
Deuxième livre de la Néerlandaise Judith Uyterlinde, ce récit très personnel n'est pas à la hauteur de sa promesse. "Un témoignage poignant, au croisement de la saga historique et du roman intimiste.", comme on peut le lire sur la quatrième de couverture, qui laisse pourtant le lecteur sur sa fin.
Le récit commence par le désir d'enfant de Judith et de son "bien-aimé". Un désir contrarié qui les amènera à se tourner vers l'adoption. Un parcours pavé d'embuches, d'espoirs et de déceptions, qui poussera Judith à explorer l'histoire de sa famille.
Une exploration facilitée par sa propre mère, qui, souffrant d'une tumeur au cerveau, pense venu le moment de révéler enfin à sa fille l'histoire familiale.
Judith mène alors une enquête minutieuse, au cours de laquelle elle découvre que depuis plusieurs générations, les enfants de la famille, orphelins de mère, sont élevés par une autre femme choisie par leur père et qu'ils doivent appeler "maman".
En adoptant, Judith, qui pensait faire bouger les lignes, ne fait que reproduire une tradition familiale jusqu'alors restée secrète.
Est-on marqué à ce point par l'histoire familiale pour la reproduire alors même qu'on en ignore tout ? Telle est la question à laquelle Judith Uyterlinde tente de répondre.
Le récit, qui se construit sur fond de seconde guerre mondiale, quand Judith remonte dans le temps, fait l'inventaire des nombreux membres de la famille déportés et morts dans les camps de concentration, expliquant ainsi les disparitions des mères. Parallèlement nous suivons la procédure d'adoption, de groupes de parole en réunions.
Si le récit se lit facilement, il reste le sentiment d'une histoire encore mal digérée, dont l'écriture serait une voie thérapeutique. On aurait souhaité une analyse plus creusée et peut-être plus distanciée.
Cette femme qui dit être ma mère, Judith Uyterlinde, Presses de la Cité, (2012)
Agathe Bozon