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J'avais lu "Les animaux dénaturés" de Vercors en Terminale, sur les conseils de ma prof de philo quand elle traitait le chapitre "nature et culture". Cette réflexion sur ce qui fait qu'on est humain ou pas m'avait beaucoup intéressée et je m'en souviens aujourd'hui encore.
Partis à la recherche du chaînon manquant, qui serait une espèce intermédiaire entre l'humain et le singe, une équipe d'archéologues et anthropologues découvrent en Nouvelle Guinée une nouvelle espèce bien vivante, les "Tropis" (ici les Manus). Lorsqu'un homme d'affaires sans scrupule veut les réduire en esclavage pour en faire une main d’œuvre gratuite ou à bon marché, quantité d'interrogations se posent : les Manus sont-ils des hommes ou des animaux ? peut-on les réduire à l'esclavage ? mais alors, qu'est-ce qui fait qu'on est un humain et non un animal ? quel est le propre de l'homme ?
Le journaliste Doug Templemore, avec le soutien de Frances, sa jeune épouse, se lance dans un pari qui n'est pas sans risque : prouver au péril de sa vie l'humanité des Manus. Accusé du meurtre d'un nouveau-né Manus né par insémination, est-il coupable d'avoir tué un être humain ou un animal ?
S'ensuit alors un procès où les experts défilent à la barre, anthropologue, archéologue, tenants de différentes écoles concernant l'évolution... jusqu'au verdict final.
A noter que l'illustratrice Hélène Bruller est la petite-fille de Vercors, elle redonne une nouvelle jeunesse à l’œuvre de son grand-père, et je pense que le format BD pourra donner envie d'aller vers le livre.
Le 30 janvier 2003, la Belgique a adopté une loi autorisant le mariage gay (et non pas le mariage "pour tous", appellation bien hypocrite). Dix ans, c'est beaucoup pour un fait de mœurs. Donc, en tant que belge, j'ai entamé la lecture de cet album avec décontraction et surtout avec une certaine distanciation face à cette polémique passionnée, très franco-française. En fait, quitte à écrire une lapalissade, un mariage est un mariage. La famille, les amis, les témoins, les doutes, les époux sont les mêmes qu'ailleurs ; même si la forme semble différente, le fond reste le même. Ce qui est frappant, tout au long du récit, c'est qu'à plusieurs reprises, certains protagonistes confondent sexualité et amour. Ou plutôt parce qu'il y a sexualité (qualifiée de dégoûtante), alors il n'y aurait pas d'amour ... Ce qui est un non sens, évidemment !
Et les préjugés, les idées préconçues, les a priori seraient plutôt générationnels, culturels et/ou religieux, alors que le débat serait, me semble-t-il, presque exclusivement politique, c'est-à-dire lié au pouvoir. Je dirais même au pouvoir patriarcal.
Bref, le sujet était "casse-gueule" car, en surfant sur la vague de l'actualité, il se devait d'éviter un certain nombre d'écueils (complaisance, stigmatisation, mauvaise foi, par exemple). En cela, le challenge me semble presque réussi.
L'idée d'alterner deux graphismes différents (donc deux dessinateurs) pour rythmer la structure du récit me semble tenir la route sur la longueur. Sauf que je suis plus sensible à la patte de Thomas Gadène qu'à celle de Joseph Falzon.
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