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Un déluge de feu

Couverture du livre « Un déluge de feu » de Amitav Ghosh aux éditions Robert Laffont
Résumé:

1839. Devant les ravages de l'opium sur son peuple, l'empereur de Chine a décrété le blocus de l'importation. Les entrepôts étrangers ont été fermés et les stocks brûlés. Sous la pression des négociants anglais et indiens, qui ont investi et gagné des fortunes dans ce commerce, le gouvernement... Voir plus

1839. Devant les ravages de l'opium sur son peuple, l'empereur de Chine a décrété le blocus de l'importation. Les entrepôts étrangers ont été fermés et les stocks brûlés. Sous la pression des négociants anglais et indiens, qui ont investi et gagné des fortunes dans ce commerce, le gouvernement de la reine Victoria déclare la guerre à la Chine.
La flotte britannique quitte l'Inde et fait voile vers Canton. La guerre, avec ses déplacements géographiques et ses bouleversements sociaux, change les destinées. Kesri Singh, soldat indien rejeté par sa caste, se porte volontaire pour combattre outre-mer. Zachary Reid, Noir américain qui se fait passer pour un Blanc, intrigue pour se faire accepter grands marchands d'opium. Profitant de l'éloignement de son mari, la très bourgeoise Mrs Burnham s'offre un feu d'artifice de jeux sensuels. Shireen Modi laisse sa stricte famille parsie et part pour la Chine afin de faire la connaissance du fils illégitime de son défunt époux. Et le très jeune Raj Rattan, fils de Neel, le raja déchu et envoyé aux galères, n'hésite pas à s'engager comme fifre dans l'armée anglaise pour retrouver son père. Tous portent un secret. Dans le tourbillon soulevé par la guerre, ils découvrent qui ils sont et quel sens ils veulent donner à leur existence. Certains renouent avec la part la plus libre et la plus honnête d'eux-mêmes. D'autres, comme Zachary, renient tout ce en quoi ils croient pour s'enrichir. Tous sont les témoins du drame qui se prépare : l'immense victoire de l'empire britannique contre l'empire de Chine, avec, au final, l'annexion de Hong Kong.

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  • Le Déluge de Feu, c’est celui qui va s’abattre sur les jonques et forts chinois en cette année 1840 où la Royal Navy est chargée de faire respecter le droit des trafiquants anglais à vendre en Chine l’opium récolté aux Indes. Nous retrouvons les personnages des deux premiers tomes de cette...
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    Le Déluge de Feu, c’est celui qui va s’abattre sur les jonques et forts chinois en cette année 1840 où la Royal Navy est chargée de faire respecter le droit des trafiquants anglais à vendre en Chine l’opium récolté aux Indes. Nous retrouvons les personnages des deux premiers tomes de cette trilogie toujours aussi passionnante tandis qu’un couple de guerriers apparaît. Le premier est indien :
    « Rares étaient les spectacles comparables à celui de l’infanterie indigène du Bengale en marche. Chaque membre du paltan en était conscient – dandia-wallahs, danseuses, palefreniers, berry-wallahs, bhisties porteurs d’eau- mais aucun plus que le havildar Kesri Singh, dont le visage devenait la figure de proue du bataillon quand il chevauchait à la tête de la colonne. »
    Le second est anglais et le supérieur direct du premier : « Quand il était jeune officier, son agressivité lui avait souvent causé des problèmes, lui bâtissant la réputation d’un « Kaptan Marpeet » - capitaine bagarre. Toutefois le capitaine Mee était, à sa façon, un excellent officier, sans peur au combat et d’une équité scrupuleuse dans ses rapports avec les sepoys (cipayes en fr.). Kesri en particulier avait de bonnes raisons de lui être reconnaissant. »
    Ils ne vont pas tarder à partir avec le corps expéditionnaire pour la Rivière des Perles, dans le triangle qui relie Hong Kong, Macao et Canton. Ils y croiseront les autres personnages de la saga. Ceux qui tentaient de faire fortune grâce à l’opium et sont pour l’heure ruinés, celle qui s’émancipe (Shireen la veuve découvrant la double vie de son défunt mari), ou ceux qui espèrent se retrouver après un amour de jeunesse contrarié. On s’immerge dans la condition féminine de ces temps et de ces lieux, on suffoque sous le poids des traditions et convenances familiales indiennes, on déteste la morgue des officiers anglais et le cynisme des trafiquants, on est saisi d’effroi au vu des conditions de vie sur les navires de l’époque et on tremble pour l’enfant qui s’embarque seul à la recherche de son père.
    C’est un délicieux mélange d’Alexandre Dumas (pour les aventures), de Zola (pour la corruption et le cynisme de certains) et de Balzac (à vous de découvrir le Rastignac de l’histoire). On ne s’ennuie jamais et, une fois le roman refermé, on se dit que rien n’a vraiment changé. L’océan d’opium qui partait des Indes vers la Chine a simplement changé de lieux de production et de destination mais il se déverse toujours au mépris des lois interdisant son trafic et sa consommation. Il fait toujours des fortunes en causant autant de malheurs.
    On pense aussi à la Chine, celle de 1840 vaincue en quelques canonnades et humiliée pour cent cinquante ans. A ce sujet, à Beijing les touristes visitent le « Palais d’été ». Beaucoup ignorent qu’il s’agit du nouveau « Palais d’été ». Quant à l’ancien, rasé et dévasté par les troupes franco-anglaises en 1860, il est toujours visité par les Chinois qui sont invités à bien regarder les graffitis laissés en anglais ou en français…
    Et on espère que la sagesse de Lao Tseu est toujours aussi respectée :« Si quelqu’un t’a offensé, ne cherche pas à te venger. Assieds-toi au bord de la rivière et bientôt tu verras passer son cadavre. »
    Et surtout, il y a la cupidité, celle des négociants qui mènent le jeu. Ce qu’un des personnages résume de fort belle manière : « Regardez, à l’intérieur de ce navire brûle le feu qui réveillera les démons de l’avidité cachés dans tout être humain. C’est la raison pour laquelle les Anglais sont venus en Chine et en Hindoustan : ces deux contrées sont si peuplées que si l’avidité s’y répand, elle consumera le monde entier. Cela a commencé aujourd’hui. Et ne se terminera que quand l’humanité entière, unie dans une grande folie d’avidité, aura dévoré la terre, l’air et le ciel. »
    Comment ne pas faire le parallèle avec notre époque où les frontières s’effacent pour le grand marché. La mondialisation ne serait-elle pas la victoire des commerçants et des multinationales dont certaines sont nées à Hong Kong dans ces années-là ?
    Un roman passionnant et profond !

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