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La décision

Couverture du livre « La décision » de Britta Bohler aux éditions Stock
  • Date de parution :
  • Editeur : Stock
  • EAN : 9782234077447
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

En 1933, Thomas Mann quitte Munich pour un voyage d'agrément en Suisse, avec sa femme Katia et les petits. Pendant ce temps, dans la patrie, le monde s'écroule. C'est le début de l'exil... Un exil d'abord résigné, jusqu'à ce jour de février 1936 où Thomas Mann se résout à condamner publiquement... Voir plus

En 1933, Thomas Mann quitte Munich pour un voyage d'agrément en Suisse, avec sa femme Katia et les petits. Pendant ce temps, dans la patrie, le monde s'écroule. C'est le début de l'exil... Un exil d'abord résigné, jusqu'à ce jour de février 1936 où Thomas Mann se résout à condamner publiquement le régime nazi dans une lettre qu'il destine au Neue Zürcher Zeitung.
Lorsque le roman s'ouvre, Thomas Mann pénètre dans l'enceinte du journal pour remettre la lettre à son ami Korodi, mais ce dernier est souffrant et la publication retardée de trois jours. Trois longs jours durant lesquels le doute va s'emparer de lui. Peut-on continuer à être un écrivain lorsqu'on a perdu la reconnaissance de sa patrie, de ses lecteurs ? En tant que père a-t-on le droit de mettre en péril la vie des siens ? Mais en tant qu'homme et citoyen, « lorsqu'on hait le mal de toute son âme, on devra dire adieu au pays natal »...

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Avis (8)

  • lu par Elysabeth

    L’auteure nous fait suivre l’exil de Thomas Mann qui décide de quitter l’Allemagne en 1933. Au fil des pages, Thomas Mann s’interroge sur l’opportunité de dénoncer le nouveau régime qui règne en Allemagne. Ses doutes quant à la nécessité ou non de publier dans un journal une...
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    lu par Elysabeth

    L’auteure nous fait suivre l’exil de Thomas Mann qui décide de quitter l’Allemagne en 1933. Au fil des pages, Thomas Mann s’interroge sur l’opportunité de dénoncer le nouveau régime qui règne en Allemagne. Ses doutes quant à la nécessité ou non de publier dans un journal une lettre de condamnation du régime nazi. Trois longs jours d’hésitation, de doute, de certitude avant la décision.

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  • Dans ce roman, Britta Böhler nous invite à explorer la vie intime de Thomas Mann à travers trois jours qui vont marquer sa vie.
    Ici, la romancière propose de découvrir l’intimité de l’homme à un moment de sa vie où il est le plus fragile, c’est-à-dire quand il est parti d’Allemagne en 1933...
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    Dans ce roman, Britta Böhler nous invite à explorer la vie intime de Thomas Mann à travers trois jours qui vont marquer sa vie.
    Ici, la romancière propose de découvrir l’intimité de l’homme à un moment de sa vie où il est le plus fragile, c’est-à-dire quand il est parti d’Allemagne en 1933 pour ce qu’il croyait être un voyage d’agrément en Suisse et sans dire adieu à sa patrie.
    Or le livre commence en février 1936 à Zurich et le romancier supporte mal son exil. Sous la pression de son entourage, il se résout à publier une lettre de protestation contre le régime nazi dans le « Neue Zücher Ziung » un des plus importants journaux de langue allemande de l’époque.
    Le roman s’ouvre le jour où Thomas Mann dépose cette lettre à la rédaction :
    « Avec un frisson, il avait repensé à cette parole prophétique de Heine : ce n’était qu’un prélude, là où l’on brûlait des livres, on finissait par brûler des gens ».
    Mais le rédacteur en chef qui doit prendre connaissance de sa lettre avant publication est souffrant et sera absent trois jours.
    La publication sera donc retardée. Trois jours de terrible doute pour l’écrivain.
    Thomas Mann se révèle dans sa fragilité. En exil, ses amis, les honneurs et sa maison familiale lui manquent. Il sait que publier cette lettre signifie tourner le dos à l’Allemagne pour toujours et aussi perdre ses lecteurs.
    Et qu’est-ce qu’un écrivain sans ses lecteurs ? Et un père qui mettrait en péril la vie des siens ? En tant qu’homme, père et citoyen, sa décision, aussi difficile soit elle, est finalement sans appel, car « lorsqu’on hait le mal de toute son âme, on devra dire adieu à son pays natal. »
    Dans ce premier roman, Britta Böhler invite à explorer la vie intime de Thomas Mann à travers trois jours qui vont marquer sa vie. Elle réussit avec brio à donner à cet immense écrivain, l’air d’un homme ordinaire en proie à ses doutes, à ses peurs, à ses chagrins et nous le rend profondément humain.
    « La décision » est un premier roman très réussi.

