Dominique Gilbert

Flore Langen sur Joey's de Dominique Gilbert

C'est un petit livre d'allure modeste, petit format, titre peu accrocheur, éditeur inconnu, qui ne se signale pas à notre attention. Les premières pages décrivent la promenade du soir dans Paris d'un homme et de son chien...Un je ne sais quoi dans l'écriture, faite de détails forts, d'humour...
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C'est un petit livre d'allure modeste, petit format, titre peu accrocheur, éditeur inconnu, qui ne se signale pas à notre attention. Les premières pages décrivent la promenade du soir dans Paris d'un homme et de son chien...Un je ne sais quoi dans l'écriture, faite de détails forts, d'humour doux-amer, de sensations m'a fait poursuivre cette histoire qui, au début, n'a l'air de rien.

Le narrateur -et héros- travaille à la Poste le jour, et le soir écrit des polars. Il nous fait entrer dans les petits riens de sa vie ordinaire, et peu à peu, par petites incursions, dans l'univers de sa création littéraire... Nous sommes entraînés sur une ligne de crête oscillant entre le réel de sa vie de tous les jours, que l'auteur nous fait ressentir de façon très sensorielle, et des plongées impromptues dans le registre de l'imaginaire. Les évènements que traverse le héros-narrateur rencontrent son regard d'écrivain et poursuivent une autre vie dans son mental, parfois sous sa plume vers le livre qu'il est en train d'écrire. Nous assistons à la transformation des sensations vécues en travail d'écriture. Et par petites touches soudaines, une tension s'installe, un suspens qui nous attache à ce livre. Cela monte jusqu'au coup de théâtre - à découvrir - où tout bascule : le réel, l'imaginaire, la création littéraire, tout se mélange et le lecteur perd ses repères.

Le narrateur/héros devient le personnage de sa fiction...La frontière est franchie ! Le héros rejoint les personnages de polars qui habitent l'esprit de l'écrivain, dans un parcours jalonné de visites au beau-frère armurier, de vol vers New York, d'un bar au néon mauve, d'une suite dans un palace, jusqu'au final surprenant, où tout est étroitement ligoté ensemble, la réalité simple, l'imaginaire qui la transfigure, le créateur et son œuvre. Il y a un ton très personnel dans cette écriture dense, faite à la fois de poésie simple et d'humaine dérision, qui rend cette lecture attachante.