La chanson est génératrice d'un double rapport au temps. Il s'agit d'abord du temps court où elle s'écrit, au rythme de ses tempos, réagissant aux événements. Il est aussi un autre temps de la chanson : "Longtemps, longtemps, longtemps après que les poètes ont disparu, leurs chansons courent encore dans les rues", nous rappelle Charles Trenet. Cette errance donne à la chanson sa pleine historicité et nous invite à la considérer comme un objet d'histoire et comme un enjeu de mémoire. La réalité singulière née de la défaite de 1940, de la pénurie et de la mise en place des restrictions, s'est inscrite naturellement dans la chanson en épousant ses codes et ses genres. En s'intéressant aux termes utilisés dans les chansons sur les pénuries et les restrictions écrites pendant la Deuxième Guerre Mondiale, à leurs réseaux d'opposition ou de substitution et en comparant la vision que nous donnent ces chansons avec la réalité de l'époque, nous exhumerons une représentation de la vie quotidienne des Français entre 1939 et 1945.
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