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  • Beaucoup de nostalgie dans ce livre, de questionnement. Je ne vais pas raconter l’histoire juste quelques mots : on est en 1933, un écrivain thomas Mann part en vacances en Suisse avec sa famille et ne rentrera plus en Allemagne. Un exil non choisi mais forcé. Il ne se reconnait pas dans cette...
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    Beaucoup de nostalgie dans ce livre, de questionnement. Je ne vais pas raconter l’histoire juste quelques mots : on est en 1933, un écrivain thomas Mann part en vacances en Suisse avec sa famille et ne rentrera plus en Allemagne. Un exil non choisi mais forcé. Il ne se reconnait pas dans cette Allemagne d’Hitler. Nostalgie car il se remémore les moments de bonheur dans son pays. Il décide d’écrire une lettre qui doit être publiée où il dénonce le régime nazi. Ses questionnements, lui écrivain de renom doit ’il s’engager politiquement, ne risque-t-il pas de précipiter sa chute, de mettre sa famille en danger, de devoir renoncer à retourner un jour dans sa patrie ? Le livre se poursuit sur ses hésitations, pesant le pour et le contre, reportant la date de la parution de sa lettre. Son indécision est compréhensive. Un livre court de 200p, mais efficace, des questionnements que chacun de nous peut avoir un jour à se poser dans des circonstances moins dramatiques bien sûr. Quelques pages où l’auteur compare Wagner et Hitler. Wagner convaincu très jeune de sa grandeur, de la certitude d’être un génie « Dans 50 ans, je régnerai sur le monde musical, et Hitler qui a ensorcelé son peuple, ce Wagnérien qui s’illustre dans la politique….Oui il y a beaucoup de Hitler en Wagner » et vice versa. J’ai aimé ce livre car il m’a permis de me poser les mêmes questions aurais-je été capable de tout mettre en péril pour une lettre qui nous le savons ne changera pas le court de l’histoire ? Mais au moins quelque chose est tenté, le regard sur soi sera différent. En conclusion personne ne peut lui prendre sa patrie, sa nationalité, il est et restera Allemand. A lire pour tous ces questionnements. Une écriture sobre, claire et efficace, les bonnes questions sont posées.

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  • Février 1936. Thomas Mann (Prix Nobel de littérature en 1929) a 61 ans et est installé depuis trois ans à Küsnacht dans une maison au-dessus du lac de Zurich en Suisse. Il décide de rédiger une lettre où il condamne publiquement le régime nazi dirigé par Hitler, "un chien entraîné pris de...
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    Février 1936. Thomas Mann (Prix Nobel de littérature en 1929) a 61 ans et est installé depuis trois ans à Küsnacht dans une maison au-dessus du lac de Zurich en Suisse. Il décide de rédiger une lettre où il condamne publiquement le régime nazi dirigé par Hitler, "un chien entraîné pris de folie."

