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Les âmes grises

Couverture du livre « Les âmes grises » de Philippe Claudel aux éditions Le Livre De Poche
Résumé:

« Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se... Voir plus

« Elle ressemblait ainsi à une très jeune princesse de conte, aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. Ses cheveux se mêlaient aux herbes roussies par les matins de gel et ses petites mains s'étaient fermées sur du vide. Il faisait si froid ce jour-là que les moustaches de tous se couvraient de neige à mesure qu'ils soufflaient l'air comme des taureaux. On battait la semelle pour faire revenir le sang dans les pieds. Dans le ciel, des oies balourdes traçaient des cercles. Elles semblaient avoir perdu leur route. Le soleil se tassait dans son manteau de brouillard qui peinait à s'effilocher. On n'entendait rien. Même les canons semblaient avoir gelé.
« C'est peut-être enfin la paix... hasarda Grosspeil.
- La paix mon os !» lui lança son collègue qui rabattit la laine trempée sur le corps de la fillette. »

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Articles (1)

  • La Der des Ders : des livres incontournables pour mieux comprendre la Première Guerre mondiale
    Des livres incontournables pour mieux comprendre la Première Guerre mondiale

    La Grande Guerre ou Der des Ders qui dura quatre ans, de 1914 à 1918 est célébrée pour son centenaire en 2014. Cette terrible guerre a mobilisé nombre de soldats, qui s’ils revenaient du combat passaient la plupart du temps du qualificatif de « poilu » à celui de « gueule cassée ». De nombreux hommages sont rendus depuis le mois de janvier 2014. La littérature foisonne de témoignages et de romans sur cette première guerre mondiale, inspirant toujours les auteurs contemporains.

Avis (24)

  • Le roman débute en 1917, quelque part dans l'Est de la France, à quelques kms du front où la Grande Guerre se repait de chair fraîche, d'une jeunesse sacrifiée et de désastreuses stratégies militaires. Dans un village où la plupart des hommes ont été réquisitionnés à l'Usine, pour effort de...
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    Le roman débute en 1917, quelque part dans l'Est de la France, à quelques kms du front où la Grande Guerre se repait de chair fraîche, d'une jeunesse sacrifiée et de désastreuses stratégies militaires. Dans un village où la plupart des hommes ont été réquisitionnés à l'Usine, pour effort de guerre, cette guerre qu'ils ne voient pas, car elle est de l'autre côté du coteau, mais qu'ils entendent et sentent. Odeur du sang et de la mort.
    Et pendant que des hommes jouent leur vie, d'autres regardent ailleurs.
    Il débute au moment de "l'Affaire", à savoir l'assassinat d'une gamine de 10 ans surnommée "belle-de-jour", retrouvée un petit matin de décembre, au bord du canal.
    Voilà de quoi susciter des commentaires...et pour le juge Mierck et son acolyte Matziev, l'occasion d'exercer leur autorité de pacotille, au nom d'une justice faite pour les riches.
    Dans ce décor noir comme la nuit se joue certes la tragédie de l'assassinat de la fillette, mais bien d'autres drames aussi. Victimes collatérales pourrait-on dire....
    Ainsi,Lysia, la toute jeune institutrice fraîchement débarquée dans ce théâtre des atrocités ,deux "péquenots", déserteurs à point nommé (!) et puis Clémence , la femme du narrateur. Ce dernier est un policier qui tente désespérément de trouver la vérité et qui parallèlement cherche à recoller les souvenirs de sa vie au travers de notes. Et si le récit semble parfois décousu, c'est qu'il est à son image, éparpillé qu'il est en petits morceaux
    Et puis n'oublions pas l'énigmatique procureur Destinat, muré dans le silence de son château depuis le décès de sa femme.
    A vous de faire le lien entre ces différents personnages pour trouver le coupable !
    Ce roman fut pour moi un réel coup de coeur , émotionnel et littéraire. Et aussi un coup de poing.
    Ph. Claudel y fait une fine analyse de la "société de guerre" : d'un côté les pauvres gars partis au combat, de l'autre, ceux qui n'ont pas eu à s'offrir en pâture à la guerre immonde. D'un côté les petites gens , petite lâcheté; de l'autre, les notables, en l'occurrence représentants de la justice, cyniques et méprisants, la honte de l'espèce humaine. Car par-dessus tout subsiste les "règles du monde" !!
    Et puis, quel style ! Taillé au couteau, à la hache, efficace comme le canon, fourraillant la noirceur des âmes et ciselant au scalpel le désespoir des innocents...et des autres...
    Et, dans ce chaos de cruauté, des fulgurances de lumière, de délicatesse et de légèreté, toutes féminines. Alors merci à Lysia, Clémence et "belle-de-jour" de permettre cet hymne à la beauté et à la douceur.
    Petits miracles fugitifs.
    Les mots de Ph. Claudel se font alors caressants, transparents, lyriques. De la poésie à l'état pur. Un véritable émerveillement. Une respiration au coeur de l'insoutenable.
    Merci Monsieur Claudel pour cette descente vertigineuse dans le tréfonds des âmes grises
    "rien n'est tout noir ni tout blanc, c'est le gris qui gagne".

