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Olivier Rolin

Olivier Rolin
Né en 1947, Olivier Rolin est un auteur largement traduit. Son œuvre est constituée d'une vingtaine de romans, dont les très remarqués L'Invention du monde (1993), Port-Soudan (1994, prix Femina) et Tigre en papier (2002, prix France Culture). Il est également auteur de récits de voyage et de nom... Voir plus
Né en 1947, Olivier Rolin est un auteur largement traduit. Son œuvre est constituée d'une vingtaine de romans, dont les très remarqués L'Invention du monde (1993), Port-Soudan (1994, prix Femina) et Tigre en papier (2002, prix France Culture). Il est également auteur de récits de voyage et de nombreux reportages. Il a découvert la Russie en 1986. Depuis, il y est retourné une vingtaine de fois.

Avis sur cet auteur (19)

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    Couverture du livre « Jusqu'à ce que mort s'ensuive » de Olivier Rolin aux éditions Gallimard

    Les Lectures de Cannetille sur Jusqu'à ce que mort s'ensuive de Olivier Rolin

    Intrigué par un court passage digressif des Misérables, Olivier Rolin a entrepris une enquête remarquable, qu’il qualifie humblement de « note en bas de page » du célèbre ouvrage. « Les livres servent à en susciter d’autres » écrit-il. Le sien est d’une précision chirurgicale, fruit d’une...
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    Intrigué par un court passage digressif des Misérables, Olivier Rolin a entrepris une enquête remarquable, qu’il qualifie humblement de « note en bas de page » du célèbre ouvrage. « Les livres servent à en susciter d’autres » écrit-il. Le sien est d’une précision chirurgicale, fruit d’une documentation titanesque, et nous plonge en plein souffle révolutionnaire au XIXe siècle.

    Au début du cinquième tome des Misérables, celui où Gavroche tombe sous les balles des gardes nationaux, Victor Hugo fait une digression sur les « deux plus mémorables barricades » qu’ait connu l’histoire sociale, non pas pendant l’insurrection républicaine de 1832 qui sert de cadre à son roman, mais plus tard, lors de la révolte ouvrière de juin 1848, peu après la proclamation de la IIe République. Barrant l’entrée du faubourg Saint Antoine et l’approche du faubourg du Temple d’une hauteur atteignant de deux à trois étages, ces « Charybde » et « Scylla » furent édifiées par deux chefs révolutionnaires, selon Hugo des antithèses l’un de l’autre – l’herculéen et tonitruant Frédéric Cournet, ex-officier de marine, et le « maigre, chétif, pâle » ouvrier Emmanuel Barthélemy, « une espèce de gamin tragique » –, qui, proscrits à Londres, finirent par s’entretuer en duel trois ans plus tard. C’est en l’occurrence le malingre qui eut raison du colosse.

    Olivier Rolin qui, ancien militant d’extrême gauche investi dans l’organisation de sabotages, enlèvements et intimidations dans les années 1970, a écrit depuis sur la perte et la nostalgie de l’idéal révolutionnaire, était sans doute prédisposé comme personne à relever l’aparté de Victor Hugo et à s’intéresser de plus près à ces deux meneurs insurgés qui ont marqué le grand homme avant de tomber dans l’oubli. Son souci d’exactitude lui fait explorer d’une façon quasi maniaque la moindre trace, si ténue soit-elle. La littérature – Hugo, Balzac, Sue, Gauthier, Dickens et bien d’autres –, mais aussi la peinture, l’aident à superposer lieux et atmosphères d’alors à ceux et celles d’aujourd’hui. « La recherche de ces traces qui sont, avec la littérature, ce qui reste d’une ville disparue, est une activité d’essence mélancolique, mais qui ne va cependant pas sans une excitation d’autant plus grande qu’elles sont minuscules. »

    Parfois, les informations manquent, ou se contredisent, le génie hugolien n’étant pas le dernier à prendre des libertés avec les détails réels pour parfaire son matériau romanesque. Scrupuleuse, la narration annonce ses limites, avance ses hypothèses, avoue ses erreurs, le tout dans une reconstitution qui reste fluide, se teinte d’humour, et surtout réussit à redonner vie à ses deux personnages historiques, sans les dénaturer, avec une intensité d’autant plus impressionnante que les indices sont rares, disséminés, et que les réunir relève de l’exploit. Et puis, l’on sait depuis le début que ces deux-là vont en venir à la confrontation. Attendue dans un certain suspense, cette partie du récit, avec le duel, la fuite, d’autres coups de feu meurtriers, une arrestation mouvementée et une exécution capitale n’a rien à envier aux péripéties d’un polar, captivant, immersif, véridique.

