est emprunté à Tchekhov. En toile de fond, Miles Davis, le chant du chardonneret et le bruit de la mer, piste 7 du baladeur, la mélodie des vagues que le père offre à son fils en ultime cadeau pour accompagner son cœur vers celle qui va désormais l’héberger. Que donne-t-on quand on donne le cœur de son enfant ? De la vie certainement, de l’amour sans aucun doute, de l’espoir pour un vivant qui ne veut pas mourir. Et l’on suit le cœur de Simon vers Claire, un cœur ne survit que 4 heures, il faut faire vite pour la transplantation.

On peut regretter un langage chirurgical et technique trop présent mais peut-être vient-il nous éviter de sombrer dans la douleur, dans ce gouffre de malheur ? Peut-être aussi une forme de pudeur de la part de l’auteur. Il y a un avant et un après l’accident. Des proches qui pleurent et refusent d’accepter le deuil. En parallèle, les médecins, l’infirmière, des corps vivants, abîmés, fatigués. Ceux qui aiment et ceux qui n’aiment plus. Les mots luttent contre la mort mais en vain, ne sommes-nous pas tous mortels ?

Le roman de Maylis de Kerangal est porteur de vie mais il a quelque chose d’effrayant, peut-être parce qu’il parle de la mort d’un enfant, c’est toujours un sujet qui fait mal. Ce roman est porteur d’émotion et touche sa cible. Ceux qui l’ont lu en parlent en clignant des yeux affichant ainsi leurs propres craintes. Sacralité d’un corps et transgression, la folie comme seule forme de pensée face au cauchemar de la perte.
Le roman de Maylis de Kerangal ne laisse pas indifférent. L’exercice est difficile et malgré ce côté à mon goût trop technique, c’est réussi. On y pense longtemps après avoir tourné la dernière page, le cœur pris d’émotion.

 

Portrait de Michèle Finance
Je m’appelle Michèle, je suis psychologue à Strasbourg, ma passion pour la lecture et mon intérêt pour l’actualité littéraire font de moi une lectrice dévoreuse de livres, curieuse et enthousiaste. Quand un livre m’habite et m’anime, j’ai envie d’en parler et de partager avec d’autres mes émotions, mes petits bonheurs mais également mes déceptions. Je lis parce que nous avons la chance d’avoir des auteurs courageux et que chaque rentrée est riche en aventures et découvertes à tous niveaux. Je lis parce que cela fait partie de ma vie et que j'imagine mal un jour sans ce plaisir qui fait de moi une femme libre. Dalva, Cent ans de solitudeLes saisons de la nuit, Le jeu de l’ange ou L’art de la joie ... sont autant de bornes qui balisent ma route.

Réparer les vivants, Maylis de Kerangal, Verticales, (2014)

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