Il l’avoue, un fait-divers qui l’a fasciné est à l’origine de son deuxième roman, Belle Famille (Gallimard). Le point de départ d’Arthur Dreyfus s’inspire de l’affaire Madeleine McCann, cette fillette de 3 ans enlevée pendant la nuit dans un complexe de vacances au Portugal en 2007. Une disparition relayée dans le monde entier par les réseaux sociaux et la communication d’envergure déployée autour d’un mystère irrésolu encore aujourd’hui. Mais ce qu’il en fait est tout simplement de la littérature.
Remarqué pour son essai sur le bonheur (Le Livre qui rend heureux, Flammarion, 2011) ce jeune écrivain a placé l’histoire en Italie et la petite fille est, dans son roman, un petit garçon nommé Madec Macand, le cadet de trois enfants. La mère Laurence est intransigeante et froide, et le père Stéphane hésite entre se réfugier dans la boisson ou dans la religion. Un soir, la mère découvre son enfant mort accidentellement dans la cuisine et, mécaniquement, cache le corps. Les événements qui suivront protègeront sa version comme par enchantement : de la découverte d’un pédophile repenti dans les parages à l’incroyable audience mondiale que la famille obtiendra, jusqu’à obtenir des centaines de milliers d’euros pour financer la communication autour des recherches.
Réaliste, Belle Famille l’est jusque dans la voix de la mère qui est l’une des principales narratrices du livre. La plume d’Arthur Dreyfus est sûre, et tranche net dans le suspens tendu autour de la famille qui, comme par miracle se recompose et s’harmonise autour du petit disparu. Le vrai sujet du livre flirte avec un tabou, celui de l’absolu de l’amour maternel que l’auteur n’hésite pas à tailler en pièces. Et si, prolongeant ou débattant du livre d’Arthur Dreyfus, l’amour maternel s’avère une chimère de la psychanalyse occidentale, le talent de ce jeune écrivain de 25 ans, lui, est absolument tangible.
Consultez également l'interview d'Arthur Dreyfus pour lecteurs.com
Belle Famille, Arthur Dreyfus, Gallimard, (2012)
Karine Papillaud