    Mais la parution de cette lettre dans le quotidien zurichois Neue Zürcher Zeitung peut avoir de lourdes conséquences : "Ses livres seraient interdits en Allemagne et lui inévitablement déchu de sa nationalité. Soit ! De toute façon le retour en Allemagne est exclu. Cependant la perte du lectorat allemand n'est pas une chose à prendre à la légère."
    C'est pourquoi Thomas Mann va douter durant trois jours de cette initiative. Peut-on continuer à être un écrivain lorsqu’on a perdu la reconnaissance de sa patrie, de ses lecteurs ? En tant que père a-t-on le droit de mettre en péril la vie des siens ?

    Britta Böhler nous fait partager la vie familiale de ce grand écrivain allemand. Durant ces trois jours il évoque ses souvenirs, ses projets littéraires (le 3e tome sur "Joseph", un roman sur Goethe), sa relation avec son grand frère Heinrich et son éditeur Bermann, ses angoisses...

    Très bien écrit et parfaitement maîtrisé, "La décision" est un premier roman totalement réussi.

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  • Explorateurs de la rentrée littéraire - avis de la page 57 (livre court)

    Le vendredi 31 janvier 1936, Thomas Mann, écrivain allemand exilé à contre-coeur en Suisse, sort des bureaux du journal "Neue Zürcher Zeitung" où il vient de déposer une lettre dénonçant publiquement le régime nazi. Il...
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    Explorateurs de la rentrée littéraire - avis de la page 57 (livre court)

    Le vendredi 31 janvier 1936, Thomas Mann, écrivain allemand exilé à contre-coeur en Suisse, sort des bureaux du journal "Neue Zürcher Zeitung" où il vient de déposer une lettre dénonçant publiquement le régime nazi. Il doit attendre trois jours pour que cette lettre soit publiée. Et ces trois jours d'attente vont être trois jours d'angoisse. A ce moment de la lecture, Thomas Mann revient sur le déroulement de son exil depuis 1933, son passage en France, son installation en Suisse, son regard sur les changements politiques en Allemagne qu'il ne peut observer que passivement. On pénètre surtout dans le quotidien du Prix Nobel de Littérature et à ses pensées les plus intimes, grâce au discours indirect libre utilisé par l'auteur. Tout en douceur, j'ai hâte de continuer la lecture sur la vie de l'écrivain et de sa famille, en attendant la fameuse décision..

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    • julie quiedeville le 24/08/2014 à 22h29

      « On part innocemment en vacances et, avant même de s’en rendre compte, on n’a plus de patrie ».

      « Avec un frisson, il avait repensé à cette parole prophétique de Heine : ce n’était qu’un prélude, là où on brûlait des livres, on finissait par brûler des gens ».

      Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ce roman c'est tout d'abord son sujet, l'époque délicate à traiter de manière subtile et l'atmosphère très particulière que l'auteur a réussi a re-créer sans trop en faire.

      En ce qui concerne le style, le coté "huis clos" est tres anxiogène et le fait que la narration ne couvre que trois jours, lors de son "emprisonnement suisse", est très original.

      Le choix d'un narrateur véritable figure historique est très intéressant et l'auteur parvient à aller au-delà de cette image de personnage public et de nous faire pénétrer dans son intimité. En effet, un point positif majeur de cette oeuvre est que la toile de fond historique de prend pas complètement le pas sur l'intimité de Mann, ses pensées, sa vie de famille et son ressenti personnel face à l'Histoire en marche

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  • Thomas Mann, prix Nobel de littérature est confronté à un dilemme cornélien : doit-il condamner publiquement le régime hitlérien, privilégier sa conviction et sa conscience au détriment de ses racines ? Son destin peut basculer et entraîner dans sa chute famille et maison d’édition !
    Britta...
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    Thomas Mann, prix Nobel de littérature est confronté à un dilemme cornélien : doit-il condamner publiquement le régime hitlérien, privilégier sa conviction et sa conscience au détriment de ses racines ? Son destin peut basculer et entraîner dans sa chute famille et maison d’édition !
    Britta Buhler présente un homme tourmenté à l’heure du choix ; l’écriture très intimiste happe le lecteur. Mon attention est au zénith ! .

