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Andrea Camilleri, la Sicile et le Négus

Andrea Camilleri, la Sicile et le Négus

 

Voilà une anecdote qui ne trompe pas : en situant la plupart de ses romans dans la ville de Porto Empedocle, en Sicile, sous le nom de « Vigàta », Andrea Camilleri a tellement contribué à la renommée mondiale de son bourg natal que le maire de la commune a proposé benoîtement de renommer l'agglomération Porto Empedocle-Vigàta pour attirer les touristes !

 

 

 

 

 


A vrai dire, l'écrivain est tellement connu en Italie qu'un comique de la Botte, Fiorello, fonde plusieurs de ses sketchs sur l'imitation de ce Simenon transalpin, toujours représenté (sans que ce soit caricatural) la clope au bec. Ce qui, pour cet homme de 87 ans à l'esprit toujours alerte, défie toutes les prescriptions sanitaires communes... Mais c'est surtout un fameux proverbe italien, « vite et bien ne vont jamais ensemble », qu'Andrea Camilleri défie par l'écriture.

S'il n'a commencé à publier des romans qu'à 57 ans, après une première vie consacrée à la mise en scène de théâtre et à la poésie (en 1947, il remporta même un grand prix du genre devant Pasolini !), il n'arrête plus d'écrire, avec un talent et un humour constamment renouvelé. Tous les jours, dès l'aube, il passe derrière son bureau pour imaginer ses scénarios bien ficelés, notamment ceux de son personnage fétiche, Salvo Montalbano, de la brigade de Vigàta, qui fête cette année ses 20 ans d'existence.

Dans la dernière enquête traduite en français de son inspecteur débonnaire et gros mangeur, « L'Age du doute », Camilleri emmène son lecteur sur les pas des secrets du transport maritime, grosse affaire en perspective du côté de Porto Empedocle/Vigàta, le port d'Agrigente. Mais l'écrivain, que les Italiens verraient bien titulaire du Prix Nobel de littérature, s'écarte également du polar... sans pour autant laisser tomber « Vigàta », dont il cultive soigneusement le souvenir depuis sa retraite romaine.

Dans « Le Neveu du Négus », également traduite cette année, il digresse ainsi sur les aventures historiquement avérées de la présence sicilienne du neveu du négus éthiopien dans les années 30, et interroge à travers lui les rapports de ses concitoyens au fascisme – un sujet familier, son propre père ayant été un fasciste convaincu, quoique philosémite. Deux exemples parmi d'autres d'une biographie à la langue chatoyante (parce que nourrie de dialecte sicilien, bien retranscrit dans les traductions françaises), à découvrir absolument en cas de vacances italiennes...

L'Age du Doute, Andrea Camillieri, Fleuve Noir, (2013)
Le Neveu du Négus, Andrea Camillieri, Fayard, (2013)

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