Les extraits ont été lus en public par les comédiens François Marthouret et Marie-Christine Barrault
Comme vous allez pouvoir le constater ci-dessous, le jury du Prix Orange du Livre 2019 rassemble des passionnés, qu’ils soient auteurs, libraires ou lecteurs issus de la communauté de ce site. Le 10 mai, tous les membres se sont réunis sous la présidence de...
Les extraits ont été lus en public par les comédiens François Marthouret et Marie-Christine Barrault
Les 5 finalistes ont été sélectionnés, mais qui sera le lauréat de cette 11e édition ?
C’est maintenant à vous de voter pour soutenir votre livre préféré…
Il y a du Godot dans cette pièce avec un fils, âgé, qui est revenu chez ses (vieux) parents. Il n’y a pas de communication entre ces deux vieux et leur fils dont la chambre est au bout du couloir. Et pourtant la vieille et le vieux s’incitent à aller lui parler, le faire parler … ; la communication est à la peine.
Mais la vieillesse et la mort sont bien là ; et c’est de cela dont parle JCG, avec ce couloir qui pourrait être celui du condamné, le « couloir de la mort » … et d’ailleurs … mais ne divulgachons pas car contrairement à certaines pièces du théâtre de l’absurde, il y a bien une fin !
C'est le récit d'un homme qui a vécu près de 60 ans auprès de sa femme et qui lui écrit pour ne pas la laisser partir définitivement.
Il y a les souvenirs épars, parfois lumineux parfois plus sombres.
Le deuil d'un bébé, la mémoire de ceux exterminés dans les camps de concentration et qui marquent à jamais les survivants.
Et puis, il y a le corps de Jacqueline, surtout ses seins, dont l'auteur parle encore avec émerveillement.
L'écriture est belle, intimiste et jamais larmoyante.
Que c'est émouvant.
Je vais m'efforcer de penser que Jacqueline, de là-haut, a pu entendre ce beau texte et être réchauffée par tant d'amour.
La percussion de « La plus précieuse des marchandises » avait créé une attente sur ce nouveau texte de Grumberg. Aussi, en première lecture de ce conte un sentiment de malaise a dominé avec certaines confusions (tant dans le récit … avec une certaine logique liée aux pertes de mémoires de l’auteur … que dans ma lecture), me bloquant dans la formalisation de ma fiche de lecture.
4 mois plus tard en reprenant mes coches du livre, le texte s’est éclairé : Grumberg avait besoin de dire plus brutalement ce qu’il avait tendance à « habiller » dans ses écrits :
Il (Baruch) demande à elle Zina de parler en yiddish et lui propose d’échanger : « … Parlez moi de vous, vous venez d’où ?
- De Pitchik
- Non ? De Pitchik ! Moi je viens de Pitchouk !
Et alors ce fut comme s’ils s’étaient tombés dans les bras, comme s’ils se retrouvaient après une longue absence, une longue séparation, comme s’ils étaient de retour tous les deux là-bas. Il faut dire que Pitchik n’est pas loin de Pitchouk et que Pitchouk est très près de Pitchik. Enfin ça dépend. Si vous partez de Pitchik pour aller à Pitchouk c’est plus long, ça monte, enfin … Il y avait eu un pogrom à Pitchik et il y avait eu un pogrom aussi à Pitchouk. Ils parlèrent des pogroms … des corps abandonnés sur les trottoirs, des vitrines éclatées, des magasins pillés, des maisons brûlées, des synagogues et des cimetières profanés et ils se rappelèrent, et ils se rappelèrent, et ils se rappelèrent … » p 69-70
Et puis avec le père Noel il y a les souliers … ceux qui renvoient à ces amas de souliers sur les photos parues juste après-guerre dans un journal Yiddish.
Et puis ces listes de noms, cette « foule de noms difficile à lire » … « Ces noms gravés dans la pierre dure et froide sont, parmi des millions d’autres, les témoins de la barbarie des temps, de ce temps des cheminées qui les crachèrent dans les cieux à deux pas de Pitchik et Pitchouk.
Ce sont tous ces noms gravés sur tant de pierres et de murs qui nous empêchent, madame Rosenberg et moi, de croire tout à fait au père Noël et à la cohérence » p 88
…
Mais il y a quand même les livres, l’écrit, les histoires, pour les enfants et les plus âgés.
Finalement, ce conte pourrait s’apparenter à un livre testament sur l’importance du souvenir … avec d’ailleurs, et quand même, un habillage littéraire, même si il est un peu foutraque … comme la vie ?
J’avais adoré « La plus précieuse des marchandises ». Jean-Claude Grumberg revient avec un nouveau « conte pour vieux enfants ». Je n’ai pas hésité une seconde avant de l’acheter à la librairie.
J’ai trouvé ce conte nettement moins bon que le précédent. Il peut surtout perdre son lecteur car le récit n’est pas toujours cohérent, compréhensible. Il est fait de métaphores. Tel le personnage principal, atteinte d’une maladie de type Alzheimer, l’histoire fait des bonds dans tous les sens. C’est parfois confus. Bref, il faut accepter de se perdre pour retrouver le fil un peu plus loin.
L’auteur y parle d’amour, de mémoire, de pogrom, de déportation et de camps de concentration, de Juifs, du deuil, de la solitude, de la vieillesse.
L’histoire commence avec une vieille femme qui se retrouve coincée dans sa cheminée et bloque le Père Noël venu apporter un cadeau. Elle égrène de tendres souvenirs de son défunt mari, Isidore, surnommé Isy.
Puis une jeune fille interpelle l’auteur et lui dit que son roman n’est pas cohérent, sorte de roman dans le roman. Le ton est espiègle mais la conclusion est cinglante : « Ce sont tous ces noms gravés sur tant de pierres et de murs qui nous empêchèrent, madame Rosenberg et moi, de croire tout à fait au père Noël et à la cohérence. »
Un livre très vite lu et qui ne restera pas gravé dans ma mémoire comme « La plus précieuse des marchandises ». Ce qui n’empêche pas de penser à tous ces noms gravés et de ne pas les oublier, c’est là le message essentiel de l’auteur.
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