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Molécules

Couverture du livre « Molécules » de Francois Begaudeau aux éditions Verticales
  • Date de parution :
  • Editeur : Verticales
  • EAN : 9782070197224
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

« Le photographe s'accroupit pour cadrer serré Jeanne Deligny. Les trois premiers clichés le laissent insatisfait. L'angle optimal se cherche encore. Pourtant les visages c'est ce qu'il préfère shooter. Il n'a pas déjeuné, c'est sa faim qui le déconcentre. Il s'écarte pour que le capitaine Brun... Voir plus

« Le photographe s'accroupit pour cadrer serré Jeanne Deligny. Les trois premiers clichés le laissent insatisfait. L'angle optimal se cherche encore. Pourtant les visages c'est ce qu'il préfère shooter. Il n'a pas déjeuné, c'est sa faim qui le déconcentre. Il s'écarte pour que le capitaine Brun examine de près la plaie béante au cou et les joues lacérées. À première vue, trois fois une joue, deux fois l'autre. À confirmer. Un sillon monte jusqu'à la tempe, un second balafre le front. Sans cela elle serait jolie. L'était il y a une heure. L'est encore malgré les yeux exorbités de qui s'est vu mourir. »

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Avis (4)

  • Je choisis les livres que je lis en général à la médiathèque municipale, j’ai donc parfois le temps de les réserver, ou de scruter longuement les rayons en quête de la perle noire qui me fera passer des nuits blanches.Mais parfois, il m’arrive de passer en coup de vent à la bibliothèque car je...
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    Je choisis les livres que je lis en général à la médiathèque municipale, j’ai donc parfois le temps de les réserver, ou de scruter longuement les rayons en quête de la perle noire qui me fera passer des nuits blanches.Mais parfois, il m’arrive de passer en coup de vent à la bibliothèque car je n’ai pas le temps mais il me faut un livre et vite… Donc, j’attrape le premier venu ou presque sous prétexte que :

    je connais l’auteur;
    la couverture ou le titre est racoleur;
    ou je prends tout de même trente seconde pour survoler la quatrième de couverture…
    Et celle-ci m’a happée : pas de résumé, ni de présentation succincte de l’histoire mais uniquement un extrait dont le style déjà intrigue…

    « Le photographe s’accroupit pour cadrer serré Jeanne Deligny. Les trois premiers clichés le laissent insatisfait. L’angle optimal se cherche encore. Pourtant les visages c’est ce qu’il préfère shooter. Il n’a pas déjeuné, c’est sa faim qui le déconcentre. Il s’écarte pour que le capitaine Brun examine de près la plaie béante au cou et les joues lacérées. A première vue, trois fois une joue, deux fois l’autre. A confirmer. Un sillon monte jusqu’à la tempe, un second balafre le front. Sans cela elle serait jolie. L’était il y a une heure. L’est encore malgré les yeux exorbités de qui s’est vu mourir. »

    Le shooting photo d’un cadavre donc par un technicien en identification criminelle, aux considérations aussi réalistes que loufoques… Pourquoi avoir choisi de chroniquer Molécules, qui, bien qu’étant un roman policier (atypique) est un livre pas si noir mais plutôt drôle ? Parce qu’il m’a plu tout simplement… Je l’avais bien dit :j ‘aime sortir des sentiers battus et aussi de ma zone de confort… car le style de ce roman « ne coule pas de source » et j’avoue que les torsions que l’auteur impose aux mots m’a séduit…

    Que l’on adhère ou pas au style (tout jusque dans la ponctuation est déroutant), le premier chapitre interpelle: une immersion dans un centre psychiatrique qui se révèle drôle et jubilatoire. L’une des infirmières, Jeanne Deligny, mére de famille et femme sans histoire, n’est autre que la future victime, égorgée devant la cage d’ascenseur de son immeuble… Les personnages sont tour à tour décortiqués, y compris les secondaires. La fille de la victime, pour laquelle on ne peut s’empêcher d’éprouver une profonde empathie, est particulièrement bien étudiée: sa « vie est bancale, c’est le premier bilan qu’elle en tire après quinze fois douze mois à circuler dedans« . Jubilatoire je vous dis…

    L’enquête sera menée par « la » capitaine Brun et le brigadier Calot sur fond de discussions pop-rock. La relation est cocasse et révèle quelques pépites d’humour. Les tergiversations concernant les témoins, mobiles et suspects éventuels vont bon train alors que l’enquête tourne en rond… Lorsque soudainement un homme passe aux aveux : « l’implacable positivité des faits a sonné la fin de l’orgie spéculative ». Mais pour le capitaine Brun, la résolution de l’énigme qui est trop facile, est décevante: le coupable est « une erreur de casting ». Elle en veut le capitaine, du sordide et du gore ! Leur homme, Gilles Bourrel, ancienne connaissance de la victime, entreprend donc de raconter la brève et tragique histoire qui le lie à Jeanne Deligny: le lecteur la trouvera tant hilarante que pathétique, absurde à l’image du procès qui s’ensuivra… Un procès au cours duquel se succèdent à la barre psychologue, expert médico-psychologique, amis et collègues du présumé coupable…

    Le final inattendu viendra clore un récit qui oscille donc entre roman policier et comédie ( de temps en temps, ce n’est pas pour me déplaire)… Alors « on se tait, on boit le génie… »

    Retrouvez mes chroniques sur https://loeilnoir.wordpress.com/

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  • E3xcellent roman, à la limite du polar. Et d'une écriture haut de gamme !

