Passionné(e) de lecture ? Inscrivez-vous gratuitement ou connectez-vous pour rejoindre la communauté et bénéficier de toutes les fonctionnalités du site !  

Personne(s), d'après "le livre de l'intranquilité" de Fernando Pessoa

Couverture du livre « Personne(s), d'après
Résumé:

Retranché dans ses rêveries, un homme rédige le journal de bord fragmenté d'une collection de sensations qu'il se risque parfois à appeler : existence. Plus Bernardo Soares s'abîme dans la contemplation sans fin des paysages de son âme, plus il se regarde et se regarde se regarder, plus nous... Voir plus

Retranché dans ses rêveries, un homme rédige le journal de bord fragmenté d'une collection de sensations qu'il se risque parfois à appeler : existence. Plus Bernardo Soares s'abîme dans la contemplation sans fin des paysages de son âme, plus il se regarde et se regarde se regarder, plus nous regardons cet homme regarder le gouffre en lui, plus Le Livre de l'intranquillité nous regarde et regarde le gouffre en nous. En 1805, Hegel écrit : « L'homme est cette nuit, ce néant vide qui contient tout dans la simplicité de cette nuit, une richesse de représentations, d'images infiniment multiples dont aucune précisément ne lui vient à l'esprit, ou qui ne sont pas en tant que réelles et présentes [.]. C'est cette nuit qu'on découvre quand on regarde un homme au fond des yeux, on plonge par son regard dans une nuit qui devient effroyable, c'est la nuit du monde qui s'avance ici à la rencontre de chacun. » Oui, la nuit de Bernardo Soares, c'est bien la nôtre.
Examiner ce en quoi j'ai été fabriquée et transformée par Le Livre de l'intranquillité, m'oblige, non parce que je le souhaite, mais parce que tout m'y pousse, à citer ce fragment atroce, qui recouvre et écrase ma tentative : « Réaliser une oeuvre pour, une fois réalisée, s'apercevoir qu'elle ne vaut rien, c'est une tragédie pour l'âme. C'en est une bien plus grande lorsqu'on sait que cette oeuvre est encore la meilleure que l'on pouvait réaliser. Mais, alors qu'on s'apprête à écrire, savoir à l'avance que votre oeuvre sera fatalement imparfaite et ratée ; au fur et à mesure qu'on écrit, constater qu'elle est effectivement imparfaite et ratée - voilà le maximum de torture et d'humiliation que peut endurer notre esprit [.] ». Savoir qu'on n'arrivera jamais à émuler l'oeuvre somptueuse qui s'est livrée comme le visage du pire, et que, sous ce visage, même le masque de Fernando Pessoa est hors d'atteinte, redouble la mélancolie. Et c'est précisément de mélancolie, d'ombres, de fenêtres et de fragmentation dont il sera aussi question ici.

Donner votre avis