Ne cherchez pas de héros dans cette histoire, il n’y en a pas. Observez plutôt ce petit groupe d’individus anonymes, minuscules et silencieux traverser un décor qui les dépasse, qui les ignore. Ce sont les derniers survivants du peuple d’Ur. Ils ont fui leur royaume assailli par l’ennemi, emportant avec eux leur plus précieux trésor : quelques braises de “la flamme antique qui guidait la cité depuis la nuit des temps.”
Protégés par ce feu sacré, ils parcourent des paysages endormis et des lieux oubliés, à la recherche d’une nouvelle terre. Leurs pas les mènent vers le peuple de Tharsis, cité des vasques et des puits, puis vers les esprits de Lémuria, devenus souffles aériens. Ces rencontres étranges et initiatiques viennent gonfler d’espoir la clarté vacillante de leur cortège. “Voyageant avec eux, l’eau des profondeurs apaisait leurs songes et l’air des cimes soufflait ses secrets.”
Dans ce livre d’une grande puissance spirituelle, pas de marge, pas de bord, pas de cadre. Des détails infimes qu’on distingue dans la brume lumineuse, des paysages sombres et grandioses, un texte qui se fait discret, comme écrit tout bas. À la lueur d’une bougie.
Etienne Chaize nous conte ici l’histoire d’un groupe luttant pour sa survie dans des paysages immenses et fascinants. C’est une lumière, cette fois, qui guide le cortège, celle du feu sacré d’Ur.
En effet, la première scène est l’attaque de la Cité d’Ur, l’ennemi envahit la ville qui est mise à sac et décimée. Nous suivons un petit groupe d’hommes, de femmes et d’enfants qui s’enfuit, emportant quelques braises du feu sacré qui guidait la cité depuis la nuit des temps. Ils nourrissent l’espoir fou de rejoindre la mythique Agartha où peut-être pourrait renaître le feu sacré d’Ur. Mais beaucoup de questions restent sans réponse : combien d’années durera ce voyage ? Les haruspices de Tharsis les laisseront-ils passer ? Y-a-t-il encore des spirites en Lémuria ? La mythique Agartha existe-t-elle encore ? Qu’importe tout cela, il faut avant tout protéger la flamme vacillante d’Ur et, sans jamais perdre espoir, avancer, traversant tempêtes, plaines désertiques, landes pelées, grottes sinistres cols enneigés et marais saumâtres.
Très peu de texte pour cet album. La place est laissée aux somptueuses images aux décors hypnotiques et vertigineux au sein desquels les minuscules personnages en quête d’un monde meilleur semblent perdus, écrasés par le destin et la nature sauvage. Le travail sur la lumière est véritablement exceptionnel. Enfin, le format XXL de cet album valorise l’ambiance funèbre et surnaturelle de ces véritables fresques aux multiples détails qui font qu’Ether se contemple tout autant qu’il se lit.
C’est pour notre plus grand plaisir que cette épopée onirique et fantastique a nécessité de son auteur trois années de travail.
« Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024. Je remercie Lecteurs.com ainsi que les Editions 2024 pour cet envoi. »
(Lu dans le cadre du Prix Orange de la BD 2024)
Ether est un livre impressionnant déjà dans son format : 28,6 x 38 cm, un format immense et un très beau travail des éditions 2024 pour proposer un bel écrin aux illustrations d'Etienne Chaize. Sur une trame assez classique rappelant les textes mythologiques ou religieux, avec de nombreuses références à des lieux réels ou mythiques, l'auteur nous conte l'exode d'un peuple et son périple pour préserver ses croyances et ses reliques. Le texte est réduit au strict minimum en bas de page, pour laisser toute la place aux illustrations, la plupart en pleine page voire double page, représentant les immenses paysages traversés par ces personnages paraissant bien minuscules face au monde. C'est très impressionant visuellement, les paysages sont magnifiques et il y a un travail remarquable sur la lumière. Ca a été pour moi une vraie claque visuelle, et c'est le genre d'ouvrage dont l'intérêt réside aussi dans l'objet : la lecture en numérique ne me semble pas avoir d'intérêt, et même si l'album est cher pour un livre court, cela me semble justifié.
Un ouvrage pour le moins singulier avec des partis pris majeurs :
• Tant au niveau graphique avec des planches dessinées pleine page (on n’est pas dans une « bande dessinée » ; éventuellement on peut s’imaginer dans un rouleau ancien) ; des colorations qui tendent parfois vers une surexposition de lumière (mais de cette lumière qui peut guider) ; …
• Qu’au niveau narratif : pas de héros mais une communauté en exode, et, a contrario, des lieux essentiels de ces cités des temps anciens aux architectures pouvant être majestueuses aux pouvoirs mythiques ; … avec une thématique minimaliste : illustration de l’exode vers une cité protectrice après la chute de la cité d’Ur.
En fait l’histoire est un peu plus détaillée avec ces quelques défenseurs qui parviennent à s’échapper en emportant « les dernières braises du feu sacré » pour se réfugier dans la « ville légendaire d’Agartha » ; leur cheminement les conduira à la cité de Tharsis aux eaux qui avaient des pouvoirs divinatoires, puis à Lémuria où avaient vécu des hommes spirites. Les temps passant, ce sont majoritairement les enfants des premiers migrants qui trouvèrent enfin la cité et pourront franchir les murailles grâce à une clef spéciale (qu’on laissera découvrir) et ainsi trouver un havre de paix.
J’ai probablement chargé ma lecture des planches proposées de quelques références des temps anciens (Ur en Mésopotamie au sud de l’actuel Irak … et à l’imaginaire autour de Gilgamesh et d’Uruk, …) ; et du coup j’ai trouvé du sens et de l’intérêt à cet ouvrage qui mérite certainement de privilégier le support papier pour favoriser cette méditation déambulatoire que nous propose Etienne Chaize.
Titre en lice pour le Prix Orange de la BD 2024. Remerciements aux éditions 2024 et à Lecteurs.com pour la communication de cet ouvrage.
Ether
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Etienne chaize - badge 42
Quasar contre pulsar
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