Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
Mis à part tout ce qui relève de la futurologie (et en effet, comme toujours, quasi toutes les phrases régies par un verbe au futur annoncent des utopies dont nous avons eu, depuis la parution de ce libelle, le loisir de vérifier l'échec ou l'absurdité), ce petit texte demeure d'une force polémique étonnante, et l'on y trouve les habituels bons mots, les formules lapidaires et les paradoxes dont Oscar Wilde est coutumier. On peut aussi y puiser des épigraphes et des exergues pour des dizaines d'ouvrages, tant ses observations sont concises et
pertinentes (Partout où l'homme exerce une autorité, une autre lui résiste ; Il n'existe qu'une classe dans la société qui pense plus à l'argent que celle des riches, et c'est celle des pauvres; Tout ce qu'on peut dire d'un homme ne le souille pas : il est ce qu'il est ; La démocratie n'est que le matraquage du peuple par le peuple pour le peuple ; etc.
S'attaquant avec bonheur aux tyrannies qui depuis longtemps entravent l'homme, l'État, l'argent et la machine, Wilde fonde son espérance sur un christianisme mêlé de socialisme. Naïvement, il se montre convaincu que la disparition de la propriété privée mettra un terme aux crimes, aux vols et aux assassinats !
On a vu ce qu'il en était ! Mais surtout, et il est alors plus convaincant, l'esthète Oscar Wilde croit, pour ce qui concerne le progrès de l'homme, à la force de l'art, qu'il place au sommet de toutes les activités humaines.
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