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    • gabala le 19/08/2014 à 08h56

      Thomas Mann, prix Nobel de littérature est en exil en Suisse depuis la montée du fascisme.
      Il est moins angoissé par la page blanche que par un choix de vie. Pour rester cohérent avec ses idées, il veut condamner publiquement le gouvernement nazi ce qui signifie oublier sa patrie et devenir définitivement un émigré.
      Britta Buhler explore avec justesse les tourments d’un homme qui balance depuis trois ans entre deux postures et doit lever l’équivoque : Au travers du travail d’une vie de l’écrivain, nous découvrons le quotidien de ce grand homme et sa face cachée révélée plus tard par la publication de ses journaux intimes.
      L’évolution du rapport à la politique d’un intellectuel est décrite avec précision. Préférant l’écriture à la vie, Thomas Mann parviendra-t-il à résoudre sa nouvelle équation personnelle ?
      Une première œuvre témoignant d’une grande maîtrise avec l’immense mérite d’évoquer une figure historique comme un voyage à fleur d’homme

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  • Le rendez vous de la page 100

    Germanophile par mes origines et la proximité de l'histoire allemande de ma Lorraine natale, les écrits et les destins de la famille Mann me sont assez familiers et les premières page de ce qui me paraît être un bon cru ne sont pas sans me rappeler le témoignage...
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    Le rendez vous de la page 100

    Germanophile par mes origines et la proximité de l'histoire allemande de ma Lorraine natale, les écrits et les destins de la famille Mann me sont assez familiers et les premières page de ce qui me paraît être un bon cru ne sont pas sans me rappeler le témoignage d'un autre écrivain au destin tragique ; Stephan Zweig.
    Dans ce récit, on peut dire qu'à l'image de nombre de ses contemporains, Thomas Mann n'a pas senti venir et s'installer l'horreur nazie dans son Allemagne natale et encore plus dans sa ville de Munich; pourtant le cadre du premier putsch raté d'Adolphe Hitler.
    A ce stade de ma lecture, Thomas Mann, en exil forcé en Suisse, commence à se rendre compte de l'horreur de ce régime et à presque se résoudre, en tant qu'auteur allemand auréolé par son récent prix Nobel de Littérature, à témoigner par une lettre publique à ses compatriotes contre le régime hitlérien. Il est plongé dans les affres de la crainte de perdre son prestige (accessoirement les ressources financières confortables de ces livres) auprès du peuple allemand ou de faire preuve de probité et de courage.
    Retour en arrière sur son parcours , la profonde relation qui l'unit à son épouse, les dissensions sur l'attitude à adopter face à Hitler avec ses frères, l'importance de son rôle de père de famille, Thomas Mann, bien qu'il ait déjà donné sa lettre de rupture avec son pays natal à la presse, hésite encore à la laisser publier....

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    • Olivier BIHL le 27/08/2014 à 14h56

      Après avis page 100, l'intégralité de mes commentaires à la fin de la lecture ;
      Nouvelle pierre à l’édifice de la connaissance des sentiments contraires qui animèrent l’Allemagne aux prémices de la conquête du pouvoir du parti nazi et d’Adolf Hitler ; à savoir la soumission forcée, l’adhésion volontaire ou non à travers un symbole de la littérature allemande et le Prix Nobel de Littérature ; Thomas Mann.
      C’est au moment où ayant quitté Munich (ville symbolique pour Hitler) pour une installation en Suisse afin de voir l’état de santé de son épouse souffrante s’améliorer et alors qu’il est pressé de toute part de prendre position politiquement, à l’encontre de ses convictions profondes que l’auteur des « Buddenbrook », hésite encore à dénoncer le régime nazi, c’est du moins le point supposé de départ du roman de Britta Böhler. Loin du monologue, l’auteure nous offre un vrai suspense et une biographie partielle de Thomas Mann.

