En cette année 680 de notre ère, le monde a bien changé. Cela fait déjà deux siècles que le dernier empereur romain a été détrôné. Rome n'est plus la capitale d'un empire et le pape n'y règne pas encore en souverain. Pire, elle est même devenue une province byzantine administrée par un gouverneur grec !
C'est pourtant durant cette période charnière que la cité de Romulus change progressivement de physionomie. Les anciens temples servent de carrières pour l'édification de nouvelles églises. La Rome païenne cède définitivement le terrain à la Rome chrétienne. Quelques vieilles familles patriciennes en éprouvent une mélancolique nostalgie mais finissent elles aussi par être balayées par le vent de l'Histoire.
C'est dans ce contexte singulier qu'une série de meurtres vient endeuiller la Ville éternelle. Un dément s'acharne à prendre pour cible toute personne gravitant autour du monde de l'art sacré. Faut-il y voir une forme d'iconoclasme poussée à son extrême ?
Le charme de ce livre doit beaucoup à cette ambiance de changement d'époque socioculturelle. Les nombreuses descriptions d'une Rome en pleine mutation sont remarquables, souvent grâce à un certain souci du détail symbolique. L'intrigue policière a le mérite de ne pas rester prisonnière de la scène romaine. Elle sort régulièrement du cadre local pour emmener le lecteur en Espagne, en Gaule ou en Afrique du Nord. Le récit est parsemé d'indices subtilement dissimulés sans pour autant trahir la révélation finale.
Saluons enfin l'excellente idée des auteurs d'avoir situé leur action dans le Haut Moyen Age, une période sortant agréablement des sentiers battus et donnant envie d'approfondir ses connaissances historiques. Avis à tous les professionnels du livre : un second tome est déjà achevé, mais attend de trouver un nouvel éditeur !
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