
« Parmi tous les représentants de l'Humanité qui ont arpenté la planète, Christophe Colomb est le seul à avoir inauguré une ère nouvelle dans l'histoire du vivant », explique Charles C. Mann dans l'introduction de « 1493 », son nouvel essai autour de la découverte des Amériques.
Journaliste scientifique, il s'est fait remarquer avec son précédent ouvrage, "1491 : nouvelles révélations sur les Amériques avant Christophe Colomb", dans lequel il évoquait la modernité des civilisations précolombiennes face à la civilisation européenne.
Dans 1493, il s'appuie en grande partie sur la thèse de l'historien américain Crosby, « l'échange colombien », qui démontre, depuis les années 1970, les bouleversements biologiques, démographiques ou commerciaux nés du « rapprochement » inédit des continents. Mais l’auteur ne fait pas que mettre à jour cette idée bien connue, en s'appuyant sur des recherches récentes et en accumulant les détails passionnants.
Ce qui fait tout l'intérêt de ce récit aussi documenté qu'accessible, réside dans la description de la marche inéluctable de la mondialisation depuis des siècles, que ses conséquences soient positives ou négatives. Et de tracer ainsi des parallèles fascinants entre l'arrivée de la malaria en Amérique et le développement de l'esclavage dans le sud des Etats-Unis, ou de démontrer l'importance de l'introduction de quelques tubercules de pomme de terre dans les transformations radicales de l'agriculture.
Du Mexique à la Chine, en passant par la Barbade et l'Irlande, Charles C. Mann met à jour des mécanismes terriblement complexes d'interdépendances économiques et écologiques, provoqués malgré eux par une poignée d'aventuriers soutenus du bout des lèvres par la couronne espagnole...
Aussi, 1493 n'est pas seulement un livre historique, c'est une démonstration des liens étroits qui existent entre histoire et science et que Mann appelle l'histoire écologique. Ce livre est une approche inédite des débuts de la mondialisation amorcée depuis le XVIe siècle...
1493, Charles C. Mann, éd. Albin Michel, (2013)