      • Trame et personnages :
      Ce roman est une fidèle représentation de l’Allemagne à une année charnière ; 1936.
      C’est l’occasion pour nous de découvrir le contexte d’une époque, le quotidien, l’intimité et l’histoire familiale d’un très grand écrivain. Le portrait dressé est vivant, pertinent et tout sauf terne.
      De Suisse où Thomas Mann réside depuis trois ans pour préserver la santé de son épouse, à l’image de l’élite intellectuelle et sociale allemande, il fait le constat que la prise du pouvoir pat les nazis et Adolphe Hitler est arrivée à un stade irréversible et que personne ne l’a sentit venir. Partagé entre patriotisme, attachement à la terre natale, nostalgie, sa position que la littérature ne doit pas s’engager politiquement, reconnu mondialement comme la référence littéraire et culturelle, son Prix Nobel et les engagements politiques contraires de sa famille, Thomas Mann rédige une lettre de condamnation du régime nazi dans les journaux qui devrait le propulser dans l’opposition politique et à l’encontre d’une partie croissante de ses compatriotes.
      Perdu entre ses contradictions, la pression familiale, la crainte d’être considéré comme un traitre à la patrie, d’être un paria et de perdre aussi ses revenus, Britta Böhler fait de Thomas Mann, un homme qui revient sur son passé, ses racines, cherchant à comprendre ce qui a pu entraîner l’Allemagne dans ces excès, réalisant combien le passé heureux n’est plus, constatant les premières exactions (on est à deux ans de la Nuit de Cristal et les idées de « Mein Kampf » sont largement diffusées. Tous ses chers concepts classiques ne sont plus et l’Allemagne qu’il a connu et dont il est aux yeux de ses compatriotes comme du monde le symbole a définitivement perdu. Tel un condamné, il va lui falloir s’engager et de la manière la plus sincère et forte.
      • Contexte et véracité historique :
      Pour moi on est tout simplement dans un contexte historique avéré et fidèle à l’Histoire, les faits évoqués, les personnages présentés (la famille Mann, Wagner, les cabarets) sont parfaitement rendus et les dilemmes ou débats intimes vivant et passionnément compréhensibles.
      • Sentiment global au terme de la lecture :
      Riche roman biographique, parfaite illustration d’une époque, un Thomas Mann dont on imaginait mal qu’il soit si humaine et traversé de sentiments contraires. Roman à caractère biographique c’est aussi un livre qui fait réfléchir sur le rôle que doit jouer ou non la littérature dans la politique (soutien ou opposant d’un régime ?).
      Ma note : 15 / 20

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  • Le rendez-vous de la page 100 d'une exploratrice de la rentrée

    L'atmosphère pesante de l'exil...C'est le décor dans laquelle débute La décision, un beau roman qui met en scène l'écrivain Thomas Mann, exilé à Zürich avec sa famille après la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne. Toute la vie...
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    Le rendez-vous de la page 100 d'une exploratrice de la rentrée

    L'atmosphère pesante de l'exil...C'est le décor dans laquelle débute La décision, un beau roman qui met en scène l'écrivain Thomas Mann, exilé à Zürich avec sa famille après la prise de pouvoir d'Hitler en Allemagne. Toute la vie de cet homme repose sur l'écriture. C'est elle qui l'inspire, qui féconde ses pensées et qui donne un sens à son action. Eloigné du pays qu'il chérit, souffrant de voir ce que la régime nazi fait endurer à sa patrie, pressé par certains de ses proches, l'homme a décidé d'écrire une lettre ouverte pour dénoncer ce régime qu'il honnit. La lettre pourrait paraître au grand jour dans un quotidien suisse. Sa publication entraînerait de graves conséquences pour sa famille et lui-même, et plus que tout pour ses oeuvres. Il a trois jours pour se décider. Ira-t-il jusqu'au bout de cet acte irréversible?
    Dans une unité de temps et d'action proches du confinement, l'auteur nous fait voyager dans le passé de ce brillant homme de lettres, nous faisant vivre ses doutes, ses peurs, ses espoirs. On ne pourra déposer ce livre sans l'avoir lu entièrement pour partager avec Thomas Mann sa décision, la décision de toute une vie.

