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Ce roman est constitué de deux histoires courtes : Alexis et le coup de grâce.
Alexis : roman épistolaire. Il s'agit d'une longue, très longue lettre destinée à Monique, sa femme. Il lui explique pourquoi cette rupture. La plume est très pudique, rien n'est dit clairement mais tout est suggéré.
Quand Bernard Pivot interrogera l'autrice sur le pourquoi d'un tel choix, elle répondra tout simplement : "parce que je n'aime pas mettre des étiquettes" .
Le coup de grâce : C'est l'histoire d'un amour non partagé. Sophie tombe amoureuse d'Erich, officier prussien pendant la guerre civile Russe. Celui-ci, pourtant ému par cet amour, rejettera la jeune femme. Mais son attachement pour son frère, Conrad l'obligera à la fréquenter et être témoin de cet amour qui ne cessera de grandir.
Encore une fois, si les sentiments de Sophie sont clairs, ceux d'Erich sont dissimulés et suggérés... Apparaît alors un homme froid, voire cynique.
Ce livre était mon tout premier roman de Marguerite Yourcenar, première femme élue à l'académie française en 1980. Quand je referme le livre, je constate qu'il regorge de post-it !! Des phrases sublimes, des extraits touchants et surtout des passages qui m'ont profondément émue ... Excellente lecture donc !
La vie de Nathanaël, dans la Hollande du XVIIe siècle, est le sujet d’Un homme obscur. Un homme ordinaire, qui, à cause d’une méprise (ou plutôt d’une peur infondée) s’enfuit, quitte sa famille, pour échapper à une mise à mort qu’il imagine certaine, et toute sa vie sera faite de fuites en avant, de recherche de travaux faciles et de voyages, pour comprendre que tout aurait pu être différent s’il n’avait pas pris une décision finalement lourde de conséquences alors qu’il n’était qu’adolescent…
On sent tout le respect, la tendresse même, de l’auteure pour ce personnage discret et sans orgueil, qui pose sur toutes choses un regard dénué de préjugés et plein d’humanité, reste digne et honnête au cours des tribulations qu’il subit plus qu’il ne les choisit, et savoure l’existence dans ce qu’elle lui apporte. Malgré son « clair-obscur » personnel (le premier titre de cette nouvelle était « D’après Rembrandt », un maître du genre) c’est-à-dire des lacunes dans sa culture et son éducation, il contemple, compense et comprend son époque, très contrastée elle aussi (on sent que l’on passe graduellement des ténèbres – bien injuste formule – du Moyen-âge au futur avènement des Lumières) avec l’intelligence du cœur. Et en gardant l’esprit ouvert, sans doctrine ni a priori. Un cas rare en ce siècle.
Le héros d’Une belle matinée est Lazare, le fils de Nathanaël, un enfant doué pour le théâtre, qui finira par être emmené par une troupe de comédiens shakespeariens, pour son plus grand bonheur. Comme son père, il est sans prétention, fait ce qu’on lui demande et ne se pose pas trop de questions. Comme lui aussi, il voyagera et se contentera de ce que la vie lui apportera.
Mais il recevra toute la clarté à laquelle son père – qu’il n’aura pas connu – ne tenait pas : celle du passage de l’ombre de la mort à la lumière, puisqu’il porte le nom d’un ressuscité, celle des feux de la rampe, la flamme d’une passion pleinement vécue. Et celle, radieuse, d’une belle matinée. Avec le joli double sens de la matinée théâtrale ?
Cette fois on sent tout l’amour que Marguerite Yourcenar porte au théâtre, qui permet de vivre cent vies en une, à la fougue de la jeunesse, à l’engagement des acteurs dans un vibrant hommage sans réserve.
Deux êtres qui n’ont pas été soutenus par leurs familles (d’ailleurs inexistante pour le plus jeune), ce qui leur a finalement conféré une grande indépendance de pensée et de destinée. Deux trajectoires originales.
Une écriture superbe et des textes qui ne peuvent laisser insensible…
J'ai longuement hésité avant de me lancer dans cette lecture. Je n'étais pas très sûre d'être suffisamment à la hauteur pour apprécier ce texte, ni pouvoir en évaluer la profondeur. Je suis très heureuse de l'avoir lu, pourtant je ne me sens pas légitime de pouvoir en parler et en écrire une critique profonde sur la signification de ce texte. Je ne suis pas sûre d'en avoir bien compris le poids et la profondeur. Mais je sais que j'ai beaucoup aimé et que ce texte m'a beaucoup touché. Je l'ai trouvé d'une telle beauté dans la plume, dans la forme, dans les mots. Poésie et dure réalité se mélangent. Un texte toujours d'actualité sur le fond et les divers sujets abordés : la place des femmes, la réussite, le pouvoir, la mort, la maladie.
J'en suis ressortie conquise.
Que dire de ce livre, un classique connu et aimé de beaucoup ?
J’avoue qu’il m’a fait un peu peur. Peur de me confronter à cette œuvre et à cette autrice.
Pourtant, de prime abord, ce livre est simplement une autobiographie fictive de l’empereur romain Hadrien.
Arrivé à la fin de sa vie, il se confie par lettres au futur Marc Aurèle. Il lui raconte son enfance, son éducation, ses amours. Comment lui, le jeune membre d’une famille sénatoriale, se retrouva adopté par l’empereur Trajan et propulsé empereur.
Mais se contenter de cela reviendrait à ignorer toute la singularité de cette œuvre.
Marguerite Yourcenar tisse un récit dense, exigeant mais d’une incroyable beauté. Lorsqu’on lit ses pages, à aucun moment on ne douterait du fait que c’est l’empereur, lui-même, qui nous parle à travers les siècles.
Ce roman ne traite pas seulement du destin d’un homme, certes exceptionnel, mais il est aussi l’évocation des thèmes universels de l’humanité : la vie, l’amour, l’exercice du pouvoir, la philosophie ou la beauté.
Les pages évoquant le grand amour d’Hadrien, Antinoüs, sonnent avec une grande justesse pour évoquer ce souvenir d’un disparu, les réminiscences des moments de joies ainsi que des lâchetés de l’empereur.
S’il m’a fallu quelques pages d’acclimatation, je n’ai pu me détacher de ce récit à la musique si particulière, intemporelle. On ressent, grâce à ce roman, une meilleure connaissance de l’empereur Hadrien, pas tant du point de vue de ses réalisations que de son âme.
Un roman absolument magnifique, qui donne envie de le feuilleter, au gré des pages, pour se reimprégner de cette beauté et de cette sagesse.
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