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Cher pays de notre enfance : enquête sur les années de plomb de la Ve République

Couverture du livre « Cher pays de notre enfance : enquête sur les années de plomb de la Ve République » de Etienne Davodeau et Benoit Collombat aux éditions Futuropolis
Résumé:

Étienne Davodeau est auteur de bande dessinée. Benoît Collombat est grand reporter à France Inter. L'un est né en 1965, l'autre en 1970.
Ils ont grandi sous la V? République fondée par le général de Gaulle, dans un pays encore prospère, mais déjà soumis à la «crise».
L'Italie et l'Allemagne... Voir plus

Étienne Davodeau est auteur de bande dessinée. Benoît Collombat est grand reporter à France Inter. L'un est né en 1965, l'autre en 1970.
Ils ont grandi sous la V? République fondée par le général de Gaulle, dans un pays encore prospère, mais déjà soumis à la «crise».
L'Italie et l'Allemagne ne sont pas les seules nations à subir la violence politique. Sous les présidences de Pompidou et de Giscard d'Estaing, le pays connaît aussi de véritables «années de plomb» à la française. Dans ces années-là, on tue un juge trop gênant. On braque des banques pour financer des campagnes électorales. On maquille en suicide l'assassinat d'un ministre. On crée de toutes pièces des milices patronales pour briser les grèves. On ne compte plus les exactions du Service d'Action Civique (le SAC), la milice du parti gaulliste, alors tout-puissant. Cette violence politique, tache persistante dans l'ADN de cette V? République à bout de souffle, est aujourd'hui largement méconnue. En sillonnant le pays à la rencontre des témoins directs des événements de cette époque - députés, journalistes, syndicalistes, magistrats, policiers, ou encore anciens truands -, en menant une enquête approfondie, Étienne Davodeau et Benoît Collombat nous révèlent l'envers sidérant du décor de ce qui reste, malgré tout, le cher pays de leur enfance...

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Avis (1)

  • En 1975, le juge Renaud enquête sur le hold-up de l'Hôtel des Postes de Strasbourg. Il est assassiné devant chez lui le 3 juillet 75 en pleine nuit. Voilà le point de départ de l'enquête minutieuse et complexe menée par Davodeau et Collombat dans ce roman graphique exceptionnel. le premier est...
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    En 1975, le juge Renaud enquête sur le hold-up de l'Hôtel des Postes de Strasbourg. Il est assassiné devant chez lui le 3 juillet 75 en pleine nuit. Voilà le point de départ de l'enquête minutieuse et complexe menée par Davodeau et Collombat dans ce roman graphique exceptionnel. le premier est un auteur de bandes dessinées, le 2ème un grand reporter à France Inter.
    Il s'avère que ce hold-up sera particulièrement réussi, tous les barrages de police ayant curieusement échoué à stopper l'estafette blindée de gros billets. Commence ainsi la longue carrière du gang des lyonnais, auteur de plus de 30 méfaits du même type. Si le juge Renaud est assassiné, c'est que sa quête de la vérité dérange. le petit juge est un fouineur. Où passe tout l'argent dérobé ? A qui ou à quoi sert-il exactement ? Pourquoi les truands ne sont-ils jamais arrêtés ? Les deux auteurs se lancent dans une quête de la vérité en interrogeant ceux qui à l'époque ont eu rapport ou ont intégré une drôle d'association : le S.A.C.
    Pour comprendre comment est née cette association et son objectif, il faut se placer dans le contexte de l'époque : nous sommes en pleine guerre d'Algérie. Charles de Gaulle vient de reprendre le pouvoir en 58. Charles de Gaulle, c'est celui qui rassemble et qui a mobilisé tous ceux qui voulaient une France libre. Mais après la 2ème guerre mondiale, s'opposant aux partis, avec la volonté d'un exécutif fort, il démissionne puis connait une traversée du désert jusqu'au coup d'état à Alger le 13 mai 1958. Depuis plusieurs mois, la SFIO, regroupant plusieurs courants socialistes est au gouvernement. La gestion de la crise de Suez et l'affaire Sakiet ébranlent l'unité. Entre l'armée et les dirigeants politiques, la confiance s'étiole. C'est lors de ce coup d'état que le Général revient sur le devant de la scène.
    Face à l'instabilité gouvernementale, il propose une nouvelle République par référendum. La République qu'il propose est une république de paix, avec un leader fort (lui) qui construit avec le peuple une France forte. le général veut une France grande et indépendante. Sa vision du pouvoir, que Mitterrand (adversaire sortant en 1965 à l'élection présidentielle) qualifiera de "coup d'état permanent", est celle d'un chef directement approuvé par la nation. Il est évidement fortement opposé aux communistes et aux pro-européens.
    Pour ancrer sa légitimité et éloigner durablement la gauche du pouvoir, il doit s'appuyer sur des alliés forts et influents, une sorte d'association. C'est alors qu'est créé le S.A.C. qui lui apporte un soutien inconditionnel. le nom de l'association, composée de personnalités diverses et variées très fidèles au général, inspire la confiance dans une nouvelle république : Service d'Action Civique. Créée le 4 janvier 60, elle est au départ un rassemblement de résistants, de déportés et de personnalités politiques. Avec le temps, certains éléments de la pègre, des truands, des anciens de la Gestapo mais aussi des gendarmes viennent grossir ses rangs tandis que certains gaullistes démissionnent. Il semble alors qu'avoir sa carte du S.A.C autorise certains passe-droits et protège de bien des problèmes. Pour broyer la gauche, des partis politiques de droite voient le jour, l'UDF puis le RPR. Ces partis doivent être financés. Ils vont l'être de manière totalement opaque. le juge Renaud s'est-il approché un peu trop de la vérité ? le gang des lyonnais et S.A.C étaient proches, très proches. L'argent dérobé a-t-il servi à financer un nouveau parti politique de droite ? Un nouveau parti, où l'on retrouverait Charles Pasqua, conseiller influent de Chirac et...vice-président du S.A.C !
    Au fil des rendez-vous avec les protagonistes (encore vivants !) de l'époque, Davodeau et Collombat lèvent (presque tout !) le voile sur un pan particulièrement obscur (et dramatique) de la 5ème République où les « suicides » masquent tueries et meurtres au plus haut du sommet. En noir et blanc, le dessin est sobre et permet au lecteur de se concentrer sur les multiples interview passionnantes et déroutantes ! (Faut suivre !) Loin de nous réconcilier avec le monde politique, car, de nos jours, bien des archives de cette époque, restent top secrètes et inaccessibles aux deux enquêteurs et aux juges qui pourraient - pourraient ! - réouvrir certains dossiers, ce roman nous laisse pantois devant tant de manipulations d'une ampleur effroyable (plus c'est gros, plus ça passe...). Manipulations connues de tous les dirigeants politiques des 20 dernières années, tous plus ou moins ébranlés par des scandales divers et variés.
    Héritage ?!?
    J'ai adoré ce roman graphique bien sombre qui qualifie parfaitement l'ambition de tous les hommes de pouvoir qui s'égarent dans la recherche du « bien commun » : "quel qu'en soit le prix"

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