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    • Claire Baratte le 19/08/2014 à 11h22

      Chronique

      Comme son titre l'indique, ce roman est celui d'un choix grave: celui que l'écrivain allemand Thomas Mann fut amené à prendre en 1936, après trois années d'exil hors de son pays sur lequel Hitler régnait alors en maître.
      En vacances en Suisse avec sa famille au moment de la prise de pouvoir des nazis, Thomas Mann a fait le choix de rester à l'étranger d'où il continue à écrire. Tous ses biens ont été confisqués, mais ses écrits continuent à être publiés en Allemagne. Souffrant de l'exil, malheureux de voir le sort qu'Hitler réserve à sa patrie qu'il chérit, Thomas Mann écrit une lettre pour condamner publiquement le régime nazi. La publiera-t-il ou non? Les conséquences pour sa famille et sa carrière seraient terribles et irrévocables. Il serait à jamais banni d'Allemagne et ses oeuvres y seraient interdites. Mais peut-il pour autant continuer à vivre en exil sans condamner fortement le régime d'Hitler alors qu'il est un écrivain reconnu dont on se doit d'attendre une prise de position publique?

      Ce livre est beau. J'ai aimé l'originalité de cette intrigue qui donne vie à un écrivain sur lequel on a déjà pourtant tant écrit. Sans verser dans la biographie, ni dans l'analyse littéraire des oeuvres de Thomas Mann, Britta Böhler nous donne à voir la profonde humanité de cet homme sur lequel elle s'arrête à un moment précis de sa vie. Durant trois jours seulement, mais trois jours si pleins et si intenses, nous vivons avec cet homme et nous partageons les affres de sa réflexion, réflexion qui le mènera à prendre une décision susceptible de changer le cours de son existence.
      Nous découvrons un homme méticuleux, au quotidien soigneusement ordonné, qui comme chacun a ses petites manies, ses moments d'agacement, mais qui est en même temps un homme attachant, époux affectueux et père attentionné. Voir l'homme ordinaire qui se cache derrière cette figure de la littérature allemande du XXème siècle lève le voile sur tous ces écrivains célèbres dont on oublie souvent que loin d'être de purs esprits, ils ont été avant tout des hommes de chair, avec leurs petitesses et leurs grandeurs. Britta Böhler nous rend terriblement proche cet homme capable de ne pas trouver la concentration après un déjeuner trop copieux, ou de maugréer dans un bureau mal rangé par une femme de ménage peu attentive. Elle joue avec la répétition de son quotidien aux horaires immuables pour nous faire revivre dans le même temps des pans entiers du passé de Thomas Mann, revenant par bribes à sa mémoire au fil de ces jours si pénibles où il ne sait pas quel choix faire.
      Certains pourront trouver quelques longueurs dans la description somme toute fastidieuse de ces journées solitaires rythmées par le travail, les repas, la sieste et la promenade pour dégourdir les pattes du chien Toby. Mais il me semble qu'il faut trouver justement dans cette apparente monotonie (qui fait paraître si longues ces trois journées) toute la profondeur du cheminement de Thomas Mann, qui bien qu'entouré des siens est douloureusement seul face à l'importance de la décision qu'il doit prendre. La beauté de ce roman réside précisément dans ce contraste saisissant qui nous tient en haleine jusqu'à la dernière page, où enfin serein et sûr de ce qu'il doit faire, l'écrivain prend enfin la décision qu'il sait être juste.

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