Le revue de presse d'août vous dit tout sur la #rl2016
Le revue de presse d'août vous dit tout sur la #rl2016
S’inspirant du véritable Vijayanagar, dernier grand royaume hindou, qui, de sa fondation au XIVe siècle jusqu’à sa disparition quelque deux cent trente ans plus tard, s’efforça de résister à l’expansion musulmane dans tout le sud du sous-continent indien, Salman Rushdie feint de nous présenter la toute première traduction, par ses soins et « dans une langue simplifiée », d’un chef-d’œuvre fictif, intitulé le Jayaparajaya – « Victoire et Défaite » en sanskrit –, récemment retrouvé dans une vieille jarre et qui, avec ses vingt-quatre mille vers, pourrait se comparer au Mahabharata et au Ramayana, les deux grands poèmes épiques de l’Inde, fondateurs de l’hindouisme.
Au XIVe siècle dans le sud de l’Inde donc, Pampa Kampana, une fillette de neuf ans, se retrouve seule survivante de son village, les hommes ayant été tués à la guerre et les femmes dans les bûchers allumés selon la tradition du sacrifice des veuves. Une déesse intervient alors et la dote de pouvoirs magiques : elle vivra deux siècles et demi, le temps pour elle de fonder et de gouverner, jusqu’à son effondrement, la ville de Bisnaga, capitale d’un empire où, pour une fois, les femmes seront les égales des hommes. Ainsi commence une épopée dont les périodes et les vicissitudes s’enchaîneront au gré d’une temporalité narrative choisissant de s’attarder ou d’accélérer à volonté.
Sous le règne de Pampa Kampana, la ville de Bisnaga, menant la guerre pour s’assurer la paix, devient l’invincible et prospère capitale d’un empire où les femmes sont libres de leur sexualité et exercent des tâches jusqu’ici dévolues aux hommes. Mais une Protestation prenant le forme d’une secte finit par se former et contester le pouvoir en place. Cette reine qui a fondé son royaume sur la force des mots, « chuchotés » à l’oreille de ses sujets, découvre, comme tout créateur, « y compris Dieu », qu’« une fois que vous avez créé vos personnages, vous êtes lié par leurs choix. Vous ne pouvez plus les refaire en fonction de vos désirs. Ils sont ce qu’ils sont et ils feront ce qu’ils voudront. Cela s’appelle le “libre arbitre”. » Au pouvoir de la magie succède donc celui de la religion, des intégrismes et des fanatismes. « Les idées qu’elle avait implantées n’avaient pas pris racine ou alors ces racines n’allaient pas assez profond et se laissaient facilement arracher. » A leur place, « avait [été] créé un nous qui n’était pas eux, un nous qui (...) soutenait en secret l’intrusion de la religion dans tous les recoins de la vie politique aussi bien que spirituelle. » « Leur sentiment religieux [étant] pesant, simplet et banal, les considérations mystiques les plus élevées leur échappaient complètement et la religion devint pour eux un simple outil destiné à maintenir l’ordre social. » Un ordre ne tenant bientôt plus qu’au rapport de forces entre factions et partisans, au rythme des conspirations, des coups d’état et des assassinats. Y-a-t-il seulement une issue à la folie des hommes ?
Flamboyante pseudo-légende subtilement teintée d’humour, le récit laisse d’autant mieux deviner sa portée métaphorique que l’on connaît les combats de l’auteur contre le sectarisme et l’obscurantisme. Ce dernier livre, tout juste achevé avant l’attaque islamiste au couteau qui, en 2022, après trente-trois ans d’une fatwa exigeant la mise à mort de l’écrivain, a bien failli lui coûter la vie, est une nouvelle croisade, pour la place des femmes, en Inde en particulier mais pas seulement, et aussi, plus que jamais, pour la création littéraire et la liberté d’expression. Dans une réalité irrémédiablement vouée au crime et à l’injustice, aux guerres et aux complots, à la torture et à l’oppression, ne reste, en ultime protestation et pour porter la vision d’un monde meilleur, que le seul poids des mots sur le papier. « Les mots sont les seuls vainqueurs », conclut Salman Rushdie. Lui-même en paye le prix fort avec les séquelles de l’attentat à son encontre. Les lire et les colporter sont le moins que l’on puisse faire.
Un essai, une analyse, une histoire, une réflexion ? Disons un peu tout cela.
Ces textes rédigés entre 2003 et 2020 se lisent plus facilement si l'on pose de temps en temps le livre de côté, puis qu'on le reprenne après un bon polar ou autre lecture plus légère.
Salman Rushdie a rassemblé ici des écrits que l'on peut qualifier d'essentiels. C'est une mine de connaissances indéniablement gigantesque. Cet homme a une mémoire culturelle immensément vaste, une photographie des évènements extrêmement précise.