    C’est admiratif que l’on referme cet ouvrage intéressant, modestement construit avec les copeaux laissés par le temps à travers lieux et littérature, et qui parvient magistralement à faire revivre dans toute leur authenticité les figurants d’un grand roman classique.

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    Couverture du livre « Jusqu'à ce que mort s'ensuive » de Olivier Rolin aux éditions Gallimard

    Babeth_ladreyt sur Jusqu'à ce que mort s'ensuive de Olivier Rolin

    Une page des Misérables de Victor Hugo.
    La scène des deux barricades, dans les rues de Paris en juin 1848.A la tête de l’une Emmanuel Barthélémy, à celle de la seconde, Frédéric Cournet.
    Ce roman retrace le destin romanesque de ces deux hommes, de Paris à Londres.
    Plus qu’une page d’Histoire,...
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    Une page des Misérables de Victor Hugo.
    La scène des deux barricades, dans les rues de Paris en juin 1848.A la tête de l’une Emmanuel Barthélémy, à celle de la seconde, Frédéric Cournet.
    Ce roman retrace le destin romanesque de ces deux hommes, de Paris à Londres.
    Plus qu’une page d’Histoire, c’est un roman dans le roman ; des éclaircissements sur une histoire que l’on connait tous, les coulisses des barricades, du bagne, d’un coup d’Etat. C’est aussi la rencontre avec de très nombreux personnages, dont Karl Marx, Napoléon III, et Victor Hugo lui-même.
    C’est une enquête sur deux acteurs de l’Histoire de France méconnus, mais aussi le portrait d’une société en pleine rébellion.
    Un roman passionnant, où on se laisse porter par la confiance qu’on met dans l’auteur pour complètement adhérer à cette vision de l’Histoire du dix-neuvième siècle. Un vrai travail de recherche et d’écriture.

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    Couverture du livre « En Russie » de Olivier Rolin aux éditions Points

    Dominique Jouanne sur En Russie de Olivier Rolin

    Sans idéologie marquée, Olivier Rolin embarque le lecteur à ses côtés alors qu’en 1987, il visite l’URSS aux premières lueurs de la Pérestroïka sous bon encadrement de l’In-tourist russe.

    Chargé des stéréotypes que nous avons (/avions) de la Russie, nous le suivons dans la réalité d’un voyage...
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    Sans idéologie marquée, Olivier Rolin embarque le lecteur à ses côtés alors qu’en 1987, il visite l’URSS aux premières lueurs de la Pérestroïka sous bon encadrement de l’In-tourist russe.

    Chargé des stéréotypes que nous avons (/avions) de la Russie, nous le suivons dans la réalité d’un voyage que l’écrivain curieux de ce grand pays qui s’ouvrait aux étrangers, nous laisse alors que Saint-Pétersbourg s’appelait encore Leningrad.

    Paru en 1987, le livre nous décrit les paysages et les modes de vie au fil des rencontres de Leningrad et ses Palais d’été, sa côte maritime d’Odessa, Yalta, Sotchi, Batoum, ses Palais d’hiver à Leningrad et Moscou, le fleuve Amour, le lac Baïkal, Irkoutsk, Khabarovsk avec son musée d’animaux empaillés dont l’esturgeon Kaluga « que l’animal adultère peut atteindre 5 mètres » (bévue linguistique amusante de la part du guide) et produire 30 kilos de caviar.

    Olivier Rolin écrit avec beaucoup de causticité et voire d’ironie, saupoudre le texte de nombreuses références littéraires, dépeint talentueusement ce qu’il voit et entend avec un vocabulaire réduit mais aux mots choisis des lieux, des sites, des bords de mer, des plages, des hôtels, des fleuves, des ports, des plaines, des lacs, des trains, des gares, des statues et bâtiments toujours existants, tous tenant dans leur aura, l’Histoire, la vie d’écrivains, des œuvres cinématographiques ou théâtrales, des émergences politiques et des traditions populaires.

    Au fil de sa visite, si l’espace déçoit Olivier Rolin qui attendait de rencontrer une grandeur russe promise par nos informations et nos lectures et malgré le manque de confort et une nourriture forte en odeurs d’oignons et de choux arrosée par force vodka, il finira par trouver une multitude de petites accroches crées par des gens, par des architectures, par des paysages qui à son insu finiront par l’attacher au cœur de ce pays traversé par 11 fuseaux horaires de Moscou en Iakoutie, du Kamtchatka à Kaliningrad.

