Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Depuis quelques années, Jean Cayrol émerge des limbes de l'oubli. La redécouverte de l'un des grands absents de l'histoire littéraire de l'après-guerre se fait sous l'enseigne du « lazaréen ». À son retour des camps, Jean Cayrol, à la différence de tant d'autres survivants, avait refusé de porter témoignage de son expérience, pour explorer par l'écriture Romanesque la persistance du « concentrationnaire » dans « le psychisme européen et même mondial ». Pour l'ancien résistant, il n'y avait pas d'« après », il n'y a qu'une vie dans et avec l'épouvante des camps. La nouvelle poétique qu'il concrétisera dans ses essais, ses récits, ses poèmes et ses films, pose la catastrophe comme condition préalable de toute création littéraire et artistique de l'après-guerre.
Ce volume, réunissant les actes du premier colloque universitaire consacré à l'oeuvre cayrolienne, s'appuie sur le titre d'un de ses recueils de poèmes, Les mots sont aussi des demeures, pour s'interroger sur la ou les poétique(s) de Cayrol. Les mots, à condition d'être restaurés «dans leur splendeur première», offrent au poète la possibilité de bâtir des «demeures», certes transitoires mais «ouvertes, hospitalières».
C'est dans cet esprit que des chercheurs venus de plusieurs pays - France, Allemagne, Italie, Autriche, Suisse - sont venus habiter les « demeures » d'un grand auteur bordelais et mondial.
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