Il parle aussi bien de son enfance à Bombay en Inde que de son vécu en Occident ou de sa vie aux States. Il passe d'histoires venues d'ailleurs comme "Les Mille et Une Nuits" à celles de l'amour, de l'art et de la mort au XXIème siècle. Il a une opinion sur tout ... et c'est bien là que je me suis sentie légèrement piégée. L'intelligence de cet homme m'aurait fait le suivre jusqu'au bout du monde si, tout d'un coup, je n'avais pas pris un peu de recul. Mon admiration pour cet homme est et reste indéfectible, mais j'ai dû veiller à conserver mes propres points de vue.
J'y ai retrouvé une somme folle de fictions, de livres, de contes, de mythes, de films dont je ne connaissais pas toujours le sens profond ou caché. Pareillement j'y ai redécouvert des faits et des grands hommes dont la signification pour les uns ou l'objectif pour les autres m'avaient échappés.
En refermant le livre je me suis dit, qu'au fond, c'était bien là une oeuvre de Rushdie, entre croyances et incroyances, entre faits divers et contes, entre rêves et réalités. Oui, le tout est bien à mettre au pluriel tant la densité de ce recueil est marquante.
J’avais hâte de commencer cette lecture pendant les vacances (le roman en poche compte 816 pages).
J’en ai lu à peu près le quart très sérieusement, prenant des notes sur la famille du narrateur dont le prénom n’apparait que très tard.
Les métaphores ont fini par me paraître bien lourdes, la répétition de phrases commençant par Mais m’a exaspéré.
Le pompon a été que des événements décrits comme cruciaux avec des dizaines de pages d’explication précédent le moment, ces événements sont expédiés en une phrase bien vague.
J’ai laissé reposer le roman une journée. Je l’ai repris mais terminé en avance rapide.
J’aurais aimé aimer ce livre, le meilleur de l’auteur parait-il, mais trop de circonvolutions ont gâché ma lecture.
https://alexmotamots.fr/les-ravissements-jan-carson/
Lorsque le septuagénaire et très riche Néron Golden s’installe, en ce mois de janvier 2009, avec ses trois fils adultes au cœur du quartier historique de Macdougal-Sullivan Gardens situé dans Greenwich Village à New-York le voisinage se met à bruisser de rumeurs. D’où vient cet énigmatique personnage, quel trouble secret cache-t-il ? Et lorsqu’il épouse la jeune et sublime Vasilisa, les choses ne vont pas s’arranger. Témoin privilégié des histoires de la famille Golden, le narrateur va largement s’inspirer d’eux pour produire son premier film, puisant dans ce qu’il partage avec eux mais aussi dans ce qu’il imagine et interprète.
Quelle richesse, quel foisonnement dans ce pavé de 500 pages dans lequel Salman Rushdie fait preuve d’une grande acuité et d’une profonde intelligence, accompagnées d’un certain humour et d’une pointe de mélancolie. Si le roman tourne autour de quelques personnages - Néron, ses fils, sa femme, le narrateur – les sujets abordés sont nombreux.
Salman Rushdie situe l’action de ce roman à la jonction entre les présidences d’Obama et de Trump, faisant de cette transition la toile de fond d’une histoire tourmentée et tourbillonnante. Celle de la famille Golden l’est particulièrement qui semble avoir fui son pays d’origine pour échapper à quelques démons et pour se réinventer une vie et une identité ailleurs. Mais échappe-t-on à son passé, à ses racines, à ses drames ? Dans le cas de la famille Golden, on dirait bien que les démons et les fantômes ne les laissent pas en paix.
Chaque personnage possède ici un caractère bien défini dont l’auteur nous offre une analyse très fouillée et précise. Sous les yeux du narrateur, René, jeune cinéaste ambitieux les choses vont prendre une tournure inattendue et tragique. Mais c’est aussi cela qui va servir l’œuvre en construction du jeune homme, lui servir de trame narrative et le conduire au succès. D’ailleurs, il semble y avoir parfois des interférences entre la vie des Golden et le scénario du film avec des indications de mise en scène qui viennent s’intégrer par-ci par-là semant le doute sur ce que le lecteur est en train de découvrir. La vie des Golden ou celle, peut-être, fantasmée par René et dans laquelle il prend une part (très) active ?
Petit à petit, le voile se lève sur ce qu’ont vécu les Golden, père et fils, sur leurs origines et leur histoire. Mais au fur et à mesure que le voile se lève, le danger semble se rapprocher. Le pire est-il évitable ou intrinsèquement lié à leur passé ? Est-il possible de s’affranchir de tout passé ? Les erreurs des pères doivent-elles être payées par le sang des fils ? Autant d’interrogation et de sujets de réflexion que soulève brillamment Salman Rushdie dans ce roman qu’on regrette de voir se terminer.
Des ouvrages pour les adultes et les plus jeunes, qui aident à découvrir et comprendre la culture sourde
Avec la collection "La BD en classe", le Syndicat national de l’édition propose des supports pédagogiques autour de thématiques précises
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Une plume vive, des héros imparfaits et une jolie critique de notre société