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Automobile Club d'Égypte d'Alaa El Aswany

L'Égypte d'hier, raconte déjà l'Égypte d'aujourd'hui

Automobile Club d'Égypte d'Alaa El Aswany

Né en 1957 dans la vallée du Nil, Alaa El Aswany poursuit des études de chirurgie dentaire aux États-Unis, avant de devenir écrivain, tout en continuant l'exercice de l'art dentaire. Une carrière consacrée, dès son premier roman, avec L'immeuble Yacoubian, véritable phénomène d'édition traduit en plus de vingt langues et adapté au cinéma.
Très engagé dans la révolution égyptienne, dont il est l'un des relais après des médias français, Alaa El Aswany livre avec Automobile Club d'Égypte, une fine analyse de la société égyptienne des années 40, terreau d'une inéluctable révolution.

 

 

 

 


 


Un auteur met le point final à son dernier roman, quand un homme et une femme sonnent à sa porte. Il ne les connaît pas… Le garçon, Kamel, accompagné de sa sœur Saliha explique : "Ma sœur et moi sommes sortis de votre imagination pour entrer dans la vie réelle. Vous nous avez imaginés dans le roman (...) Lorsque la description d'un personnage parvient à un certain degré, celui-ci se met en quelque sorte à exister. Il passe de l'imagination à la réalité."

Et le récit s'écrit à trois voix, enrichi des précisions de ce que vécurent Kamel et Saliha, deux des quatre enfants de Raqia et Abdelaziz.
Une écriture polyphonique, dont la partition débute à la fin des années 40, quand la famille, noble mais ruinée, quitte Drao, en Haute-Égypte pour venir vivoter au Caire, où le père trouve un travail misérablement payé à l'Automobile Club d'Égypte.
Un lieu, dirigé par James Wright, un Anglais prêt à tout pour s'attirer les faveurs du Roi. S'y concentrent toutes les couches de la société égyptienne. Du roi Farouk, pervers libidineux, avide de corps de jeunes filles aux serviteurs noirs, terrorisés par El-Kwo, cruel chambellan du Roi.

Un soir, Abdelaziz, qui succombe après avoir été humilié et battu publiquement, réveille un souffle de révolte. En tête, Abdouche qui harangue ses camarades serviteurs : "Camarades, vous êtes satisfaits d'être battus comme des animaux ?".

Raqia se retrouve alors seule et sans subsides pour élever leurs quatre enfants : Kamel, Saliha, Saïd et Mahmoud, qui incarnent la diversité de la société égyptienne. Kamel étudie le droit et s'engage dans un mouvement clandestin pour renverser le Roi et débarrasser l'Égypte de la domination anglaise ; Saliha, la soeur qu'il protège est brillante mais passera par un mariage presque forcé pour enfin se libérer ; un mariage organisé par Saïd vénal et piloté par une femme calculatrice ; tandis que Mahmoud vend son corps à de vieilles veuves argentées et finit ses soirées en fumant du haschich.

Quatre enfants comme quatre point cardinaux qui embrassent du regard la société égyptienne, avec des points de vue différents, contrastés… voire ennemis.

Une fresque historique magistralement menée qui éclaire sur l'Égypte d'aujourd'hui.

Agathe Bozon

Automobile Club d'Égypte, Alaa El Aswany, Actes Sud, (2014)

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