Une thérapie sous forme de roman graphique.
Une amitié entre Lolita et une jeune vietnamienne.
Après s’être essayée au roman, Lolita Séchan, fille de Renaud, semble avoir trouvé sa voie dans la bande dessinée. Il lui a fallu cinq ans de travail et de recherche pour terminer son second album, après Marshmalone, et le résultat est enthousiasmant.
Les brumes de Sapa est autant une recherche de personnalité qu’une tentative de prise d’autonomie dans la vie adulte qu’une histoire profonde d’amitié avec Lo Thi Gom, fille d’une minorité Hhmong, au Vietnam.
Ce volumineux album qui n’est pas paginé nous emmène tout de suite au Vietnam, un voyage que Lolita Séchan réalise à 22 ans, toute seule, sans avoir informé ses parents de son départ. D’Ho-Chi-Minh-Ville (ancienne Saïgon) aux brumes de Sapa, en passant par Hué, la baie d’Ah Long et Hanoï, elle raconte avec humour ce qu’elle nomme « la fuite ».
Brutalement, elle nous plonge dans l’hiver canadien, « L’exil » où l’arrivée du printemps change tout. Avant de repartir au Vietnam pour retrouver Gom, elle apprend que son père va avoir un autre enfant.
C’est ensuite « L’errance » dans un pays où les Vietnamiens font payer aux minorités leurs trahisons, les privant d’école, de médecin et de papiers. Elle revient au Canada puis rentre à Paris avec son copain et va voir son père à la clinique.
« L’envol » est résolument optimiste car Gom devient une véritable amie, comme une petite sœur avec qui elle parle mariage, s’avouant toutes les peurs qu’elles ressentent. Lolita essaie de retrouver son amie chaque année.
Gom est une femme maintenant et cela décide Lolita pour lui offrir « L’échappée » en lui faisant prendre l’avion pour la première fois, afin d’aller à Saïgon. Elles échangent sur leur amoureux, sur leur père mais Lolita constate que, dans la vie, elle veut du vieux, du simple, de l’authentique alors que Gom ne désire que luxe, « mainstream » et rêve américain. Le fossé se creuse entre elles. C’est à ce moment que les oiseaux qu’elles libèrent rappellent la réalité de la vie.
Enfin, c’est « l’ancrage », le moment de la vie où il faut choisir afin d’essayer de se fixer et d’être heureuse.
Dans cette BD en noir et blanc, Lolita Séchan affirme un grand talent de dessinatrice avec un tracé fin, précis, expressif, sans négliger les textes qui sont très instructifs avec un choix de retranscrire la langue effectivement parlée ce qui permet au lecteur de se mettre à la place de celle qui écoute et ne comprend pas, le lot de beaucoup de voyageurs dans les pays lointains.
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
1er roman graphique très abouti et très personnel de Lolita Séchan. La rencontre de cette jeune vietnamienne au fil des ses nombreux voyages a été déterminante pour elle et l'a aidé à se construire et à se démarquer de son célèbre père (le chanteur Renaud). Le dessin est bien documenté et comporte suffisamment de détails sans alourdir. Lecture a recommandé aux ado/adultes qui aiment les voyages et les parcours initiatiques.
« En 2011, elle [Lolita Séchan] se lance dans l’écriture d’une histoire d’amitié qu’elle porte en elle depuis dix ans. Ce travail à tâtons, le temps d’apprendre le métier de dessinatrice de bande dessinée, lui prendra cinq ans. Cinq ans pour une thérapie sous forme de roman graphique. Le règne de la lenteur dans une époque pressée. »
On est donc en plein dans l’œuvre autobiographique. Lolita Séchan, en plein questionnement sur son avenir, nous embarque dans sa valise pour le Vietnam, oui elle a décidé que ça serait un bon endroit pour découvrir qui elle est.
On la découvre donc dans un premier temps touriste : s’initiant à la langue, se faisant arnaquer, visitant les attractions touristiques, se frottant malgré elle aux locaux, à la nourriture…Et pour avoir comparé avec des amis et mes parents qui y sont allés cela correspond de manière très fidèle à la réalité !
Elle nous fait ensuite un petit topo sur l’Histoire du pays (qui n’est pas du luxe) et ses ethnies minoritaires.
Elle se rend ensuite dans la fameuse ville du titre : Sapa, pour y rencontrer ce qu’il reste de l’ethnie des Hmongs, c’est la première fois qu’elle rencontre Lo Thi Gom, une jeune Hmong qui voit les choses un peu différemment que sa génération et veut en savoir plus sur le monde en général.
De cette rencontre naîtra une amitié très forte qui la fera revenir plusieurs fois au Vietnam pour la revoir. Lolita se sent concernée par l’avenir de cette petite fille et souhaite l’aider du mieux qu’elle peut à y voir clair. Elles sortent toutes les deux grandies de leurs échanges même s’ils en découlent parfois des situations assez cocasses et étranges qui m’ont fait sourire.
Au cours de ces visites on voit petit à petit Lo Thi Gom grandir, abandonner ses rêves, et succomber aux charmes de la mondialisation qui est parvenue à atteindre Sapa et à perturber tous les rites ancestraux qu’avaient réussi à maintenir cette ethnie. En effet le Vietnam semble avoir subi une transformation très importante et très rapide entre le premier et le dernier voyage de Lolita.
Autant j’ai trouvé magnifique cette amitié, autant je me suis sentie très triste de ce changement de mentalité même si on ne peut empêcher l’accès au « progrès » à certaines personnes sous prétexte qu’ils ont des traditions et qu’ils doivent les garder.
En tout cas je vous le recommande chaudement, vous serez forcément dépaysé(e) et enchanté(e) par ce voyage
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