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  • Après une première partie difficile, j’ai eu du mal à comprendre l’engouement pour ce livre. C’était un peu longuet, et puis c’est Philippe Claudel, tout n’est pas dit, mais suggéré, ou dit plus tard. Et puis ce livre qui commence comme pourrait commencer un polar n’en est pas un du tout. Bien...
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    Après une première partie difficile, j’ai eu du mal à comprendre l’engouement pour ce livre. C’était un peu longuet, et puis c’est Philippe Claudel, tout n’est pas dit, mais suggéré, ou dit plus tard. Et puis ce livre qui commence comme pourrait commencer un polar n’en est pas un du tout. Bien sûr on veut savoir qui est le coupable, l’esprit est ainsi fait qu’on a besoin de réponse. Alors au début j’hésitais. Et puis, sans m’en rendre compte, sans faire vraiment exprès, je suis entrée dans cet univers. Ces touches de couleurs, qui apparaissent par ci par là, et le gris. Les âmes bien sûr, ni toutes blanches ni toutes noires, mais aussi toute l’ambiance du livre. Et lorsque je l’ai refermé, j’étais… soufflée. Vous savez, c’est le genre de livre qui, même refermé, vous accompagne encore quelques heures. Ce genre de livre où l’on se dit « mais qu’est ce qu’on aurait pu faire pour que ça se passe différemment?? » (Rien, je sais, c’est l’auteur le chef. Ou les personnages, parfois, on se le demande…).

    Voilà. J’ai donc fini ce livre hier soir, et ce matin encore, j’y pense encore un peu.

    Le livre a été adapté en film, tourné pas si loin de chez moi. Mais alors vu l’expérience du livre, je vous le dis, je passe mon tour, je suis pas sûre de me remettre de la fin!

    https://stephalivres.wordpress.com/2018/11/12/les-ames-grises-philippe-claudel/

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  • Une ambiance lugubre dans ce village maudit
    *
    Mais alors quelle atmosphère brumeuse et mélancolique dans ce roman rural. Tout au long de ma lecture, je me suis sentie comme une petite souris qui se faufile dans les maisons et espionne tout ce petit monde. le narrateur est un vieux gendarme, le...
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    Une ambiance lugubre dans ce village maudit
    *
    Mais alors quelle atmosphère brumeuse et mélancolique dans ce roman rural. Tout au long de ma lecture, je me suis sentie comme une petite souris qui se faufile dans les maisons et espionne tout ce petit monde. le narrateur est un vieux gendarme, le "shérif du coin", déversant ses Confessions, se centrant sur l'Affaire.
    Qu'est-ce donc cette Affaire? Ah mes chers lecteurs, vous l'apprendrez bien tôt si vous entrouvrez ce "fait-divers régional" (fictionnel) qui a défrayé la chronique d'un village de province durant l'hiver 1917.
    Vous l'aurez compris, cette tragédie se déroule durant la 1ère guerre mondiale. Une période bien sombre qui fait écho avec ce crime sordide.
    *
    Plutôt que de présenter l'enquête sous une forme classique, l'auteur a préféré nous raconter la vie de ces villageois dans leur quotidien avec leurs faiblesses et leurs vices. Les notables, les soldats déserteurs, les "petites gens", tout le monde y passe. Ni noire, ni blanche, mais grise. Oui, l'âme grise. Une noirceur tapie au fond de chacun, dans d'infinies nuances de gris.
    *
    Une écriture tellement juste, si imagée que j'ai visualisé les scènes. Il paraît qu'une adaptation en film a été faite, mais je n'en ai pas eu besoin.
    Malgré un début un peu lent, je me suis laissée emporter par la voix du narrateur. Je suis passée par de l'incompréhension, au doute, à la peur, à la pitié, à la colère. Mais pas à la quiétude.
    *
    Noir, sombre, inquiétant, troublant, mais authentique.
    Oui, la petite souris a appris, a réfléchi et a mal digéré la fin (émouvant).
    Et ce crime qui n'est pas résolu (m'enfin!)

