
A Los Angeles, il y a la misère des riches qu’on trouve dans la série Nip/Tuck, et la misère des pauvres, désespérante et amère, que Richard Lange met en scène dans Dead Boys (Albin Michel).
Les personnages de ce recueil de nouvelles sont tous des petits Blancs : Richard Lange épargne à son lecteur les clichés sur la délinquance hispanique de la côte Ouest.
Tous souffrent de la même maladie, la loose, dont ils essaient de se défaire : un intérimaire sans perspectives, qui passe ses nerfs en tirant à coup de carabine sur des oiseaux, un mari qui se fait braqueur de banque pour offrir à sa femme la vie qu’elle mérite, un frère qui tente d’aider sa sœur violée. Il y est beaucoup question de violence, d’alcool et de drogue.
L’écrivain Lange, journaliste au civil, échappe toutefois au pathos même si l’ardoise semble chargée. D’abord parce que chaque histoire est courte, saisie dans un style qui rappelle Carver, ensuite parce que la magie de chaque nouvelle tient à ce qu’aucune ne se termine vraiment au point final : il n’y a ni leçons, ni dénouements dans ces petites fictions qui tutoient le documentaire.
Traduit pour la première fois en France, le jeune écrivain Richard Lange révèle avec une plume vigoureuse les dessous de Los Angeles. Publié à l’automne 2007 aux Etats-Unis, Dead boys s’est très vite classé dans les meilleures ventes de livres.
Dead Boys, Richard Lange (Albin Michel), 2007