Le jury de la 16e édition, présidé par Jean-Christophe Rufin, a délibéré
Un véritable hommage à l'amitié et à la différence.
Leila croupit au fond d'une benne, assassinée et, pendant 10 minutes et 38 secondes, se remémore sa vie.
Il est questions de secrets de familles, de blessures d'enfance, de préjugés, du poids des traditions mais aussi de bienveillance et de solidarité.
Elif Shafak nous conte Istanbul avec ses couleurs, ses odeurs, son vacarme, ses bas-fond, sa culture et son énergie.
En toile de fond sont abordés la corruption, l'autoritarisme d'Etat, le patriarcat, le condition de la femme et le manque de liberté.
La plume est élégante et poétique.
Un roman délicat et émouvant.
Il s’agit d’un livre original et un peu déroutant de prime abord car l’histoire nous est racontée dès le départ par un arbre, un figuier, qui nous explique venir d’une île lointaine et magnifique : Chypre. Il nous raconte les stigmates de la guerre, la ligne de démarcation qui coupe l’île entre le Nord et le Sud et divise même la capitale Nicosie.
En parallèle, nous suivons l’histoire d’une adolescente, Ada, qui vit seule avec son père depuis que sa mère est décédée. Le roman commence alors qu’Ada se trouve en classe et est sollicitée par son professeur. Elle se lève pour prendre la parole mais au lieu de répondre à la question posée ; c’est un cri venant du plus profond d’elle et qui dure plusieurs minutes qui va sortir de sa bouche. Cri incontrôlé et dont elle ne peut s’expliquer ni la provenance ni le sens.
Grâce au récit du figuier nous revivons la rencontre entre les parents d’Ada un grec et une Turque et leur amour naissant dans un pays déchiré par la guerre. S’ensuivront leur séparation et leurs retrouvailles des années plus tard. On comprendra au fil des pages quel lien très fort unit ce figuier et cette famille et la raison pour laquelle Ada a ressenti une telle rage et une telle tristesse exorcisée par ce cri.
Ce livre est très émouvant, très bien écrit, il revient sur le poids de la guerre, de l’exil et des traumatismes vécus par les générations précédentes. Traumatismes que les nouvelles générations portent en eux même si leurs aînés choisissent de leur taire les horreurs du passé dans le but de les protéger.
C’est aussi un beau parallèle entre les atrocités de la guerre, les hommes qui se déchirent et la force de la nature qui s’entraide et œuvre dans un but commun, la survie.
La République de Chypre, et sa capitale Nicosie – seule capitale divisée du monde – et qui possède une "Ligne verte", une démarcation entre les Grecs des turcs, des Chrétiens des musulmans. Et libérée du joug anglais en 1960 pour enfin acquérir son indépendance.
Angleterre fin des années 2010, une jeune fille Ada Kazantzakis, vit seule avec son père à Londres. Elle ne parle ni le turc de sa mère ni le grec de son père. D'ailleurs, très souvent elle regarde sans bien comprendre la douleur de son père au fond du jardin qui parle à une bouture d'un arbre, un figuier, rapporté de Chypre. Et se demande, comment est-il possible d'hériter d'une chose aussi intangible et incommensurable que le chagrin ?
Un retour en arrière s'impose, pendant la période de 1974 ; la Grèce puis la Turquie lancent leur armée à la conquête de l'île. Avec bien sûr une conséquence sur les civils des deux bords, entre massacres et la migration forcée des Turcs vers le nord et des Grecs vers le sud. Un contexte peu propice pour les histoires d'amour ! Et pourtant une étincelle jaillira entre Kostas et Defne ; lequel partira un jour pour l'Angleterre.
Au-delà et en parallèle du récit, le personnage d'un arbre, en l'occurrence un figuier moralisateur et spectateur des drames humains, et de leur soif inextinguible de la cruauté. Qui apporte par ses remarques pertinentes des leçons, que l'être humain se contraint d'ignorer – comme toujours –, pour continuer son avancée dans son autodestruction ! Ce figuier d'une importance capital pour les protagonistes, les guide par les prières qui lui sont faites, vers la sécurité de l'esprit d'un être aimé et ainsi d'éviter sa perdition dans les noirs confins de l'univers. Il perçoit intrinsèquement lui, le choix de ne pas céder à tout prix à la colère, la haine et son corollaire la souffrance.
Un roman pétri de bienveillance et d'humanité, qui peine à trouver un écho dans nos sociétés. " Elif Shafak " avec une plume pleine de délicatesse dépeint avec clarté le côté obscur de l'homme. Des sujets abordés avec une extrême sensibilité, tels que : la religion, les nationalismes, le féminisme. Après "Soufi mon amour ", j'ai abordé avec plaisir la lecture sans concession de ce récit des âmes déracinées, de l'abnégation des femmes à l'encontre des hommes pour leur esprits totalitaires et, des sociétés pour qui la géopolitique représente un enjeu majeur mais qui écrasent sans pitié les nations.
Pour faire suite à la splendide couverture du livre de l'auteure, le " figuier " s'arroge le droit de dénoncer qu'il n'existe pas – où ne devrait pas exister – de hiérarchie entre la souffrance humaine et la souffrance animale, ni de préséance des droits humains sur le droit des animaux, ni de droit des hommes sur les plantes, à cet égard. "; Je vais conclure, par cet aphorisme lu : " ... partout où il y a la guerre et une partition douloureuse, il n'y aura jamais de vainqueurs, ni humains, ni autres. "
Ce livre me faisait envie depuis longtemps...
Mais bon, finalement pas un coup de cœur pour moi...
Une Américaine au tournant de sa vie devient lectrice pour une maison d'édition. Elle se plonge (et nous avec) dans un roman relatant la relation passionnée entre le poète Rûmi et un derviche, au XIIIeme siècle.
Les chapîtres alternent entre cette histoire et la rencontre que fait cette femme, et qui va transformer sa vie.
Ce livre permet de découvrir le soufisme, cette période et cette culture. Mais il est surtout pétri de grandes et belles pensées, de sentiments élevés et mystiques... trop pour moi....
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