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Hard memories ; en hommage à Jean Baudrillard

Couverture du livre « Hard memories ; en hommage à Jean Baudrillard » de Michel Neyraut aux éditions Sens Et Tonka
Résumé:

Dans ce texte prononcé lors de la manifestation « Baudrillard is back », à Reims, en 2009, le psychanalyste Michel Neyraut rend hommage à son ami de jeunesse et camarade de lycée en évoquant quelques-uns de leurs souvenirs communs.

« Nous nous sommes connus à la libération de Reims, en classe... Voir plus

Dans ce texte prononcé lors de la manifestation « Baudrillard is back », à Reims, en 2009, le psychanalyste Michel Neyraut rend hommage à son ami de jeunesse et camarade de lycée en évoquant quelques-uns de leurs souvenirs communs.

« Nous nous sommes connus à la libération de Reims, en classe de seconde avec Olivier Reboul. Les cours avaient encore lieu au lycée de jeunes filles avenue Jean-Jaurès. ¶ Puis nous sommes revenus au lycée de garçons, rue de l'université, en première avec Boutet de Monvel. En philo enfin avec Emmanuel Peillet.
¶ Le style de Jean était reconnu de tous. Sa phrase magistrale, concise, synthétique, avançait déjà dans les idées comme l'étrave d'un destroyer. ¶ Nous ne refaisions pas le monde, il avait l'air de s'en charger tout seul ! En revanche nous l'examinions avec la férocité de nos seize ans. ¶ Critilo, un des personnages de Bal thasar Gracian traverse la France qu'il appelle «le désert d'hypocrinde, uniquement peuplé d'hypocrites et de cancres ». Nous étions déjà de cet avis. Mais le véritable livre qui habitait notre adolescence, était celui de John Steinbeck, Tortilla flatt, où l'on voyait les pêcheurs estimant que le pois son mord de préférence le matin, croisant ceux qui pensent qu'il mord plus volontiers le soir. ¶ Le plus souvent, nous étions trois : le Baron, alias Jean-Marc Segrestaa ; le Chanoine, dit Jean Baudrillard; et le Filousophe, alias votre serviteur. Nous partions des Halles de Paris, du Pavillon Baltard. Les camions allaient et venaient marchant au gazogène, par toute la France et surtout vers le midi. Nous exigions de n'être jamais séparés. Un jour que nous étions au bord de la route, nous avons interrogé le baron :
- Baron qu'allons nous devenir ?
- Toi, le Chanoine, (c'est-à-dire Jean Baudrillard), tu seras célèbre dans le monde entier ! Toi, le Filousophe, tu seras connu de tout Paris et de la France entière. » [...] « Un jour je suis allé l'écouter à Nanterre. C'était du temps de Henri Lefebvre. J'ai retrouvé le penseur qu'il n'avait cessé d'être, l'expéri mentateur, naviguant dans son émerveillement du monde, étonné toujours, méditant sur son siècle, rajoutant une louche à la bouffonnerie du temps, pataphysicien dans l'âme. Fidèle à ses amitiés. ¶ J'ai regardé son portrait l'autre jour à la devanture du libraire et les larmes me sont montées aux yeux. »

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