    E3xcellent roman, à la limite du polar. Et d'une écriture haut de gamme !

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  • François Bégaudeau, je l’ai rencontré à travers son roman "Entre les murs" et j’avais aimé cette écriture particulière, capable de transcender son empathie pour ses personnages. Car, même s’il parle parfois d’eux dans des termes moqueurs, on le sent vibrer pour ces jeunes au point d’adopter leur...
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    François Bégaudeau, je l’ai rencontré à travers son roman "Entre les murs" et j’avais aimé cette écriture particulière, capable de transcender son empathie pour ses personnages. Car, même s’il parle parfois d’eux dans des termes moqueurs, on le sent vibrer pour ces jeunes au point d’adopter leur vocabulaire dans ses propos. Enseignante au moment de cette lecture, j’avais été admirative…

    Là, c’est une toute autre histoire qu’il nous raconte. Dans "Molécules", Jeanne, infirmière dans un centre psychiatrique est découverte morte sur son palier, le visage lacéré de coups de cutter. On pourrait dire que nous avons affaire à un roman policier. En effet oui, il y a une enquête, oui nous assistons à des interrogatoires, oui nous sommes confrontés à des suspects et, oui, les policiers finissent par trouver un coupable : un ancien amoureux éconduit. Mais ne croyez pas que je vous livre la clé, car là n’est pas l’essentiel.

    L’histoire est, en fait, le prétexte à une étude approfondie des personnages. François Bégaudeau ne s’arrête pas simplement sur les principaux – le mari, la fille... – il s’intéresse aussi à la concierge de l’immeuble, aux patients du centre, des êtres fragiles et différents, et à bien d’autres que d’aucuns qualifieraient de secondaires. L’écriture est jubilatoire qui permet de passer allègrement de la tragédie à la comédie et n’a pas son pareil pour nous faire vivre des scènes hilarantes "Au fond du parc, deux piquets orphelins et une raquette prise dans les fils électriques suspendus composent un reliquat d’activité badminton. Un vingtenaire s’égosille à expliquer à une femme deux fois plus âgée que jeter sa raquette en l’air n’est pas la meilleure méthode pour jouer." L’auteur emploie aussi nombre d’expressions "retoquées" à sa manière – "Le capitaine Brun ne dit mot sans consentir." "Hamza répond que justement la foi vient en priant". De la même façon, d’élégantes périphrases enluminent des réflexions pour le moins scabreuses "La pharmacienne ayant, comme déjà dit, gobé force queues, il semble imprudent de confier la direction de l’enquête à un officier de police judiciaire qui se trouve elle-même posséder une bouche susceptible de prodiguer des faveurs licencieuses à une partie conséquente de la population masculine." Et je ne parle pas du regard malicieux porté sur les forces de l’ordre, les juges et les experts…

    Ce roman est décidément un régal de lecture où le loufoque se combine au poignant, l’absurde au raisonnable, l’humour à la gravité, le rire aux pleurs. Du rire aux pleurs, c’est bien ça car jamais n’est exclue, malgré la légèreté apparente, une tendresse discrète à l’égard des éprouvés. Et, si je n’ai pas tourné les pages aussi vite que désiré c’est uniquement pour savourer les mots triturés en tous sens. Je ne peux terminer sans évoquer le plaisir ajouté tout au long du récit, à l’évocation de lieux chers à mon cœur, amoureuse que je suis de la ville d’Annecy.

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  • François Bégaudeau n'en finit pas de m'épater. Chacun de ses romans est, pour moi, un festival d'écriture qui me tient en éveil et stimule des neurones dont j'avais même oublié l'existence ! Prenez "Molécules" par exemple : à partir d'un fait divers sordide, le meurtre d'une infirmière par un...
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    François Bégaudeau n'en finit pas de m'épater. Chacun de ses romans est, pour moi, un festival d'écriture qui me tient en éveil et stimule des neurones dont j'avais même oublié l'existence ! Prenez "Molécules" par exemple : à partir d'un fait divers sordide, le meurtre d'une infirmière par un amoureux éconduit, il parvient à nous rendre attentif à tous les personnages, de l'équipe d'enquêteurs à la concierge de l'immeuble. En glissant d'un point de vue à l'autre, il nous donne une vue générale et intime à la fois de l'enchaînement des évènements. Il ne s'agit pas là de pesantes analyses psychologiques mais de quelque chose de plus léger et plus grave, quelque chose qui donne à voir des êtres humains confrontés à une réalité dont ils ne maîtrisent rien.
    En faisant rendre gorge à tous les clichés, tics de langage et autres constructions vides à force d'être routinières, l'auteur nous amène à reconsidérer le rapport à la fiction autant que les carcans langagiers dans lesquels sont enfermés êtres et personnages. Les registres et les genres sont dépassés et le choix des mots, leur agencement, nous font passer du burlesque à la tragédie sans dissonance, mais toujours dans la justesse la plus affûtée. C'est jubilatoire et plein d'émotions. Un régal !

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