    Le livre, en passant par les Palais de Livadia et des Tsars et le charme du Literatournoïe Kafe, le livre regorge de références culturelles.

    J’ai aimé me faire entrainer aux côtés de cet écrivain voyageur que j’apprécie. J’ai aimé qu’il me prête ses yeux, son nez, ses oreilles et sa peau pour ce grand voyage sur le globe qui laisse une petite trace dans le temps.

    L’épigraphe rejoindra la phrase de conclusion, soit :
    « Mais faut-il vous l’avouer ? peut-être n’aurais-je jamais entrepris ce voyage s’il n’y avait pas de steppes en Russie. » CUSTINE, Lettres de Russie

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    Couverture du livre « Extérieur monde » de Olivier Rolin aux éditions Gallimard

    Dominique Jouanne sur Extérieur monde de Olivier Rolin

    Un séisme littéraire adressé à la lecture et l’écrit mais avec une intimité évidente destinée aux lecteurs de l’auteur. Et moi, qui achète tous les ‘Rolin’ dès leurs sorties, ce bouquin m’a fait flipper dans tous les sens comme la boule d’acier qui tape sur les lance-billes à travers la vitre...
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    Un séisme littéraire adressé à la lecture et l’écrit mais avec une intimité évidente destinée aux lecteurs de l’auteur. Et moi, qui achète tous les ‘Rolin’ dès leurs sorties, ce bouquin m’a fait flipper dans tous les sens comme la boule d’acier qui tape sur les lance-billes à travers la vitre qui me sépare du joueur. Mon contrat avec lui m’inquiète. Je n’en ai peut-être pas lu toutes les clauses… Il ne me semblait pas avoir compris qu’il y ait pu avoir un ‘dernier livre’… Et ça aussi, c’est le sujet : et si un de vos auteurs apprécié venait à soudainement disparaître… et qu’en plus, il vous en préviendrait ?!!

    D’abord il (Olivier Rolin) dit qu’il commence ce livre comme on ne doit pas commencer un livre. Il va le continuer sous forme de puzzle, Il ne sait plus comment écrire… (Ben, voyons !) Il s’en fiche. Il donne un grand coup de pied dans la fourmilière des ateliers d’écriture qui fourmillent justement… Et c’est là que j’ai compris qu’il allait déstructurer tous les codes. (Révolutionnaire un jour, révolutionnaire toujours !) Allez hop ! Un peu (enfin beaucoup) d’anarchie que Diable ! Mais bien entendu la structure du livre est maîtrisée de main de maître.

    A partir de traces non éditées de tous ses carnets de notes, il va nous livrer ses souvenirs en construisant son livre comme un ramendeur de poteries qui sait reconstituer un vase canope. D’ailleurs le nombre incalculable de parenthèses (minimum deux par page voire une page complète entre deux parenthèses) nous en montre les coutures du fil de bâti.

    « C’est le même genre de travail que j’entreprends : rabouter, coller des dizaines d’éclats de souvenirs, en recomposer un vase imparfait, fracturé, dont je ne serai que le vide central. »

    Digressions à fond. Là, un des thèmes premiers du livre et pour faire ça, il faut avoir un sacré talent. Ne nous méprenons pas, Olivier Rolin en est bourré (de talent je veux dire bien qu’il avoue s’être bourré de pas mal d’autres trucs.)

    « (ce que j’écris, quoi que ce soit, pourrait s’appeler ainsi : ‘Digressions’ ; se recommandant non seulement de Sterne, inévitable dès lors qu’il s’agit de divagations, mais encore de notre Montaigne : ‘Je m’égare, mais plutôt par licence que par mégarde. Mes fantaisies se suivent, mais parfois c’est de loin, et d’une vue oblique’), lors d’un précédent écart, donc, j’ai cité ‘Le cimetière d’Eylau (et auparavant, même du Leconte de Lisle !). »

    Un besoin de récapitulation… Pas une biographie… Et encore moins des mémoires ! Quelle horreur ! Et l’auteur se défendant d’écrire une biographie, va nous parler beaucoup de lui de son enfance à ses 82 ans.

