Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société
«J'ai oublié ce que c'était, d'avoir toute une maison pour soi. J'ai oublié beaucoup de choses. Le temps qui passe, l'heure qu'il est, des paysages entiers que j'absorbe et que j'efface aussitôt. J'ai oublié cette maison. Le geste lourd d'une pelle mécanique vers la cheminée de briques. Les fondations ouvertes et exposées aux intempéries ; on n'a plus rien à faire du béton qui s'effrite, des poutres qui pourrissent. L'Abitibi est trop belle et trop dure.» Cinq cent vingt-neuf kilomètres séparent Val-d'Or de Montréal. Maude ne compte plus les allers-retours au volant de la Tercel turquoise que lui a donnée Francis. L'Abitibi, c'est la bille d'or qu'il faut extraire de la scorie. Montréal, c'est le grain du bois qu'il faut apprivoiser. Dans ce premier roman extraordinairement maîtrisé, Virginie Blanchette-Doucet montre comment les frontières de nos vies se redessinent sans cesse à notre insu.
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