Chaque mois, un lecteur se dévoile et découvre un nouveau roman, ce mois-ci : "Ecoute-moi bien", de Nathalie Rykiel
Ca doit être une histoire de femmes et de goût chez les Rykiel de rendre les coutures apparentes : Sonia Rykiel le faisait sur les vêtements et sa « fille unique » Nathalie sur ses souvenirs.
Dans ce récit Nathalie Rykiel se livre encore un peu plus, comme une peur d’oublier son enfance et ses souvenirs.
Son père Sam sur qui elle avait écrit un précédent livre, son frère Jean Philippe, et les autres membres du clan : les tantes, son cousin,… et surtout sa mère qui s’est construite grâce à l’harmonie parfaite de laine et angora.
Et le tout cousu au fil tendre de ses anecdotes, dont le plus savoureux pour moi : le sac Hermès de sa mère
Une lecture intéressante sur la relation singulière entretenue par l'auteure, Nathalie Rykiel, avec son père Sam, fils d'émigrés polonais ayant travaillé et fait carrière dans la mode. On découvre que derrière la réussite de la mère, Sonia, se cache celle de son mari avec le magasin baptisé "Laura". Ce couple aimant va pourtant se séparer, tout en continuant à s'aimer intensément mais le livre ne développe cette relation trouble.
Le rapport père-fille est le thème central de ce livre et on comprend la douleur pour une petite fille d'avoir été si souvent délaissée par son père au profit de son frère, né aveugle à la suite d'un accouchement difficile. Un père qui a déployé l'essentiel de son énergie à s'occuper de son fils, en l'étouffant parfois. Une petite fille qui dit à propos de son père "qu'elle voudrait juste qu'il me prenne dans ses bras ...", qu'il la console. Une fille qui aurait voulu être autre chose aux yeux de son père, une amie, une cousine, une connaissance, pour avoir plus d'attention.
Ce livre est donc rempli d'anecdotes et de tentatives d'explications pour mieux comprendre ce père dont les qualité étaient louées par beaucoup mais qui n'a pas mis sa fille à la place qu'elle devait occuper dans sa vie.
J'ai aimé la première partie du livre (les 3/4), même si le contenu est assez désordonné. En revanche, j'ai moins accroché sur le dernier quart du livre dans lequel l'auteure part dans tous les sens avec ses problèmes de sommeil et finalement la grande confusion dans laquelle elle se trouve, s'adressant même au lecteur par rapport à l'exercice d'écriture de ce livre.
Une lecture à découvrir, fluide et rapide, même si le manque de structure m'a personnellement un peu dérangé.
Témoignage très émouvant, une sorte de déclaration d'amour à ce père maladroit, mal aimant, et mal connu. C'est un véritable cri d'amour, une déclaration de manque de père, mais malgré tout c'est l'amour qui transpire et la fierté de porter son nom. Un père dur envers elle, autoritaire envers son petit frère non voyant. L'histoire d'une enfant délaissée au profit d'un frère. Nathalie Rykiel parle aussi dans son livre du naufrage de la vieillesse, de la déchéance physique, de la mort, avec beaucoup de lucidité. J'ai beaucoup aimé par ce court récit.
Il aura fallu quarante-quatre ans, et sans doute la fin de la belle histoire de la marque Sonia Rykiel, pour que Nathalie arrive enfin à mettre sur le papier cette relation étrange avec le père.
Sam Rykiel est amoureux fou de sa femme Sonia, un amour qui durera bien après leur divorce. Quand Sonia le quitte, il abandonne son métier dans le prêt à porter et s’occupe intensément de son fils devenu aveugle à la naissance. Comment imaginer alors qu’il lui reste du temps et de l’énergie pour une fille en attente d’affection et de reconnaissance.
Sam Rykiel est le fils d’une famille d’émigrés polonais installée à Paris et qui travaillent déjà dans la couture. Sam est un homme brillant, intelligent, il aime apprendre. C’est lui qui lance Sonia et pose les bases concrètes et solides du magasin, de la marque qui est dans un premier temps Sonia Rykiel pour Laura (le magasin de Sam). Elle est rebelle et belle, libre et fantasque, elle a une âme de créatrice, inspiratrice d’une nouvelle façon de vivre. Elle imagine une ligne de pulls dans lesquels les femmes sont plus légères, moins prisonnières de certains carcans. Lorsqu’elle le quitte quelques années plus tard il accepte qu’elle garde son nom, devenu celui de sa marque de prêt à porter. Il meurt à 48 ans d’une rupture d’anévrisme.
Ce n’est pas seulement un livre sur Sam, Nathalie y évoque sa relation avec son père, ses attentes jamais comblées, le manque et toutes ces questions à jamais sans réponse.
Chronique complète à lire sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2020/05/06/sam-rykiel-nathalie-rykiel/
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