    Au seuil du grand âge, il dévoile un homme déprimé face à la vieillesse et désabusé par ce nouveau siècle dont il n’apprécie pas la perte de vocabulaire et l’assommante nouvelle culture abêtissante et proche du vulgaire. Déshabitué des écrans, lorsqu’il allume une télévision dans un hôtel il écrit :

    « … tu te demandes, stupéfait, comment l’humanité, soumise à ce déluge de laideur, de grosses blagues, de rires fabriqués, de lieux communs satisfaits, de mensonges publicitaires, peut n’être pas plus abrutie et malheureuse encore qu’elle n’est. »

    Avec son humour habituel, il croque en forçant le trait, des situations burlesques rencontrées sur Internet tel que l’itinéraire Paris – Achgabat « 6293 Kilomètres, deux jours et dix-sept heures de route selon eux (qui, eux ?) : ils sont optimistes. » à commencer par « Descendez la rue de l’Odéon, prenez à gauche la rue des Quatre-Vents, puis à droite la rue de Tournon » et ainsi de suite sans omettre les ronds-points jusqu’au centre de la capitale du Turkménistan.

    Tout seul dans sa baraque de bord de mer face à une mal bouffe… (Je l’avais déjà noté dans mon avis sur ‘Un homme ‘ de Philippe Roth : La vieillesse (et je commence à m’y connaitre et reconnaître) c’est une vraie mauvaise nouvelle. J’avais écrit et je le maintiens : C’est une saloperie.) Et, Olivier Rolin le confirme.

    D’autant plus que lui, a été un homme à femmes et pas n’importe lesquelles au vu de la galerie qu’il livre au point de nous lasser un peu car là, oui, il parle de lui intimement et on sort de ses écrits passionnants qui nous intéressent soit ceux de l’homme journaliste aventurier et écrivain voyageur, conteur historien. Elles sont toutes grandes, minces, voire très minces, de plus, jeunes, avec des bras fins, des jolis poignets fins, de longues mains, des nuques magnifiques sur lesquelles cheveux relevés laissent une mèche rebelle (quand même…) voler au vent ou sur lesquelles de longues nattes ou queues de cheval sont attachées, des peaux de nymphes (va s’en dire), laiteuses et douces, (bandantes, donc), et des visages de poupées aux yeux noirs mais aussi verts ou bleus, et un charisme intelligent à faire chavirer tout ce qui s’appelle « homme ». Ce, sans compter son amante d’un temps, la célèbre Jane B. en maillot de bains blanc affublée d’un chapeau de paille conique sur une plage vietnamienne (ouah sexy !) et qui lui demande d’acheter une hyène sur un marché (complétement excentrique ! exotique ! On frôle le scoop…)

    Bon… A vrai dire on s’en fiche un peu mais du coup, on approche d’un livre à l’aura testamentaire écrit par l’auteur qui nous dit ce qu’il a été et est… Il l’écrit pour probablement ne laisser personne d’autre le faire à sa place…

    J’ai eu l’occasion de rencontrer l’auteur au printemps dernier lors de la pause d’un salon de lecture. D’abord on lui donne un bon 20 ans de moins que son âge. La soixantaine à tout casser. Il est grand, campé sur un physique bien charpenté, aux épaules larges, surmonté d’une tête faite comme celle des photos qui circulent, une bouche de barracuda et toujours plein de cheveux et des yeux, enfin un regard vif et direct. Un imper ouvert vert mastic qui lui donne une allure casual chic, décontracté, à l’écoute, facile d’accès. Sous un saule pleureur parisien, les femmes ont papillonné autour de la table de jardin comme des insectes autour d’une lampe à gaz sur une plage tropicale. Il pouvait décrocher tous les 06 de son choix. Peut-être l’a-t-il fait. Puis il est parti avec le dynamisme d’un homme pressé. Je n’ai vu ni un homme déprimé ni à l’article de la mort ou alors, il cache bien son jeu !

    Parenthèses, parenthèses…

    Bon… Il se jette à l’eau et tourne autour de son bureau. Non, ce n’est pas une autobiographie. Ce sont des traces relevés sur ses carnets de notes. Une récapitulation.
    Et nous voilà dans ses voyages, ses carnets, ses bibliothèques de par le monde et sa bibliothèque personnelle : Borges, Proust, Lowry, Chateaubriand, Rosa, Proust, Montaigne, Sterne, Barthes, Michon, Michaux, Mallarmé, Perec, Verne, Cendrars, Pouchkine, et bien d’autres.et puis tous ceux que j’ai notés pour les lire à mon tour. Travail de transmission (mieux que la télé) … Et la musique. Du coup, j’ai regardé dans ma collection de CD et n’ai trouvé qu’un CD de Schubert avec David Fray au piano que j’ai mis sur la platine pour m’imaginer ce qu’il aime écouter alors qu’il écrit et que je le lis, cet auteur que j’aime tant lire. Il a lu les Misérables au pôle nord et moi, je n’ai toujours pas lu Hugo. Bon… après ce qu’il en dit, je le lirai au chaud. (‘Extérieur monde’ n’a rien de vain !)

