A la fin de l'année 2OO4, une centaine de journaux ont publié « Marlboro Man' à Falloujah » la photo d'un jeune Américain soldat en Irak, visage maculé de sang, une cigarette accrochée aux lèvres. Revenu dans sa région natale, il reste atteint d'un syndrome post-traumatique, diagnostique partagé par des dizaines de milliers de combattants qui traversent désormais un monde habité par des souvenirs douloureux reprenant vie à l'improviste.
Durant trois jours et trois nuits, Black Jack s'obstine à ne pas quitter sa chambre, sans pour autant trouver le sommeil. Des accès de délire émergent du néant comparable à celui qui envahit la Louisiane, où son unité porta secours après l'ouragan Katrina. Il s'attarde en vain sur les jours passés avec Jessica, partie trois jours après leur mariage. Il laisse son regard s'enfuir à la dérive sur les paysages familiers du Kentucky, traversé jour et nuit pat les camions acheminant le charbon et le minerai des Appalaches. Un soir, il cède à l'appel du vide.
Désormais, la nature semble l'accueillir. Assis devant la maison de sa grand-mère, où selon les époques, cette femme a retrouvé là des hommes détruits après les combats en Corée, au Vietnam, son propre périple en Irak ne lui paraît guère plus glorieux que celui du chat revenu d'une chasse nocturne.
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