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  • Durant la guerre 14-18, une fillette a été assassinée dans un village. Le narrateur, alors policier, nous dissèque admirablement les âmes de ce village qu'il est fait rentrer une par une dans l'histoire. Elles sont ni blanches, ni noires mais grises. Une description des personnages faite avec...
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    Durant la guerre 14-18, une fillette a été assassinée dans un village. Le narrateur, alors policier, nous dissèque admirablement les âmes de ce village qu'il est fait rentrer une par une dans l'histoire. Elles sont ni blanches, ni noires mais grises. Une description des personnages faite avec justesse et profondeur et qui nous donne l'impression de les connaître. Un très beau roman, merveilleusement bien écrit

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  • Un de mes 3 auteurs préférés alors quoi dire de plus,

    Un de mes 3 auteurs préférés alors quoi dire de plus,

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  • Très bien adapté au cinéma par Yves Angelo et Philippe Claudel lui-même, ce roman plonge le lecteur dans un monde profondément marqué par la guerre dont on entend l’écho lointain tout au long du livre. Le narrateur est un policier mais on ne l’apprend que tardivement. Tous les personnages...
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    Très bien adapté au cinéma par Yves Angelo et Philippe Claudel lui-même, ce roman plonge le lecteur dans un monde profondément marqué par la guerre dont on entend l’écho lointain tout au long du livre. Le narrateur est un policier mais on ne l’apprend que tardivement. Tous les personnages correspondent bien au titre sauf Belle, la plus jeune des trois filles de Bourrache, le patron du restaurant où mangeait le procureur Pierre-Ange Destinat. En 1917, il est à la retraite depuis un an.

    Ce premier décembre 1917, par « un temps de Sibérie », le corps de la petite (10 ans) que l’on appelle Belle de jour, est retrouvé sans vie, dans l’eau, près du mur de clôture du château : « Elle ressemblait à une princesse de conte aux lèvres bleuies et aux paupières blanches. » L’intrigue est lancée et le roman va se dérouler dans une ambiance des plus pesantes avec des personnages d’un autre siècle que l’auteur campe remarquablement.
    Le contexte social est bien décrit aussi avec ce château et cette propriété dont a hérité Destinat, descendant d’un industriel. Destinat est veuf et n’a gardé qu’une cuisinière. L’usine est toujours là et ses 800 ouvriers sont réquisitionnés pour le service civil : « Huit cents gaillards qui, chaque matin, sortiraient d’un lit chaud, de bras endormis, et non d’une tranchée boueuse, pour aller pousser des wagonnets plutôt que des cadavres. La bonne aubaine ! »
    Arrive enfin Lysia Verhareine, jeune et belle femme, pour remplacer l’instituteur à l’esprit dérangé, surnommé Le Contre qui avait remplacé Fracasse, le titulaire parti au front. « La guerre déroulait son petit carnaval viril sur des kilomètres et de là où nous étions, on aurait pu croire à un simulacre organisé dans un décor pour nains de cirque. »
    Les premiers convois de blessés arrivaient dès septembre 1914 : « je parle des vrais blessés, de ceux qui n’avaient plus pour chair qu’une bouillie rougeâtre et qui étendus dans les camions sur des civières pouilleuses râlaient doucement… »
    Deux déserteurs se révèlent des coupables idéaux pour le juge Mierck et le colonel Matziev, chargés de l’enquête et qui ne reculent devant aucun moyen pour obtenir des aveux. Pendant ce temps, Clémence, l’épouse du narrateur, vit des moments très difficiles… La guerre est terminée. On inaugure le monument aux morts le 11 Novembre 1921 et on découvre les lettres de Lysia…

    Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/

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  • http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/08/les-ames-grises-de-philipe-claudel.html

    Un homme dont on comprend plus tard qu’il est policier noircit des feuilles pour raconter une histoire qui le hante et dont il a rassemblé les éléments sur de nombreuses années. Le narrateur est également...
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    http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/08/les-ames-grises-de-philipe-claudel.html

    Un homme dont on comprend plus tard qu’il est policier noircit des feuilles pour raconter une histoire qui le hante et dont il a rassemblé les éléments sur de nombreuses années. Le narrateur est également obsédé par sa femme Clémence qui est décédée en 1917.

    L’histoire commence en 1917, dans un village dont la localisation précise n’est pas donnée. Une fillette de 10 ans, très belle, surnommée « Belle de jour » est retrouvée assassinée, c’est la fille du restaurateur du village.

    Nous sommes en 1917 mais Philippe Claudel ne fournit que très peu d’éléments historiques, la guerre est juste en toile de fond, les habitants du village où se situe l’action vivent normalement, on sait seulement que le village est épargné par la guerre qui fait rage de l’autre côté du coteau d’où émanent des bruits de canon, les villageois voient simplement arriver à la clinique des soldats blessés.

    Ce roman est un roman d’atmosphère dans lequel Philippe Claudel brosse le portrait de multiples personnages , un juge et un colonel deux monstres odieux "faits du même bois pourri", un gendarme plein de culpabilité, le maire et sa servante qui se souviennent... une jeune et belle institutrice venue se rapprocher de son fiancé au combat et qui est logée dans une dépendance de la maison du procureur, deux déserteurs que la foule est prête à lyncher...

    Et surtout, un procureur froid, taciturne et mystérieux qui habite dans une grande demeure appelée par tous le "château" et qui a arrêté de vivre après la mort de sa femme, il survit en exerçant son métier sans autre but dans la vie.

    Le style narratif original : le narrateur écrit sans ordre chronologique, un peu comme s’il écrivait en suivant ses pensées dans le désordre avec beaucoup de retours en arrière, créant un habile suspense.

    Le crime et la guerre servent de prétexte à dresser à une étude et une critique de la société de l’époque par le biais du portrait de ces âmes grises qui peuvent faire à la fois le bien et le mal.

    J’ai adoré cette histoire passionnante. Philippe Claudel a le don d’écrire des histoires à la portée universelle et son écriture est toujours aussi prenante.

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  • Qui est ce narrateur ? Quelle est cette Affaite ? Qui sont ces âmes grises ?
    Les questions se bousculent et s’entremêlent et l’auteur nous fait languir pour donner les réponses.
    Le narrateur, plutôt passif, nous transmet ses observations, usant des sa mémoire et des témoignages qu’il a...
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    Qui est ce narrateur ? Quelle est cette Affaite ? Qui sont ces âmes grises ?
    Les questions se bousculent et s’entremêlent et l’auteur nous fait languir pour donner les réponses.
    Le narrateur, plutôt passif, nous transmet ses observations, usant des sa mémoire et des témoignages qu’il a recueillis.
    Le puzzle se construit doucement, pièce par pièce
    C’est la guerre, pourtant les habitants de ce village sont épargnés. Ils ne sont pas au front, mais à l’usine. Pas loin, le bruit des canons gronde. Des drames se jouent sur place : le suicide de la jeune institutrice, et le corps étranglé de la petite Belle de jour.
    Les habitants sont passés au scalpel. Il y en a d’odieux et d’autres lumineux.
    Les âmes ne sont ni blanches ni noires, elles sont grises, et ce gris varie du plus clair au plus foncé.
    C’est un livre fort, visuel, olfactif, sensible. Les personnages sont plus vrais que nature.
    Philippe Claudel réussit à nous immerger complètement dans l’ambiance trouble et oppressante de ce village

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