    « Chacun a déposé en moi quelque chose que je ne saurais pas nommer, pas une « leçon », certainement pas, plutôt une très mince pellicule, de savoir, d’émotion, de rêve, et toutes ensemble ont composé à la fin ma vieille écaille jaspée de tortue marine »

    Plume…

    On voyage quand même. Comment faire autrement ? Qui dit Olivier Rolin dit voyage. Il nous embarque sur ses feuillets non écrits qu’il ressort et édite. Kaboul, Sarajevo, Porvenir, Saint-Petersbourg, Valparaiso, Shanghaï, le Viet-Nam, l’Ukraine, Lisbonne mais aussi la Bretagne et son bord de mer, Paris, le jardin du Luxembourg, le quartier de l’Odéon … L’armée, les politiques, la société, les centres culturels, les paysages, la guerre, les bars, les hôtels, les femmes, le regard des gens, son regard… Et aussi sa vie de parisien face au logement…
    Olivier Rolin nous offre une peinture kaléidoscopique rare avec un ressenti que peu d’écrivains savent écrire.

    Alors, il dit que ce n’est pas une autobiographie sauf qu’il parle de lui tout le temps… De son enfance à aujourd’hui. Pour ce faire, il reprend toutes les traces laissées sur une soixantaine de calepins (il aime les cahiers). Il nous parle des pays traversés, des avions, des bateaux, des véhicules militaires, de sa bibliothèque, de ses amours, de son enfance.

    Mais ce qui m’inquiète est là. Cela a une foutue aura testamentaire avec cette idée de dépression qui le tient malgré une vie que nombre d’entre nous rêvons d’avoir ou d’avoir eu et par moment je trouve la lecture pesante.

    Il fait résonner la vieillesse de mon père, homme à femmes qui a fini par se foutre en l’air dès les premiers symptômes de Parkinson et ma vieillesse à moi qui même si on dit « Vous ne faites pas votre âge » ou « Quelle vie vous avez eue ! », on a l’âge qu’on a et il faut faire avec et lui, Olivier Rolin couronné de succès, fini fatigué, déprimé, dépassé pourrait comme mon père décider de ne plus alimenter ma bibliothèque et alors oui, une fêlure dans ma vie, une crevasse, un gouffre s’y installerai là dans cet espace de la bibliothèque qui attendait, qui attend son prochain livre, son prochain voyage, ses amours, ses emmerdes, son verre de vodka ou autre…

    L'épigraphe, un extrait d'El Hacedor de Borges, qu'il a choisi ne rassure pas d'emblée...

    Comme un dernier livre… 'peu avant de mourir'... et franchement, je ne l’espère pas car ne plus avoir un Olivier Rolin à acheter, fêlerai ma vie. Mais, ouf ! Tout est bien qui finit bien.

    Olivier Rolin rassure son lecteur qu'il lui arrive, entre parenthèses, de perdre par moment, et ne fait que mettre de l’ordre dans sa vie en rangeant ses vieux calepins de notes.
    Citant Chateaubriand : « —My lord, do you remember me ? (‘Alors commença entre nous la série de ces – vous souvient-il – qui font renaître toute une vie.) », Olivier Rolin écrit :

    « D’autres visages, d’autres voix, tout un petit tumulte dort dans les pages de ces carnets amoncelés sur ma table, que je n’ouvrirai sans doute plus. »

    « S’il y a quelque chose de vaguement testamentaire dans mon entreprise — parce que bien sûr je me suis posé la question, que me suggérait d’ailleurs la citation de Borges dont je me suis souvenu chemin faisant, et que j’ai mis en exergue — c’est là dans ce possible adieu aux notes, que cela se tient — se tiendrait. Mais il suffit que j’écrive ces lignes pour me rebeller. Testamentaire, et quoi encore ? On ne baisse pas le rideau, jamais de la vie ! Ces carnets ne sont pas les derniers, c’est donc décidé. »

    Et, moi, petite lectrice crédule, apeurée, effrayée de tenir entre mes mains le der des der d’Olivier Rolin, cruche qui prend l’eau, me voilà rassurée :

    « … on continuera à se laisser étonner, et instruire, et façonner par le monde. »