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Hector Abad

Hector Abad
Héctor Abad est né à Medellín en 1958. Son oeuvre romanesque, couronnée de nombreux prix littéraires et traduite dans plusieurs langues, est considérée comme l'une des plus importantes de la littérature colombienne contemporaine.

Avis sur cet auteur (2)

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    Couverture du livre « L'oubli que nous serons » de Hector Abad aux éditions Folio

    Fanfan Do sur L'oubli que nous serons de Hector Abad

    Seul garçon au milieu de cinq sœurs plus une tante, une grand-mère, une mère, des bonnes et une bonne sœur, l'auteur n'a eu que son père vénéré comme présence masculine dès son entrée dans la vie et on se dit que ça l'a construit et influé sur sa personnalité ouverte, généreuse et intelligente,...
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    Seul garçon au milieu de cinq sœurs plus une tante, une grand-mère, une mère, des bonnes et une bonne sœur, l'auteur n'a eu que son père vénéré comme présence masculine dès son entrée dans la vie et on se dit que ça l'a construit et influé sur sa personnalité ouverte, généreuse et intelligente, d'autant que son père était un idéaliste, humaniste, altruiste donc, et bien sûr bon et bienveillant.

    Tout en nous racontant son père, médecin, homme engagé contre la misère et l'injustice, Héctor Abad dit beaucoup sur la nature humaine dans son ensemble. Il dresse un panorama de la Colombie des années 60 à 80 et la violence extrême qui y régnait et en fit un temps le pays le plus violent du monde avec entre autre ses escadrons de la mort, ainsi qu'un portrait de sa famille qui est tout sauf ordinaire. C'est foisonnant de personnages tous plus étonnants les uns que les autres. Un père "libéral idéologique, mais conservateur dans la vieille conception patriarcal du mariage", une mère féministe avant la lettre, une famille maternelle très religieuse dans laquelle on trouve deux curés rebelles et un autre extrêmement réactionnaire, sans oublier un archevêque et toutes sortes d'autres représentants de L'Église, et le côté paternel assez peu conventionnel.

    J'ai adoré la vision narquoise de la bigoterie ambiante de cette époque dans cet endroit du monde que nous offre l'auteur - la réflexion contre l'aveuglement, l'ouverture d'esprit contre l'intolérance - tout cela observé avec humour.

    L'auteur fait presque la description d'un père parfait. Presque !.. Heureusement l'homme a quelques défauts…

    Ce livre est tout simplement passionnant, instructif et plein d'amour. Malgré quelques longueurs à mon goût, il offre de grands moments d'émotions et une édifiante page d'histoire de la Colombie.

    Ce récit est un cri d'amour et un magnifique hommage rendu à un père adoré, mort assassiné parce qu'il était un homme bon et engagé contre l'injustice et la corruption.

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    Couverture du livre « La secrète » de Hector Abad aux éditions Gallimard

    Les Lectures de Cannetille sur La secrète de Hector Abad

    En pleine jungle, au coeur des montagnes de la province d’Antioquia au nord-ouest de la Colombie, la Secrète est la demeure des Angel depuis un siècle et demi et l’arrivée des premiers colons dans la région. Anita, ultime pierre angulaire de la famille, vient de mourir, laissant la demeure et...
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    En pleine jungle, au coeur des montagnes de la province d’Antioquia au nord-ouest de la Colombie, la Secrète est la demeure des Angel depuis un siècle et demi et l’arrivée des premiers colons dans la région. Anita, ultime pierre angulaire de la famille, vient de mourir, laissant la demeure et ses plantations de tecks et de caféiers à ses trois enfants. L’aînée Pilar, gardienne des lieux et des traditions familiales, s’est toujours consacrée à la sauvegarde de la propriété et a promis sur le lit de mort de son père de ne jamais vendre le domaine. Antonio, violoniste exilé à New York pour y vivre son homosexualité au grand jour, revient régulièrement passer ses vacances à la Secrète à laquelle il est viscéralement lié. Eva, femme émancipée attachée à son indépendance, a pris la maison en grippe depuis qu’elle y a échappé de justesse aux représailles de racketteurs. Quel sort la fratrie va-t-elle décider pour la Secrète ?

    Alternant constamment les voix de chacun des frère et sœurs et leurs récits des liens indéfectibles qu’ils ont noués avec la maison de leur enfance, le roman retrace peu à peu l’histoire de cette famille et, à travers elle, celle du pays tout entier. Terre de pionniers conquise de haute lutte sur la forêt et la montagne, réceptacle de l’attachement viscéral de générations qui se sont éreintées à la domestiquer, la Secrète a traversé avec les Angel tous les soubresauts du pays. Guerres civiles et coups d’état, affrontements entre libéraux et conservateurs, vagues successives d’« envahisseurs » : guérilleros marxistes, paramilitaires, narco-trafiquants et, en dernier lieu, compagnies minières et promoteurs immobiliers … Jusqu’ici, la famille a su plier et rebondir, parfois en payant le prix fort, et rien n’a pu la déraciner de ce lieu défendu bec et ongles contre les agressions, autant humaines que naturelles et climatiques. Pourtant, après tant de péripéties et de dangers traversés, l’éclatement de la dernière génération ainsi que l’envie d’une vie libre et confortable pourraient bien, assez ironiquement, mettre un terme à l‘épopée de la Secrète, rattrapée, comme tant d’autres grandes demeures devenues trop lourdes pour leurs propriétaires, par les contraintes économiques et par l’urbanisation.

    Si j’ai apprécié le versant historique du roman et la connotation nostalgique d’un récit que le passage du temps, le poids du destin et la cruauté du hasard imprègnent d’une saveur douce-amère, j’ai trouvé lassante la lenteur d’un texte qui semble souvent tourner autour de son sujet. Même si sa lecture nécessite quelque effort, ce livre aux accents sans doute autobiographiques reste indéniablement une œuvre intéressante sur l’ambivalence humaine entre attachement aux racines et envie d’émancipation, besoin d’ancrage et rêve de liberté. Une chose est sûre : l’exilé ne retrouvera jamais intact ce qu’il a laissé…