La science économique est de plus en plus exposée à la critique sociale.
Perçue à la fois comme une discipline régnant sur les sciences sociales et comme productrice d'un discours normatif dictant aux hommes les règles de conduite à suivre en matière de vie en société, elle a évincé l'analyse critique de ses préoccupations. La seule critique dont elle est l'objet lui vient désormais de l'extérieur. C'est oublier que la science économique fut, de 1950 à la fin de la décennie soixante-dix, une discipline dans laquelle l'approche critique avait trouvé à se loger.
Ce livre propose une interprétation de l'implantation puis du déclin du marxisme en économie en France. Il couvre la période 1950-2000. Durant plus de vingt ans, l'économie marxiste, dans toute sa diversité et en dépit de ses conflits internes souvent intenses, a pu pénétrer une discipline jusque là réticente à l'idée de voir le marxisme enseigné dans les Facultés. Des conditions historiques, politiques et scientifiques ont rendu possible la visibilité sociale du marxisme.
Depuis le début des années quatre-vingt toutefois, la science économique a suivi l'orientation générale des sciences sociales, à savoir un rejet du discours marxiste. Plus qu'ailleurs cependant, la science économique a procédé à une éviction de ce discours critique. Elle a été aidée en cela par l'effondrement de l'Union soviétique et de ses satellites. Le livre de Thierry Pouch s'interroge donc sur les raisons du déclin du marxisme en économie et en tire les enseignements nécessaires à la compréhension de la spécificité de la science économique contemporaine.
Il invite par conséquent le lecteur à penser l'économie comme un savoir qui ne peut être dissocié de la société dans laquelle il est intégré.
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